Le Saint-Siège plaide pour poursuivre les négociations de paix en Syrie pour « abréger cette tragédie ».
Mgr Richard Gyhra, chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente du Saint-Siège auprès des Nations Unies et des autres Organisations internationales à Genève, est en effet intervenu le 15 mars 2016, lors de la 31ème Session du Conseil des droits de l’homme, à Genève, sur l’« Article 4 » : « Dialogue interactif sur la Syrie ».
Mgr Gyhra invite à « ne pas abandonner leur effort pour abréger cette tragédie humaine, humanitaire et politique et, par dessus tout, à continuer de travailler en vue d’une solution pacifique et négociée qui prenne en compte les meilleurs intérêts de la Syrie et toutes les composantes de la nation syrienne ».
Il avertit que « toute politique qui ignore les véritables intérêts de la Syrie sera contre-productive, prolongera le conflit avec ses misères et aura de graves conséquences pour la région et pour le monde ».
Il ajoute que « dans le processus de réconciliation et de construction de la paix, l’inclusion de toutes les parties est nécessaire », avec une attention spéciale aux groupes « les plus faibles ».
Voici notre traduction complète de l’allocution de Mgr Gyhra.
A.B.
Intervention de Mgr Gyhra
Monsieur le Président,
Les récents développements en provenance de Syrie semblent renforcer le sentiment d’impuissance devant une tragédie humaine sans fin, causée par la prolongation du conflit et son cortège de réfugiés, de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international. Les crimes contre l’humanité sont fréquents et restent impunis ; les attaques intentionnelles contre la population civile sont quotidiennes. Les conclusions de la Commission internationale sont plus qu’alarmantes.
D’autre part, quelques lueurs d’espoir, en particulier les négociations qui ont commencé cette semaine, devraient pousser toutes les personnes de bonne volonté à ne pas abandonner leur effort pour abréger cette tragédie humaine, humanitaire et politique et, par dessus tout, à continuer de travailler en vue d’une solution pacifique et négociée qui prenne en compte les meilleurs intérêts de la Syrie et toutes les composantes de la nation syrienne.
Le Saint-Siège, comme l’a déclaré le pape François à la prière de l’angélus du dimanche, le 28 février dernier, souhaiterait apporter son soutien aux efforts régionaux et internationaux en cours pour consolider le cessez-le-feu récemment négocié et accepté par la majorité des parties impliquées dans le conflit. Les contributions régionales et internationales sont indispensables et il faut qu’elles soient entièrement consacrées aux intérêts du peuple syrien.
Toute approche tentant de défendre en premier lieu des intérêts régionaux ou internationaux, en utilisant les différentes parties du conflit sans considération pour l’avenir du pays et sans prendre en compte les souffrances humaines insupportables, sont contraires à l’éthique. Elles ne permettraient pas d’atteindre les conditions nécessaires pour la paix et la stabilité en Syrie et dans la région. Toute politique qui ignore les véritables intérêts de la Syrie sera contre-productive, prolongera le conflit avec ses misères et aura de graves conséquences pour la région et pour le monde.
Dans le processus de réconciliation et de construction de la paix, l’inclusion de toutes les parties est nécessaire. Toutes les parties impliquées dans le conflit ainsi que la communauté internationale ont un rôle à jouer. Elles sont appelées à regarder les intérêts à long terme de toute la région et, avant tout, les intérêts réels de la Syrie. Il est clair que la guerre et l’instabilité ne favorisent aucun des acteurs, mais ont un impact négatif sur tous les pays impliqués, directement ou indirectement, dans ce conflit actuel Les Nations Unies, en premier lieu, ont un rôle d’encouragement et de facilitateur. Toute solution doit être basée sur l’État de droit, la justice, la liberté et le respect des droits humains. Les pays donateurs ont aussi un intérêt à investir dans la paix et la reconstruction. Bien évidemment, l’extension du conflit est un échec flagrant pour toutes les parties prenantes et ne fera qu’apporter douleur et instabilité pour tous.
Une dimension cruciale pour atteindre une solution durable dans le processus de construction de la paix réside dans le respect d’une société pluraliste où les minorités ethniques, linguistiques ou religieuses aient leur place en tant que membres à part entière de la société et de l’État syrien. La survivance et le bien-être de ces minorités sont la garantie d’un État démocratique, respectueux des différences. En effet, la reconnaissance de leurs droits n’affaiblit en aucune façon l’État mais, au contraire, l’enrichit et le fortifie. En ce sens, le retour des réfugiés et des personnes déplacées est une condition essentielle pour la réconciliation, la reconstruction et la durabilité de toute solution au conflit.
Comme l’a déjà déclaré le Saint-Siège, il est urgent de commencer immédiatement la distribution de l’aide humanitaire à la population en détresse et d’enlever tous les obstacles en sorte que les organisations humanitaires puissent avoir accès à toutes les zones. Sans la protection des civils et de leurs droits humains, il ne peut y avoir de solution politique juste. Un soin particulier doit être accordé aux groupes les plus faibles de la société.
Monsieur le Président,
Pour conclure, j’aimerais rappeler les paroles récentes du pape François : « J’ai reçu avec espérance la nouvelle de la cessation des hostilités en Syrie et j’invite chacun à prier pour que cette pause puisse apporter un soulagement à la population qui souffre et ouvrir la voie au dialogue et à la paix tant désirée ».
Merci, Monsieur le Président
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Richard Gyhra, Capture d'écran
Syrie: poursuivre les efforts pour abréger cette tragédie, par Mgr Gyhra
Intervention du Saint-Siège au Conseil des droits de l’homme (traduction complète)