« La miséricorde, c’est s’arrêter devant la souffrance », explique le père Ermes Ronchi, selon Radio Vatican.
Il a continué ce jeudi matin 10 mars la méditation de la retraite spirituelle prêchée au pape François et à la Curie romaine, à la Maison du Divin Maître, à Ariccia, commencée dimanche 6 mars, jusqu’à demain matin, vendredi 11 mars.
« Si j’ai passé seulement une heure à prendre sur moi la douleur d’une personne, je la connais davantage, j’en sais plus que celui qui a lu tous les livres. J’ai la sagesse de la vie », a affirmé le père Ronchi en évoquant le comportement miséricordieux du Christ qui « s’arrête toujours devant la souffrance ».
«La vraie différence n’est pas entre les chrétiens, les musulmans et les juifs : la vraie différence n’est pas entre celui qui croit et celui qui dit ne pas croire. La vraie différence est entre celui qui s’arrête et celui qui ne s’arrête pas devant les blessures. »
« Voir, s’arrêter, toucher » sont les « trois verbes à ne jamais oublier », a affirmé le père Ronchi : « Le samaritain a vu et a pris compassion : il a vu les blessures de cet homme, et il s’est senti blessé. »
Au matin de la résurrection, le Christ « s’arrête » devant la souffrance de Marie-Madeleine : « A sa dernière heure du vendredi, sur la Croix, il s’était occupé de la douleur et de l’angoisse du larron, dans la première heure de Pâques, il s’occupe de la douleur et de l’amour de Marie », a fait observer le père Ronchi.
« Chaque fois que Jésus s’émeut, il touche », a souligné le prédicateur : « Il touche l’intouchable – le lépreux », « il viole la loi, il fait ce qu’on ne peut pas faire : prendre l’enfant mort, il le relève, et il le rend à sa mère ».
« Comment faire pour voir, comprendre, toucher et se laisser toucher par les larmes » des autres ? a interrogé le père Ronchi, en actualisant sa lecture de l’Evangile. Il répond que le drame des migrants qui se joue actuellement en Europe permet d’agir en bon samaritain : « être une présence là où l’on pleure » « et ensuite chercher ensemble comment rejoindre les racines du mal, et les arracher ».
« La faim a un pourquoi, les migrants ont derrière eux des montagnes de pourquoi, les tumeurs de la terre des feux [région de l’Italie méridionale polluée par des déchets toxiques, ndlr] ont un pourquoi : s’interroger sur les causes, c’est être disciple », a scandé le P. Ronchi.
En revanche, a ajouté le prédicateur, « le regard sans cœur produit l’obscurité » : « Il risque de transformer les invisibles en coupables, de transformer les victimes – les réfugiés, les migrants, les pauvres – en coupables et en cause des problèmes. »
Il a souligné l’efficacité de cette attitude de miséricorde, toujours selon la même source : « Si je vois, je m’arrête et je touche. Si je sèche une larme, je le sais, je ne change pas le monde, je ne change pas les structures de l’iniquité, mais j’ai inoculé l’idée que la faim n’est pas invincible, que les larmes des autres ont des droits sur chacun et sur moi, que je n’abandonne pas à la dérive celui qui est dans le besoin, que tu n’es pas jeté, que le partage est la forme la plus propre à l’humain. »
Retraite de carême 2016 à Ariccia, L'Osservatore Romano
"La miséricorde, c’est s’arrêter devant la souffrance", explique le P. Ronchi
Retraite de Carême du pape François et de la Curie