Cinq années de guerre, des milliers de victimes, des millions de réfugiés. C’est le terrible bilan de la guerre en Syrie qui, en ce début d’année 2016, continue de bouleverser la vie du peuple syrien. Ces jours-ci, est arrivée encore la nouvelle de personnes qui meurent de faim dans la ville de Madaya, assiégée par les forces fidèles à Assad, alors que l’Onu annonce que celui-ci vient d’autoriser l’ouverture de couloirs humanitaires.
Pour mettre fin à cette guerre insensée, Caritas Internationalis a lancé une campagne de mobilisation générale pour les douze prochains mois.
Interview, sur Radio Vatican, ce vendredi 8 janvier, de Michel Roy, secrétaire de l’organisation caritative internationale.
Michel Roy – La question a été de plus en plus forte de la part des membres de la Caritas dans la région (Caritas Syrie, Caritas Irak, Caritas Liban, Caritas Jordanie et Caritas Turquie), à tel point que la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, en septembre dernier, lorsqu’on a demandé : « De quoi avez-vous besoin ? », la seule parole qui soit sortie a été : « La paix ». La question de la paix est primordiale pour nos amis des Caritas du Moyen-Orient. Pour répondre à l’urgence des personnes de cette région, Caritas Internationalis a donc décidé de lancer une campagne de mobilisation contre cette indifférence, et de pression pour que les gouvernements avancent, sérieusement, pour trouver des voies pour arrêter ce conflit et intervenir au niveau politique : nous demandons que les gouvernements s’impliquent de manière véritable et responsable pour faciliter cela.
Dans le message pour la Journée mondiale de la paix, le pape François demande de « vaincre l’indifférence pour conquérir la paix ». Après cinq années de guerre en Syrie, d’après vous, s’est-on presque habitués à l’idée de l’impossibilité de résoudre la situation ?
Oui, il y a l’indifférence de l’opinion publique. En effet, on s’y habitue. Qui parle, aujourd’hui, de la guerre du Darfour, 12 ans plus tard ? Personne. L’indifférence de l’opinion publique d’une part mais il y a les intérêts des États et des multinationales. Le Moyen-Orient est, en fait, une région riche qui intéresse ceux qui vendent les armes : il y a un grand marché pour les grands pays et il y a un intérêt géopolitique très grand. Ce qui a fait changer l’opinion publique en Europe a été l’arrivée de centaines de milliers de personnes qui ont demandé l’asile sur le continent. Cette marée de personnes, de la Turquie à l’Allemagne, a réveillé tout le monde.
Nous parlions d’indifférence. Un autre sentiment qui peut parfois exister est l’impuissance. En cette année jubilaire, le Jubilé de la miséricorde, que peuvent faire les chrétiens pour les Syriens, grâce à Caritas ?
Premièrement, je pense, prier. Je me souviens de la Journée de prière pour la Syrie, que le pape François avait organisée il y a deux ans. Je suis certain que, pour commencer, nous devons prier Dieu pour qu’il nous aide à trouver la bonne voie pour arriver là où nous voulons aller. Deuxièmement : demander aux politiques, aux gouvernements, de s’engager sur cette voie de recherche de la paix, en ne vendant pas d’armes. Chacun de nous peut demander à son député ou sénateur, aux chefs de gouvernement, de choisir cette voie. Aider les réfugiés demeure un grand défi parce que la communauté internationale, qui a participé à la guerre, qui a des intérêts dans cette guerre, n’assume pas les responsabilités qui lui incombent d’aider les personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie : elles sont 8 millions. C’est un chiffre incroyable ! Il ne faut pas non plus oublier l’Irak et ceux qui sont en Jordanie, en Turquie et au Liban, qui sont 4 millions. Il faut aider toutes ces personnes parce qu’elles n’ont pas la possibilité de survivre toutes seules.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Michel Roy – Caritas
