Père André Cabes, recteur du sanctuaire de Lourdes (France)

Père André Cabes, recteur du sanctuaire de Lourdes (France)

« Marie nous invite, Lourdes nous attend! », par le P. André Cabes

Le recteur du sanctuaire de Lourdes en pèlerinage à Rome

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Le P. André Cabes, recteur du sanctuaire de Lourdes, vient de participer au Jubilé des responsables de sanctuaires, à Rome, et au passage de la Porte sainte avec l’UNITALSI. Il invite à participer aux grâces du jubilé aussi à Lourdes : « Le grand défi de Lourdes, dit-il, c’est de ne pas mettre d’obstacle au désir qu’a la Vierge Marie de voir se renouveler les merveilles de l’Evangile dans l’Eglise de son Fils. » Il raconte aussi aux lecteurs de Zenit quelques belles rencontres romaines.
Zenit – Père André Cabes, quels sont les grands rendez-vous du jubilé auprès de Marie à Lourdes ?
Père André Cabes – Cette année de la Miséricorde, des rendez-vous sont plus particulièrement proposés. Tout de suite après l’anniversaire de la première apparition, le 11 février, aura lieu le jubilé des couples. Ils sont invités à venir se redire « Je t’aime » auprès de Marie, qui préside, pour ainsi dire, à la joie des noces de Cana. Il y aura, avec de grands pèlerinages comme les Handicapped Children des Iles Britanniques, ou le Fraternel d’Ile-de-France, les jubilés des jeunes, le jubilé des Militaires au mois de mai, celui des premiers communiants pour l’anniversaire de la première communion de Bernadette début juin. Début juillet, ce sera le jubilé des prêtres, sous la présidence du Cardinal Stella, préfet de la Congrégation pour le Clergé. En août, le jubilé de la France, avec le pèlerinage national de l’Assomption; le 22 août, le jubilé des sanctuaires et communautés qui portent le nom de Notre Dame de Lourdes. Voilà quelques jalons, qui ne font que baliser un chemin de Miséricorde ouvert à tous tout au long de l’année. Que personne n’hésite à venir. Marie nous invite, Lourdes nous attend!
Quels défis cela représente-t-il pour vous?
Le grand défi de Lourdes, c’est de ne pas mettre d’obstacle au désir qu’a la Vierge Marie de voir se renouveler les merveilles de l’Evangile dans l’Eglise de son Fils. Nous devons faciliter le chemin des petits et des pauvres, des Bernadette d’aujourd’hui. Le défi, c’est donc de prendre rang nous-mêmes dans ce défilé des pécheurs, convoqués par Jean-Baptiste au bord du Jourdain, et qui rencontrent le Fils de Dieu, qui voient s’ouvrir le ciel pour laisser passer le don de l’Esprit. Nous sommes des guetteurs et des passeurs du don de Dieu.
Vous venez de vivre le jubilé des sanctuaires à Rome: quels ont été les temps forts?
C’était une grande joie pour moi de retrouver l’air de Rome, où je viens de passer trois ans. Cette ville est vraiment la mère de tant de nations qui ont en elle leur « chez soi ». A La Trinité notamment où je vivais, nous avons un point de vue unique sur les toits de la Ville, nous portons dans la prière les joies et les peines de ces foules qui passent. Le Jubilé était l’occasion de plonger nous-mêmes et tous ceux qui nous sont confiés, dans le coeur maternel de l’Eglise. Pour les francophones, c’était le Père Brito, de Lourdes, qui assurait les enseignements: nous étions donc en pays de connaissance; il nous a aidés à réfléchir sur ces attitudes que nous avons à poser à l’égard de nos frères pour qu’ils puissent vivre l’expérience de Bernadette: la Dame me regardait « comme une personne regarde une autre personne ». Le moment le plus fort a sans doute été le pèlerinage vers la Porte Sainte le long de la Via della Conciliazione: en marchant vers la tombe de saint Pierre, nous entrions dans cet immense cortège des témoins qui nous ont transmis la foi.
Vous avez pu rencontrer personnellement le pape François?
Au sortir de St-Pierre, nous nous sommes rendus à la salle Paul VI pour la rencontre avec le Pape. Il n’y a pas eu de rencontre personnelle, mais ce contact qu’il sait favoriser avec les attentes du coeur de chacun. Son message consistait en un point d’insistance: l’accueil. Dans un sanctuaire, tous ceux qui viennent doivent se sentir à la maison. C’est bien de cela que beaucoup ont besoin. Je me souviens de la réflexion que me faisait un moine après la mort de sa maman: « Je n’ai plus maintenant aucun endroit où je puisse entrer sans frapper! » Les sanctuaires doivent montrer à tous la porte toujours ouverte du coeur de notre Dieu. Du côté ouvert de Jésus sur la croix, jaillissent l’eau et le sang de la vie nouvelle. A Lourdes notamment, du côté droit du rocher de la Grotte, jaillit la source, et les pèlerins ont rendez-vous pour l’Eucharistie où Dieu se donne. Le pape veut nous conduire au coeur de la mission de l’Eglise: partager le don de Dieu.
D’autres rencontres « romaines » vous ont marqué ?
Personnellement, j’ai eu aussi la grâce de vivre deux jours auparavant avec 250 animateurs de l’UNITALSI. Avec eux également, j’ai franchi la Porte Sainte, et tout juste après la messe à l’église de la Miséricorde, tout près du Vatican, nous avons reçu la visite et la bénédiction du Cardinal Parolin, Secrétaire d’Etat. (Certains des participants l’avaient connu comme prêtre dans leur paroisse.) Il m’a avoué n’être venu qu’une fois à Lourdes, et son grand désir d’y retourner. Le petit mot qu’il nous a adressé nous est allé droit au coeur: « Lourdes, nous a-t-il dit, est la capitale de la Miséricorde, pour les malades, les pécheurs. »
J’ai été encore saisi d’admiration, et d’une émotion profonde, en entendant, par exemple, le témoignage d’un jeune ingénieur du sud de l’Italie, qui vient plusieurs fois par an à Lourdes avec les malades : « 30 heures de voyage! sans compter, l’an dernier 24h de plus, bloqués en gare de Toulon. Mais ce n’est pas grave, nous avons joué aux cartes, et tellement partagé entre nous! »
Le pèlerinage, c’est aussi cela, le chemin et tous les aléas qu’il comporte. Vraiment la ville de Lourdes a de beaux jours devant elle, si le sanctuaire attire ainsi tant de générosité, comme Marie attirait Bernadette.
Lourdes vient de vivre des grands travaux, justement, comme le recommande le pape, pour mieux accueillir les pèlerins: quels changements le pèlerin trouvera-t-il?
Nous avons enfin inauguré le 6 janvier le nouveau pont sur le Gave, face à la Grotte. Il a cette particularité de pouvoir se lever de plusieurs mètres en cas d’inondation. Le reste doit attendre. Au terme, en 2017, nous l’espérons, on devrait pouvoir proposer au pèlerin un chemin passant de l’ombre à la lumière, en partant du « jardin d’ombre » composé des arbres offerts par le diocèse de Pistoia (Italie), et plantés entre l’Esplanade du Rosaire et la Grotte, puis le contact avec le Rocher, le geste de l’eau aux fontaines et aux piscines, et enfin celui de la lumière quand les cierges seront déplacés de l’autre côté du pont. C’est comme un parcours baptismal qui se concentre à la chapelle des confessions, où les coeurs sont invités à déposer le fardeau pour redevenir libres et capables d’aimer.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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