Pope Francis in Santa Marta. 7 September 2015

PHOTO.VA - OSSERVATORE ROMANO

Les peuples de tout le continent américain l'aiment comme une mère

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Messe pour l’Amérique latine (texte complet)

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« À la Très Sainte Vierge Marie, confions les souffrances et les joies des peuples de tout le continent américain, qui l’aiment comme une mère, la reconnaissent comme leur « sainte patronne », sous le vocable de Notre Dame de Guadalupe »: c’est l’invitation du pape François au terme de son homélie pour la messe de la fête de Notre Dame de Guadalupe qu’il a célébrée à Saint-Pierre, à 18h, samedi 12 décembre. 

Voici notre traduction complète de l’homélie.

Homélie en la fête de Notre Dame de Guadalupe

« Le Seigneur, ton Dieu, est au milieu de toi […]. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira » (So 3,17-18). Ces paroles du prophète Sophonie, adressées à Israël, peuvent être aussi adressées à notre Mère, la Vierge Marie, à l’Église et à chacun de nous, à notre âme, aimée de Dieu d’un amour miséricordieux. Oui, Dieu nous aime au point d’avoir en nous sa joie et de se réjouir avec nous. Il nous aime d’un amour gratuit, sans limites, sans rien attendre en échange. Le pélagianisme ne lui plaît pas. Cet amour miséricordieux est l’attribut le plus surprenant de Dieu, la synthèse en laquelle est concentré le message évangélique, la foi de l’Église.

Le mot « miséricordieux » est composée de deux mots : misère et cœur. Le cœur indique la capacité d’aimer ; la miséricorde est l’amour qui embrasse la misère de la personne. C’est un amour qui « sent » notre indigence comme si c’était la sienne, avec l’objectif de nous en libérer. « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. » (1 Jn 4,10). « Le Verbe s’est fait chair » – Dieu n’aime pas non plus le gnosticisme – : il a voulu partager toutes nos fragilités ; il a voulu expérimenter  notre condition humaine, jusqu’à se charger de la Croix de toute la douleur de l’existence humaine. Telle est la profondeur de sa compassion et de sa miséricorde : s’humilier pour se transformer en une compagnie et un service de l’humanité blessée. Aucun péché ne peut effacer sa proximité miséricordieuse, ni l’empêcher de mettre en actes sa grâce de conversion, à condition que nous l’invoquions. Au contraire, le péché lui-même fait resplendir avec une plus grande force l’amour de Dieu le Père qui, pour racheter l’esclave, a sacrifié son fils. Cette miséricorde de Dieu nous rejoint par le don de l’Esprit Saint qui, dans le baptême, rend possible, génère et alimente la vie nouvelle de ses disciples. Si grands et graves que puissent être les péchés du monde, l’Esprit, qui renouvelle la face de la terre, rend possible le miracle d’une vie plus humaine, pleine de joie et d’espérance.

Et nous aussi, nous crions avec joie : « Le Seigneur est mon Dieu et mon Sauveur ! ». « Le Seigneur est proche », c’est l’apôtre Paul qui dit cela, rien ne doit nous faire peur, il est proche. Et il n’est pas seul, il est avec sa Mère. Elle disait à saint Juan Diego : « Pourquoi as-tu peur ? Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ? ». Il est proche. Lui et sa Mère. La plus grande miséricorde est dans le fait qu’elle soit au milieu de nous, dans sa présence et sa compagnie. Elle marche avec nous, nous montre la route de l’amour, elle nous relève quand nous tombons – elle le fait avec tendresse ! – elle nous soutient dans nos fatigues, elle nous accompagne dans toutes les circonstances de notre existence. Elle nous ouvre les yeux pour que nous voyions nos misères et celles du monde, mais en même temps elle nous remplit d’espérance. « Et la paix de Dieu […] gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus.» (Ph 4,7), nous dit Paul. Ceci est la source de notre vie pacifiée et heureuse. Rien ni personne ne peut nous priver de cette paix et de ce bonheur, malgré les souffrances et les épreuves de la vie. Avec sa tendresse, le Seigneur nous ouvre son cœur, il nous ouvre son amour. Le Seigneur est allergique à la rigidité. Cultivons cette expérience de miséricorde, de paix et d’espérance, pendant le chemin de l’Avent que nous sommes en train de parcourir à la lumière de l’Année jubilaire. Annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, comme Jean Baptiste, en accomplissant des œuvres de miséricorde, est une bonne manière d’attendre la venue de Jésus dans la Nativité. En l’imitant, lui qui a tout donné, qui s’est entièrement donné. C’est cela sa miséricorde, sans rien attendre en échange.

Dieu se réjouit et se complaît de manière toute spéciale en Marie. Dans une des prières les plus chères au peuple chrétien, le Salve Regina, nous appelons Marie « Mère de miséricorde ». Elle a expérimenté la miséricorde divine, et elle a accueilli dans son sein la source même de cette miséricorde : Jésus Christ. Elle qui a toujours vécu intimement unie à son Fils, elle sait mieux que quiconque ce qu’il veut : que tous les hommes soient sauvés, que personne ne vienne jamais à manquer de la tendresse et de la consolation de Dieu. Que Marie, Mère de Miséricorde, nous aide à comprendre combien Dieu nous aime.

À la Très Sainte Vierge Marie, confions les souffrances et les joies des peuples de tout le continent américain, qui l’aiment comme une mère, la reconnaissent comme leur « sainte patronne », sous le vocable de Notre Dame de Guadalupe. Que « la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, pour que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu » (Bulle Misericordiae Vultus, 24). Demandons-lui, en cette année jubilaire, d’être une graine d’amour miséricordieux dans le cœur des personnes, des familles et des nations ; qu’elle continue de nous répéter : « N’aie pas peur ! Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ? », Mère de Miséricorde. Que nous nous convertissions en devenant miséricordieux, et que les communautés chrétiennes sachent être des oasis et  des sources de miséricorde, témoins d’une charité qui n’admet pas d’exclusions. Pour le demander d’une manière forte, j’irai la vénérer dans son sanctuaire le 13 février prochain, au cours d’un voyage. Ainsi je lui demanderai tout cela pour toute l’Amérique, dont elle est tout spécialement la Mère. Je la supplie de guider les pas de son peuple américain, peuple pèlerin qui cherche la Mère de la Miséricorde, et ne lui demande qu’une seule chose : lui montrer son fils Jésus.

© Traduction de Zenit, Hugues de Warren

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ZENIT Staff

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