Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États, commente pour Radio Vatican le discours du pape François, ce lundi, 11 janvier, au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège.
Mgr Paul Richard Gallagher – Je crois que le Saint-Père a voulu regarder ces situations mondiales si conflictuelles dans une optique spirituelle. Il a aussi inséré toute cela dans le contexte du Jubilé de la miséricorde. C’est un jubilé pendant lequel nous devons regarder la situation de la communauté internationale avec des yeux miséricordieux. Le pape a fait sa liste des problèmes, des conflits dans le monde, y compris en dénonçant, mais cela n’était pas un discours de condamnation. Il désire vraiment que nous nous sentions encouragés, qu’en tant que société humaine, en tant que pays individuels, nous soyons capables d’affronter ces problèmes. Ce sont des problèmes extrêmement graves, comme celui des migrations européennes. Mais nous devons être capables d’affronter ces situations. Le pape a vraiment voulu ainsi donner une impulsion positive, une impulsion qui est aussi un défi lancé à la communauté internationale, représentée par ses ambassadeurs près le Saint-Siège, mais il a voulu dire en même temps : « Soyons miséricordieux, essayons de travailler dans ce sens ; le Saint-Siège est disposé à collaborer avec vous, à être à vos côtés, y compris le pape lui-même ».
Le Saint-Père a fortement dénoncé le terrorisme et ceux qui utilisent le nom de Dieu pour tuer. Et il a aussi insisté sur l’importance du dialogue, de la coopération avec le monde musulman…
Oui, ce sont les deux pôles. Il est indispensable de redire l’importance, la valeur du dialogue avec l’islam, avec d’autres religions et avec toute la société ; et en même temps, sa condamnation de l’usage ou de l’abus de la religion comme prétexte à la violence ou au terrorisme. Cela, oui. Parce que, surtout pour le Saint-Père, ceci est un scandale terrible : qu’au nom de Dieu, les gens tuent d’autres personnes, surtout des personnes innocentes et vulnérables, que l’on soumette des communautés entières à des années et des années de souffrances et de violences. C’est un grand scandale que nous devons vaincre. Et nous, en tant que Saint-Siège, en tant qu’entité religieuse, nous ressentons cela de manière peut-être encore plus forte que les sociétés séculières ou laïques, parce que nous voyons combien le vrai message de la religion, qui est l’amour, est déformé de cette façon. Et le pape, justement, dénonce ces choses avec la plus grande énergie.
Au sujet de la crise migratoire, le pape a remercié pour les efforts accomplis par des pays comme la Turquie, la Grèce et surtout l’Italie, pour sauver les vies de tous ces migrants dans la Méditerranée. Et il a insisté sur la nécessité d’une politique pan-européenne pour affronter ce problème…
Oui, le pape a voulu faire un éloge et reconnaître les immenses efforts, les grands sacrifices qu’ont fait certains pays comme ceux qui ont immédiatement accueilli les réfugiés – la Jordanie et le Liban – et puis les pays de frontière comme la Turquie, l’Italie et la Grèce parce que, bien que la question migratoire soit une crise pour l’Europe d’aujourd’hui, en même temps, beaucoup de ces sociétés, de ces gouvernements, de ces autorités et, individuellement, beaucoup de personnes privées viennent secourir ces gens qui, comme l’a dit le pape, « ne sont pas des personnes anonymes, ce sont des personnes humaines comme nous, ce sont des enfants… ». Par conséquent, nous devons affronter ce problème épineux, cette crise très grave. Et nous ne sous-estimons pas pour autant les difficultés et les problèmes, ni les problèmes intérieurs de certains pays, absolument pas. Mais, dans le même temps, nous affirmons qu’il est nécessaire de faire un effort supplémentaire, parce que c’est un problème qui mérite notre attention, parce que ce n’est pas seulement un problème social, mais c’est essentiellement une crise morale pour l’Europe. La façon dont nous réagissons à cette situation déterminera le type de pays que nous serons. Et l’idée que nous devons défendre nos valeurs, fermer notre société, nous fera peut-être plus de mal que d’ouvrir nos portes et nos cœurs pour accueillir ces personnes en difficultés.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
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Le pape désire vraiment nous encourager
Commentaire du discours du pape au Corps diplomatique