Mgr Richard Gyhra, Capture d'écran

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Pour l'accès aux traitements du sida de tous les malades, par Mgr Gyhra

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Le Saint-Siège plaide pour un accès équitable aux traitements

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Le Saint-Siège plaide  pour l’accès aux traitements contre le sida de tous les malades, sans discrimination.
Mgr Richard Gyhra, chargé d’affaires a.i. de la Mission permanente d’observation du Saint-Siège auprès des Nations Unies et des autres Organisations internationales à Genève, est en effet intervenu lors de la 31ème Session des Droits humains, le 11 mars 2016, à Genève.
Il s’agissait d’une table-ronde sur les progrès et les défis en matière d’approche des problèmes de droits humains dans le cadre des efforts pour mettre fin à l’épidémie de VIH/SIDA en 2030.
«On ne peut pas privilégier le profit et imposer des prix exorbitants lorsqu’il s’agit de soigner des malades, surtout les plus défavorisés », déclare Mgr Gyhra.
Voici notre traduction complète de son intervention.
Déclaration de Mgr Richard Gyhra
Monsieur le Président,
Ma délégation tient à vous remercier, ainsi que les membres de ce Conseil pour avoir convoqué cette table-ronde afin de parler des problèmes de droits humains liés à l’épidémie de VIH/Sida. Depuis plus de trente ans, elle a causé la mort et des souffrances indicibles à des millions d’enfants et d’adultes dans la fleur de l’âge, laissé des millions encore d’enfants orphelins, et conduit un nombre important de familles et de communautés locales à l’effondrement économique, émotionnel et social.
Considérant les implications sur les droits humains de la pandémie du VIH, ma délégation renouvelle son appel à accorder davantage d’attention aux obstacles systémiques qui empêchent les personnes vivant avec le VIH et le sida de jouir pleinement de leur droit aux soins de santé, aux traitements et au soutien.  Comme les membres de ce conseil le savent bien déjà, le droit à la santé est reconnu comme un droit fondamental par l’Article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). La Déclaration prévoit le droit à la santé et aux soins médicaux à l’intérieur de la rubrique plus générale du droit à « un niveau de vie suffisant »[1]. Cependant, l’article 12.1 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels reconnaît directement à la personne le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre.[2] Parmi les exigences minimum pour que les États assurent ces conditions, le Comité des droits économiques et culturels, dans son Observation générale n° 14[3], a en outre identifié : le droit à un accès non-discriminatoire aux soins de santé ; la fourniture des médicaments essentiels ; une distribution équitable des bénéfices et des services de santé ; et l’adoption de stratégies nationales pour empêcher et combattre les épidémies.
Malgré ce cadre juridique et toutes les initiatives positives mises en œuvre au cours de la dernière décennie pour mettre fin à l’épidémie de VIH-sida, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre notre objectif. Parmi les défis auxquels sont affrontés les pays membres, l’accent prédominant mis sur la rentabilité des médicaments et des outils de diagnostic  aboutit à des structures dont les prix sont prohibitifs.
Un autre obstacle réside dans la catégorisation des pays à revenus faibles, moyens ou élevés, basée uniquement sur le revenu national brut qui, par conséquent, ne tient pas compte du poids des soins de santé en général ni d’autres facteurs économiques et sociaux liés à la santé. En outre, une attention insuffisante a été donnée à la recherche et au développement de traitements et d’outils de diagnostic adaptés aux enfants pour l’usage d’enfants vivant dans des environnements à faible revenu et faible technologie.
Sur le plan positif, le succès du Conseil des ADPIC de l’OMC, en novembre dernier, en poussant pour une prolongation de la dérogation, assurant ainsi une flexibilité maximale dans le brevetage des produits pharmaceutiques au moins jusqu’en 2033 pour les PMA, représente une base solide sur laquelle nous pouvons continuer à construire.
Monsieur le Président,
Je voudrais conclure en citant le pape François : « L’interdépendance et l’intégration des économies ne doivent pas provoquer le moindre préjudice aux systèmes de santé et de protection sociale existants ; au contraire, elles doivent favoriser leur création et leur fonctionnement. Certaines questions de santé… réclament une attention politique prioritaire, avant tout autre intérêt commercial ou politique »[4].
Je vous remercie, Monsieur le Président.
NOTES
[1] Déclaration universelle des droits de l’homme, article 25.
[2] https://treaties.un.org/doc/Publication/UNTS/Volume%20993/volume-993-I-14531-French.pdf
[3] Comité des droits économiques, sociaux et culturels. 22ème session, Genève, 25 april-12 mai 2000, E/C.12/2000/4, 11 août 2000
[4] Discours du pape François au Bureau des Nations Unies à Nairobi, 26 novembre 2015.
Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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