Le pape a reçu dans la salle Paul VI au Vatican, ce 31 décembre, les quelque 6 000 participants du 40e congrès international des Pueri Cantores, réunis à Rome du 28 décembre 2015 au 1er janvier 2016.
Le pape François a dialogué librement avec les jeunes, répondant à trois séries de questions. Voici sa réponse à la deuxième série de questions.
Deuxième question – Comment faites-vous pour être toujours aussi bon ? Cela ne vous arrive jamais de vous mettre en colère ? Quelles sont vos bonnes résolutions pour la nouvelle année ?
Pape François – Un jour, un jeune s’est approché de Jésus et lui a dit quelque chose qui ressemble à ce que tu dis. Il a dit : « Jésus, bon maître ». Et Jésus l’a regardé et il a dit : « Non, Dieu seul est bon. » Dieu seul est bon a dit Jésus. Et nous ? Nous sommes méchants ? Non, moitié, moitié, nous avons un peu de tout… Nous avons toujours cette blessure du péché originel qui nous conduit à ne pas être toujours très bons… Mais souviens-toi toujours : Dieu seul est bon, et si tu veux trouver la bonté, va au Seigneur, Lui est toute bonté, tout amour, toute miséricorde. Et tu sais comment je fais pour être un peu bon ? Je me rapproche du Seigneur. Et je demande au Seigneur : « Seigneur, fais que je ne sois pas si pécheur, que je ne sois pas si méchant, que je ne fasse de méchancetés à personne, que je n’éprouve ni jalousies, ni envies, que je ne m’emmêle pas dans les cordes, qui sont si nombreuses… » Et toutes ces choses. Demander la grâce d’être bon, parce que seul Dieu est bon. Cela aussi vous devez l’apprendre. Nous le disons tous ensemble ? Chacun dans sa langue : « Dieu seul est bon. » [Ils répètent : « Dieu seul est bon. »] Encore une fois. [« Dieu seul est bon. »] Vous souvenez-vous du conseil de saint Augustin que vous avez répété tous ensemble ? C’était comment ? [Ils répondent : « Chante et marche ! »] Dieu seul est bon. Rappelez-vous bien cela !
Mais il y a des personnes bonnes, oui, qui nous rapprochent du Seigneur : les saints ! Tant de saints cachés dans la vie quotidienne, dans notre vie, tant de personnes qui souffrent et offrent leurs souffrances pour la conversion des pécheurs. Tant, tant de personnes qui s’approchent tellement de la bonté de Dieu : ce sont les saints. Mais qui est le seul à être bon ? [Ils répondent : « Dieu ! »] Dieu seul est bon.
L’autre question : « Vous mettez-vous parfois en colère ? » Oui, je me mets en colère, mais je ne mords pas ! Parfois, je me mets en colère quand quelqu’un fait une chose qui ne va pas, il me vient un peu de… Pour m’aider je m’arrête et je pense à toutes les fois où moi j’ai provoqué la colère des autres. Je pense et je me demande : « Est-ce que j’ai mis quelqu’un en colère ? Et oui, tant de fois. Alors tu n’as pas le droit de te mettre en colère. Mais il a fait… Oui, mais s’il a fait cette chose méchante, s’il a fait quelque chose de pas bien, appelle-le et parle-lui, comme un frère, parle comme un frère, et une sœur, parle, parle ! Mais sans se mettre en colère, parce que la colère est venimeuse, elle t’empoisonne l’âme. J’ai vu si souvent des enfants et des jeunes effrayés. Pourquoi ? Parce que les parents – ou à l’école – les grondent. Et quand quelqu’un est en colère, et se met à crier sur l’autre, il fait du mal, il blesse : crier sur quelqu’un c’est comme donner un coup de couteau à l’âme, cela n’est pas bien. Vous avez bien compris ?
Oui, je me mets en colère, oui, parfois je me mets en colère, mais je pense aux fois où j’ai mis en colère les autres, ça m’aide, me tranquillise un peu. En se fâchant on fait mal à l’autre mais également à soi-même, on s’empoisonne. Et il y en a des gens – vous en connaissez sûrement – qui ont l’âme amère, le cœur plein d’amertumes, sont toujours en colère. A les voir aussi fâchés, on dirait que tous les matins ils se lavent les dents avec du vinaigre ! Il y a des gens comme ça… C’est une maladie ! Bien sûr, s’il y a quelque chose qui ne me plaît pas je me fâche un peu. Mais l’habitude de crier après quelqu’un, ça c’est du poison ! Je vous demande, et que chacun me réponde dans sa langue : l’âme de Jésus, comment était-elle ? Douce ou amère ? [Les enfants répondent : « Douce ! »] Pourquoi était-elle douce ? Parce que lorsque Jésus se mettait en colère, ça n’allait jamais jusqu’à son âme, c’était seulement pour corriger et puis la paix revenait.
« Quelles sont vos bonnes résolutions pour cette nouvelle année ? » J’en ai pris une ces jours-ci, en prenant un peu de temps pour une retraite spirituelle : prier davantage. Parce que je me suis rendu compte que les évêques et les prêtres – et moi je suis évêque – doivent diriger le peuple de Dieu avant tout par la prière, c’est le premier service à rendre. Je vous raconte une histoire. Au début du christianisme, il y avait beaucoup de travail car tant de gens se convertissaient et les apôtres n’avaient pas le temps. Et certains sont venus se plaindre parce qu’ils ne s’occupaient pas bien des veuves et des orphelins. C’était vrai, mais ils n’avaient pas le temps de tout faire. Alors ils ont fait un concile entre eux et décidé de confier à quelques hommes seulement la charge de servir les gens. C’est comme ça que sont nés les diacres. On peut le voir dans le livre des Actes des apôtres. Et que dit Pierre, saint Pierre, le premier pape ? Que dit-il ? « Ils feront ça et nous, les apôtres, seulement deux choses : prier et annoncer l’Evangile, prêcher. » Autrement dit, la prière est le premier devoir d’un évêque : on ne peut être évêque dans l’Eglise et ne pas mettre la prière au premier plan. Et puis l’annonce de l’Evangile. Ces jours-ci, pour répondre à ta question, j’ai pensé qu’une bonne résolution pour l’année prochaine serait de prier un peu plus. D’accord ? Alors je vous demande à mon tour : pensez-vous que cela pourrait être une bonne résolution pour vous aussi ? [Réponse : « Oui! »] Priez un peu plus. Car l’Eglise progresse grâce à la prière des saints. Priez pour l’Eglise !
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall