« Dans un monde méconnaissable qui veut la peur, la haine, la condamnation, François répond par la miséricorde ! » déclare Roberto Benigni qui a présenté le livre-conversation du pape François avec Andrea Tornielli, ce 12 janvier 2016 à Rome, au siège de l’Augustinianum, l’institut de patristique. « La miséricorde divine contamine l’humanité », insiste Benigni, dont le pape a suivi la présentation des Dix commandements à la télévision italienne, et qui avait commencé par une lecture suivie de la Divine comédie de Dante. L’acteur et réalisateur a plaisanté sur le fait que seul le pape François pouvait avoir souhaité que son livre soit présenté à la fois par « un cardinal vénitien » – Pietro Parolin – , un « détenu chinois » – Zhang Agostino Jianquing – et un « comique toscan » – lui-même. Il a dit sa hâte à dire oui, quand on l’a contacté : « Oui ! quoi que ce soit ! », au pape François « je ne dis jamais non ! » : « Ce pape, à moi, il me plaît tellement ! tellement ! pas modérément !... un révolutionnaire ! » Il raconte qu’il faisait partie de la petite délégation qui lui a présenté le livre, lundi 11 janvier, avec notamment Zhang Agostino Jianquing, le P. Lombardi, Marina Berlusconi, présidente du groupe Mondadori et le P. Costa à la maison Sainte-Marthe. Le livre est publié simultanément ce mardi 12 janvier dans 86 pays. « Il me semblait être Zachée… Luca 19, 1-10 : il monte sur le sycomore. Jésus lui dit : “Descends aujourd’hui je loge chez toi.” C’est un aspect de Jésus un peu caché : il est amusé, joyeux, miséricordieux avec joie, humour ! » Pour Benigni, ce livre sur la miséricorde est « bellissimo », « il nous caresse, il nous “miséricorde”, une vertu qui est active, qui bouge, comme le pape, corps et âme, il ne s’arrête pas une seconde ! » Quand on lit le livre il semble qu’on « parle avec le pape » qui « élève sans embuer le cerveau » : ce livre c’est « un livre en poche, le pape en poche, un quart d’heure dix minutes ! ». Il « parle de la vie, de la connaissance, de l’amour, de la compassion, du pardon qui est à la base de son pontificat ». La miséricorde, continue Benigni, c’est « la justice la plus grande » : « elle n’abolit pas la justice, elle va plus loin ! » Car « on a n’a pas seulement besoin de justice ! ». Voilà « la source de son pontificat : miserere ! » Puis Benigni s’enflamme en parlant du Psaume 50 et de la demande de pardon de David qui a « tué Uri » pour s’emparer de sa femme : « S’il a pardonné à David, il peut nous pardonner à tous ! » Et puis Benigni revient à la joie : la « perle » de la miséricorde, c’est « la joie » ! Il cite de mémoire Benoît XVI faisant observer que « là où manque la joie il n’y a ni Esprit Saint ni miséricorde » : « La joie, ajoute-t-il, c’est le gigantesque secret du christianisme, (...) un élément constitutif du christianisme ! » « Méfiez-vous de ceux qui ne sont pas joyeux ! », une joie, un bonheur « humbles ». Benigni cite aussi de mémoire le pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer, martyr du nazisme, qui fait observer, dit-il, que Jésus « s’est occupé de prostituées, de publicains », mais qu’il n’a « jamais mis en question la santé, le bonheur » ! Au contraire, « il a redonné la santé aux malades, la joie aux abandonnés, il n’pas contesté ni les rois Mages, ni Cana, ni Lévi, le nard de Marie-Madeleine » : c’est cela « l’incarnation », une « assomption totale de la réalité du monde », il « envoie une étoile comète aux Mages ! » Dans Marc, raconte Benigni, le premier miracle de Jésus c’est la guérison de la belle mère de Pierre – une « revanche pour toutes les belles mères » ! – et « Pierre ne l’arrête pas » : « Il la guérit et elle se met à les servir : elle voulait un petit déjeuner ! » « Dieu, insiste Benigni conquis par le livre, nous a déjà pardonné : il l’a déjà fait, il a envoyé Jésus : Jésus c’est le “oui” de Dieu ». Il conseille le livre aux non-croyants. Il parle de cette « lutte entre amour et non-amour » : « Le pape n’a fait qu’aimer et parler de l’amour. » Et pour Benigni, « la plus haute parole de l’humanité », c’est « l’amour des ennemis » ! Revenant au pape François et à ce qui le fait « avancer », il ajoute : « Le poids de Dieu le porte, il marche, il semble fatigué : il tire toute l’Eglise vers le lieu dont on s’était éloigné, vers… le christianisme, Jésus, l’Evangile : incroyable comment il le fait, à travers la miséricorde, mais pas une vision doucereuse, c’est un défi véritable, social, politique, c’est impressionnant ! Et comment il vainc ce défi, impressionnant ! Le remède de la miséricorde qu’il va chercher parmi les derniers, à Lampedusa, ou quand il ouvre la Porte de Bangui… Il va trouver la douleur du monde, là où naît la miséricorde, à pleine main, il vous la donne ! Dans un monde méconnaissable qui veut la peur, la haine, la condamnation, François répond par la miséricorde ! » Il cite la fameuse phrase du premier angélus, le 17 mars 2013 : « Le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner, c’est nous qui nous lassons de demander pardon… » repris dans une homélie récente : « Dieu pardonne par une caresse sur nos péchés en nous caressant… » Comme le cardinal Parolin, il cite la grand-mère argentine qui va trouver le Père Bergolio et l’avuela qui déclare : « Si Dieu ne pardonnait pas, le monde n’existerait pas ! » Il déclame un passage sur le pécheur et le corrompu et il s’exclame : « La miséricorde divine contamine l’humanité ! … Nous touchons le Seigneur ! » Il achève sur cette citation du pape tirée de Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, nous serons jugés sur l’amour. »
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