Capture TV2000, 12 janvier 2016, Agostino Zhang Jianquing

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"La miséricorde de Dieu a changé ma vie", par Agostino Zhang Jianqing

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Récit d’un prisonnier chinois

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« La miséricorde de Dieu a changé ma vie » raconte un prisonnier chinois, détenu en Italie, en présentant le livre du pape François.
« Un cardinal vénitien, un détenu chinois et un comique toscan » : le cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin, le jeune chinois Zhang Agostino Jianqing et Roberto Benigni ont présenté le livre-conversation du pape François avec le journaliste italien Andrea Tornielli Le nom de Dieu est miséricorde, en présence de celui-ci, du P. Giuseppe Costa (Librairie éditrice du Vatican) et du P. Federico Lombardi, ce mardi 12 janvier à Rome, au siège de l’Augustinianum, centre d’étude des Pères de l’Église.
Augustin et les larmes de Monique
Mais la coïncidence est heureuse, car Zhang Agostino Jianqing, jeune détenu chinois de 30 ans, a expliqué comment il a choisi, en prison, le nom de saint Augustin comme nom de baptême. Ce sont les larmes de sa mère qui ont fait brèche dans le cœur du jeune homme alors qu’il était en prison. Et il n’a demandé le baptême qu’après avoir confié son amour du Christ à sa maman qui, quoique bouddhiste pratiquante, l’a encouragé à suivre son chemin. Il a reconnu dans sainte Monique, qui a pleuré et prié pendant quinze ans pour la conversion de son fils, devenu ensuite le grand saint Augustin, une image de sa propre mère. Un témoignage de la joie après des années de ténèbres. Et la joie de rencontrer le pape François, hier, lundi 11 janvier, au Vatican, à l’occasion de la présentation du livre à son auteur.
Zhang Agostino a commencé son récit, en soulignant lui-même qu’on peut trouver « étrange » qu’un jeune Chinois porte le nom (en italien) d’ « Agostino ».
Il a rendu hommage à ses parents, de tradition bouddhiste, des « gens bien », qui se sont toujours « bien comportés en Chine et en Italie ». Il est arrivé en Italie avec son papa à l’âge de douze ans, alors que sa maman était déjà en Italie depuis deux ans. Il confie qu’à l’école, il s’ennuyait, et qu’il faisait tout pour s’échapper. Selon ses propres paroles, il devenait peu à peu plus « méchant », et il se disputait avec ses parents pour l’argent qu’il réclamait afin d’aller « s’amuser ».  A seize ans, il partit travailler loin de sa famille, mais il passait ses nuits dans les discothèques, ne cherchant qu’à « s’amuser, avoir de l’argent, des filles », et il devenait « puissant, violent, superficiel ». Une « erreur » lui a valu, à dix-neuf ans, une condamnation à vingt ans de prison.
Le seul Chinois
Là, il souffrit avant tout de ne pas comprendre l’italien, alors qu’il était le « seul Chinois ». Il rencontra « plein de difficultés », mais sans savoir où « demander de l’aide ». Il était « désespéré » et il écrivait à sa famille « en demandant pardon », encore et encore, pour la « tristesse » qu’il leur avait causée, et pour sa maman qui faisait 700 km « pour venir me chercher en prison, et qui pleurait ». Il avoue que ce sont « ses larmes » qui l’ont « aidé à percevoir le mal » fait à sa famille : « Mon cœur tremblait, se sentait brisé, et le désir émergeait de ne plus faire souffrir » sa maman.
Puis il fait le récit des miséricordes reçues. Avant son transfert à Padoue, il a rencontré un bénévole – qui a été en 2015 son parrain de baptême – : « Cet homme a été le premier cadeau du Seigneur qui m’a fait miséricorde même quand je ne le savais pas. Alors voilà l’importance pour lui du premier livre du pape François : « Ce livre m’aide à comprendre ! »
