Crucifix Viking en or, photo: Viking Museum Ladby

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Danemark: un crucifix viking retrouvé

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Une nouvelle page de l’histoire du christianisme?

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Un crucifix viking a été retrouvé au Danemark, rapporte Radio Vatican en italien, le 28 mars 2016 : une découverte qui pourrait faire réécrire une page de l’histoire du christianisme, fait observer le président de l’Académie pontificale des arts et lettres, Rodolfo Papa, également au micro de Radio Vatican
Le danois Dennis Fabricius Holm était sorti se promener avec son détecteur de métaux. Sa passion : chercher les trésors. Il était en train d’explorer un champ aux abords de la ville d’Aunslev (Østfyn, Danemark) quand tout à coup son appareil se mit à sonner. L’objet repéré et déterré est un petit crucifix que l’explorateur a photographié puis posté sur Facebook, attirant l’intérêt d’autres passionnés qui lui ont conseillé de s’adresser à un musée. Selon les experts, Fabricius a fait une découverte extraordinaire : cette croix daterait de la première moitié du Xe siècle, et pourrait prouver que le christianisme était présent au Danemark bien avant qu’on ne le suppose jusqu’à maintenant, fait observer Radio Vatican.
Pour Rodolfo Papa, « l’intérêt dans cette découverte c’est que cette petite breloque – d’environ 4 cm – appartenant probablement à une femme, nous ouvre à l’hypothèse de contacts avec les populations environnantes » : « Nous savons que les Vikings bougeaient énormément par bateaux, naviguant sur leurs eaux mais partant aussi à la conquête progressive des côtes européennes, jusqu’à finir en Méditerranée, environ un siècle plus tard. Il n’est donc pas improbable qu’au cours d’expéditions menées en Angleterre ou en Irlande, voire dans des territoires plus proches, quelqu’un ait réussi à entrer en contact de manière plus profonde. Car, il est vrai que les contacts étaient généralement fugaces : ils arrivaient, prenaient tout ce qu’il y avait à rafler et s’en allaient… Mais, il est possible aussi que quelqu’un soit reparti en emportant avec lui quelque chose ou quelque jeune chrétien fait prisonnier, quelque religieux… bon, ne laissons pas courir notre imagination… Mais, il est clair qu’il a pu se passer beaucoup de choses. »
Il décrit cette petite croix : « Le style de cette croix est bien précis : il renvoie à la culture celtique, donc à l’utilisation de signes archaïques qui ne gardent pas de signes issus du christianisme mûr, européen. Il est donc évident qu’on a là une élaboration, une réélaboration aussi d’un point de vue anthropologique et culturel, très intéressante : c’est, je crois, l’aspect le plus intéressant. Par exemple, en regardant les photos publiées au début sur Facebook et qui ont ensuite envahi la Toile, j’ai déjà l’impression d’une élaboration, d’un début d’inculturation. Cela signifie que si ce petit crucifix date effectivement du Xe siècle, donc 50, 65 ans avant les Jelling Stones, il est clair qu’une interprétation du christianisme à l’intérieur de la culture viking est possible. Cela pourrait signifier aussi qu’il n’est pas arrivé au Xe siècle mais était déjà le fruit mûr de quelque chose d’autre. Nous pourrions donc déplacer de 50 ans en arrière, voire 100 ans les contacts pour une approche de christianisation. Et cela pourrait être extrêmement intéressant, car les signes que l’on voit sur ce petit bijou ont vraiment des liens avec une tradition celte, connue pour ses incisions très marquées. Il n’est donc pas question d’occidentalisation mais de christianisation, d’un début de christianisation culturelle, comme dans la culture viking, bien précise. »
Il évoque les critères d’authenticité : « La première règle avant toute chose est de comparer les objets avec d’autres objets. Dans le cas présent, nous n’en avons que deux ; la croix a déjà été comparée à une autre croix suédoise plus ou moins du même genre, on a donc analysé les similitudes et posé déjà une première date. Puis, il existe toute une série d’analyses que l’on peut faire, mais comme la découverte ne date que de quelques jours, j’imagine que l’on passera bientôt à l’utilisation du carbone 14, en divers endroits; mais surtout à l’utilisation d’un certain matériau d’orfèvrerie lié à la période en question et celle, en particulier, de ces éléments qui ici sont évidents, dans la mesure où nous avons affaire seulement à du filigrane, des petites boules, des bandes et des petits cercles composés d’une certaine manière. Il est évident que l’expert de ce type de bijoux sait plus ou moins reconstruire, qu’il sait situer la période historique de l’objet avec exactitude. En utilisant toujours et exclusivement le système des comparaisons de style. »

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Océane Le Gall

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