P. Federico Lombardi, SJ, - (c) ZENIT - HSM

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Un pontificat qui manifeste la «proximité de Dieu», par le P. Lombardi

Trois ans de pontificat, bilans et perspectives

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Le pape François enseigne non seulement l’Eglise mais l’humanité, en « maître », au sens le plus noble, écouté par les pauvres et par les puissants, mais surtout il manifeste la « proximité de Dieu » à l’humanité souffrante, explique le P. Federico Lombardi SJ, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, au micro de Radio Vatican, à l’occasion des anniversaires de l’élection du pape François (13 mars 2013) et de l’inauguration du pontificat (19 mars 2013).
« J’ai l’impression que l’autorité du pape grandit, comme ‘maître’ de l’humanité, de l’Église et de l’humanité, dans une perspective mondiale. Parce qu’au cours de cette année, le pape a touché pratiquement tous les continents, à part l’Océanie. Il est présent sur un horizon mondial et traite avec autorité des questions de l’humanité et de l’Église d’aujourd’hui. Il parle des thèmes de la paix et de la guerre qui touchent vraiment tout le monde », fait observer le P. Lombardi.
Il précise : « Il parle des grands thèmes des sociétés actuelles dans le contexte de la mondialisation, la ‘culture du déchet’, la justice et la participation. Dans l’encyclique Laudato si’, en particulier, il a réussi à donner une vision générale des questions urgentes et cruciales de l’humanité d’aujourd’hui et de celle de demain. C’est ce que je remarque, c’est-à-dire que l’humanité regarde le pape François comme une personne qui l’aide à trouver une orientation, à trouver des messages de référence dans une situation qui, par de nombreux aspects, présente une grande incertitude. »
C’est pourquoi il voit dans le pape François « un ‘leader’ crédible, un maître crédible qui, en remplissant son service – de caractère spécifiquement religieux et moral – apporte cependant une aide efficace ; il est écouté par les puissants de la terre. Et les puissants et les pauvres sont également importants et nécessaires pour regarder le chemin à venir de l’humanité ».
L’Année de la miséricorde, décentrée
A propos de la miséricorde, à laquelle le pape consacre toute l’année, le P. Lombardi ajoute : « Ce thème de l’annonce de l’amour de Dieu, sous ce terme spécifique de miséricorde, montre que cette annonce de la présence et de la proximité de l’amour de Dieu est la caractéristique du message et du service que le pape François offre à l’humanité. Et ceci, depuis le début de son pontificat. Et il a trouvé cette forme, dirions-nous, nouvelle et originale d’un jubilé qui est en même temps un jubilé répandu à travers le monde. Ce n’est pas un jubilé centralisé : Rome est là, comme le cœur naturel du chemin de l’Église, mais on peut rencontrer la miséricorde de Dieu en passant par des portes qui se trouvent partout dans le monde. »
Il souligne l’insistance du pape François sur les œuvres de miséricorde, sur l’action : « Le rappel des œuvres de miséricorde matérielles et spirituelles donne aussi un caractère très concret à cette attention pour les pauvres, pour les périphéries, pour les personnes rejetées et marginalisées, auxquelles le pape a toujours porté son attention parce qu’elles sont au centre de l’attention du Christ et de l’Évangile. Je dirais donc qu’avec ce jubilé, nous sommes vraiment dans le cœur spirituel de ce pontificat, un pontificat d’une spiritualité qui est tout sauf désincarnée, parce qu’il se traduit immédiatement dans les œuvres de la charité. »
La réforme, devoir permanent
A propos de la réforme de la Curie, le P. Lombardi y voit, au-delà des « restructurations » et de l’organisation, un « devoir permanent » de l’Église et du chrétien, en même temps qu’une mission pour laquelle les cardinaux ont élu le pape Bergoglio : « La réforme est un devoir permanent dans l’Église – « Ecclesia semper reformanda » – et ceci parce que personne ne peut penser être parfaitement fidèle, sans bouger, à l’Évangile du Seigneur et à ses exigences si profondes et engageantes.  Le pape, en particulier, venant du bout du monde, c’est-à-dire d’une perspective nouvelle, a aussi une capacité particulière pour voir et saisir les attentes de renouvellement de l’Église et de ses structures de gouvernement en fonction de la mission universelle, et pour affronter les exigences de l’Église dans les diverses parties du monde. Le pape sait que cette tâche lui a été confiée par les cardinaux, quand ils l’ont élu pape : au long des congrégations, avant le conclave, ils l’ont dit et le pape le sait. »
Il souligne la perspective de cette réforme dans la docilité spirituelle à l’Esprit Saint : « Mais il le fait dans une perspective spirituelle très caractéristique et très importante pour bien comprendre ce qu’il fait : dans un climat de recherche continuelle d’obéissance à l’Esprit-Saint qui le guide pour affronter, l’un après l’autre, les problèmes dont il s’agit, dans un esprit d’obéissance à l’Évangile, avec confiance, espérance et une grande liberté. »
Il y voit un exemple dans les synodes sur la famille : « Les synodes sont caractéristiques de ce comportement et le fait d’avoir affronté un thème central comme celui de la famille dans les synodes manifeste précisément ce désir d’aller, avec confiance et courage, au cœurs de grandes interrogations pastorales sur les points importants de la vie chrétienne, incarnée dans le quotidien, en se laissant interroger par les problèmes qui se posent aujourd’hui, mais toujours guidé par l’Évangile. »
Un cheminement dans la foi
Mais le pape a aussi souffert de critiques de l’intérieur même de l’Église. Le P. Lombardi l’explique ainsi : « Je l’explique assez simplement par le fait que cheminer sur des terrains nouveaux, chercher à répondre à des questions qui posées de manière très urgente par un monde en train de changer, est quelque chose qui est naturellement source de préoccupation, de peur, d’incertitude ; nous avançons sur un terrain qui, par de nombreux aspects, est obscur. C’est pourquoi il n’est pas si facile d’avancer avec courage, en s’appuyant fondamentalement sur la foi et l’espérance, sur la conviction que l’Esprit-Saint accompagne l’Église pour qu’elle mette en pratique la volonté de Dieu en ce temps nouveau. En cela, le pape François est certainement un maître qui nous guide, avec courage et réalisme. Lui-même dit souvent que mettre l’Église en marche ne signifie pas qu’il sache avec une totale clarté quel est le point d’arrivée ou quel est le projet précis qui doit être atteint. Non, il sait que l’on se met en route, mais souvent sans savoir exactement où l’on va. C’est la condition d’Abraham, la condition du cheminement dans la foi, depuis toujours. »
Les gestes concrets
« C’est un pontificat si infiniment riche de gestes concrets et donc aussi d’images particulières  que, pour en distinguer… je n’en suis pas capable, avoue le P. Lombardi. Mais il y a une catégorie, pour ainsi dire, d’expériences, et donc aussi de gestes et d’images, qui me touche et que je considère comme très caractéristique, et c’est son attention aux malades, lorsqu’il embrasse les personnes qui souffrent.  Le fait que le pape sache exprimer de manière si concrète, si libre, y compris avec des gestes physiques, sa proximité est un signe qui laisse transparaître la proximité de Dieu. Ce sont des gestes qui parlent vraiment à toute l’humanité et qui nous touchent profondément. Nous lui en sommes extrêmement reconnaissants. »
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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