Il a choisi le nom d’Agostino, après avoir connu l’histoire de saint Augustin d’Hippone et de sa mère sainte Monique, qui a versé tant de larmes pour son fils. Il y retrouvait « un peu » sa « situation » et, dit-il, les « fleuves de larmes » que sa mère a versées pour lui.
Il évoque ce bénévole de Belluno (en Vénétie) : « Son visage, son regard m’a semblé immédiatement familier, j’ai ressenti réconfort et paix intérieure, alors que je ne comprenais ni ne parlais l’italien. »
Il a ressenti le besoin de se libérer du mal, dit-il, grâce à « son regard de compassion » : il s’est senti « soutenu, encouragé ».
La coopérative et le Chemin de croix
Après son transfert à Padoue, en 2007, il a l’occasion, grâce à un compatriote chinois, Andrea, de travailler dans une coopérative. Il se rend compte que les gens de la coopérative les « aiment » comme « des personnes, pas comme des numéros ou des fiches ». Et il lui vient le désir de recevoir le baptême pour être à son tour « heureux ».
Il confie que les paroles de l’Evangile lui procuraient « une joie jamais éprouvée auparavant, comme si elles étaient faites » pour lui : « J’attendais le dimanche ! Et avec des amis prisonniers et la coopérative j’ai participé à une rencontre hebdomadaire. J’ai fait un chemin qui a fait venir en moi le désir d’être chrétien, mais je ne voulais pas que ce soit une nouvelle douleur pour ma maman parce qu’elle est bouddhiste très pratiquante. J’ai demandé conseil à des amis et au Bon Dieu pour voir clair pour moi et ma famille. »
Il raconte : « Le Vendredi saint 2014, à la fin du Chemin de croix, tous mes amis sont allés embrasser la croix ; moi aussi j’avais le désir de le faire, mais, pensant à maman, je n’y suis pas arrivé. Il me semblait la trahir une seconde fois. Je suis sorti de la chapelle et je me suis mis à pleurer de ne pas l’avoir fait. J’ai compris que j’étais amoureux de Jésus et que je ne pouvais plus me séparer de lui et j’ai appelé ma famille pour la faire venir. Maman est venue et je lui ai tout raconté en lui disant que je ne pouvais plus cacher mon amour pour Jésus. Après ces paroles, maman est restée immobile pendant cinq minutes qui m’ont semblé les plus longues de ma vie. Puis elle m’a dit : « Si tu penses que c’est quelque chose de juste pour toi, tu dois le faire, sinon je souffrirai encore plus. » On s’est tous mis à pleurer. J’ai pleuré comme un enfant. J’ai ressenti la présence du Seigneur dans l’amour de maman. Jésus a envoyé les siens me chercher : tous les amis rencontrés pendant mon parcours de catéchisme. Le 17 avril 2015, j’ai reçu le baptême, la confirmation, et la première communion dans la prison, pas dans un autre lieu, mais là où Jésus est venu me rencontrer et où j’ai rencontré Jésus. »
Il a dit son « merci au pape François » parce qu’il n’aurait jamais pu imaginer « participer à la présentation livre du pape ni avoir la possibilité de lui serrer la main comme c’est arrivé hier » : « Beaucoup, dit-il, auraient plus droit et besoin que moi d’être ici. » Puis il ajoute : « La miséricorde de Dieu a changé ma vie, mais ce ne serait pas possible sans les frères et les amis de la prison de Padoue qui sont ici, tous, dans mon cœur, ils sont présents ici, et les prisonniers du monde qui n’ont pas eu la même chance. Merci de l’affection et de la tendresse que le pape ne manque pas de nous témoigner, pour les pages de ce livre, qui viennent du cœur d’un pasteur miséricordieux. Nous nous souvenons toujours de toi dans nos prières. »
Un témoignage qui ne fait que désirer mettre davantage en pratique ce que le pape François demande : qu’il y ait une Porte sainte dans les prisons pendant toute l’Année de la miséricorde, et pratiquer la visite des prisonniers, comme œuvre de miséricorde.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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