L’Église a toujours « la tentation » d’être « séduite par l’argent et le pouvoir », a dit le pape François, mais elle doit s’attacher à « la fidélité au Seigneur Jésus, le Seigneur de la paix, de la joie et du salut ».
Le pape a célébré la messe ce vendredi 20 novembre dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe au Vatican.
« L’Église subira toujours – toujours ! – la tentation de la mondanité et la tentation d’un pouvoir qui n’est pas le pouvoir que Jésus-Christ veut pour elle », a expliqué le pape dans son homélie. Mais il faut « demander la grâce » de ne pas entrer « dans ce processus de dégradation, vers la mondanité qui nous porte à l’attachement à l’argent et au pouvoir ».
« Quand l’Église entre dans ce processus de dégradation, la fin est très mauvaise. Très mauvaise », a souligné le pape.
A propos de la lecture tirée du premier livre des Maccabées, sur la consécration nouvelle du Temple profané par les païens et restauré, le pape a souligné que « les israélites se sentaient heureux », parce qu’ils avaient retrouvé « leur identité, celle de l’alliance avec le Dieu vivant; pas celle de la mondanité, qui leur avait été proposée ». Ils ont consacré le Temple à nouveau avec « des chants, au son des lyres, des harpes et des cymbales, et ils ont béni le Ciel qui avait fait aboutir leur effort ».
« La fête, a expliqué le pape, c’est quelque chose que la mondanité ne sait pas faire, ne peut pas faire ! » : « L’esprit mondain nous porte au maximum à faire un peu de divertissement, un peu de bruit », mais « la joie vient seulement de la fidélité à l’Alliance ».
Dans l’Évangile de Luc, le Christ chasse les vendeurs du Temple, en disant : « Il est écrit : ma maison sera une maison de prière. Vous, au contraire, vous en avez fait un repaire de voleurs.»
Le pape a fait le parallèle entre les deux situations : « À l’époque des Maccabées, l’esprit de la mondanité … avait remplacé l’adoration de Dieu vivant. » À l’époque du Christ, « les chefs du Temple, les chefs des prêtres et les scribes avaient changé un peu les choses. Ils étaient entrés dans un processus de dégradation et ils avaient laissé le Temple sale. Ils avaient sali le Temple ». Et « le Temple », a rappelé le pape, « c’est une icône de l’Église ».
Ces « chefs des prêtres, ces scribes étaient attachés à l’argent, au pouvoir et ils avaient oublié l’esprit », a expliqué le pape : « Pour se justifier et dire qu’ils étaient justes, qu’ils étaient bons, ils avaient changé l’esprit de liberté du Seigneur avec la rigidité ».
Le pape a rappelé comment le Christ a parlé de la rigidité au chapitre 23 de l’Évangile de saint Matthieu : les gens « avaient perdu le sens de Dieu, et la capacité de la joie, et la capacité de la louange : ils ne savaient pas louer Dieu, parce qu’ils étaient attachés à l’argent et au pouvoir, à une forme de mondanité ».
Le pape a précisé que le Christ avait chassé du Temple ceux « qui faisaient les affaires, les affairistes du Temple ». Cependant, « les principaux chefs et les scribes étaient liés à eux » : ils « étaient attachés à l’argent et ils l’adoraient ».
Ces « chefs des prêtres et les scribes » cherchaient à faire mourir Jésus, a continué le pape. « Pourquoi ? » La force de Jésus « était sa parole, son témoignage, son amour. Et là où est Jésus, il n’y a pas de place pour la mondanité, il n’y a pas de place pour la corruption ».
Aujourd’hui encore, a-t-il dit, « c’est la lutte de chacun de nous, c’est la lutte quotidienne de l’Église » : les chrétiens doivent « toujours être avec Jésus », « toujours être suspendus à ses lèvres, pour écouter sa parole, et ne jamais chercher des sécurités (…) d’un autre maître ». « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres, ou Dieu ou la richesse; ou Dieu ou le pouvoir », a scandé le pape.
« Cela fera du bien de prier pour l’Église », a conclu le pape, « de penser à tant de martyrs d’aujourd’hui qui pour ne pas entrer dans cet esprit de mondanité… souffrent et meurent. Aujourd’hui il y a plus de martyrs que dans l’Église des premiers temps… Cela nous fera du bien de penser à eux et de demander aussi la grâce » de ne pas entrer « dans ce processus de dégradation, vers la mondanité qui nous porte à l’attachement à l’argent et au pouvoir.»