C’est « à la lumière de la miséricorde, du pardon du Seigneur, que je comprends mon péché », explique le P. Spadaro, au micro de Radio Vatican en italien.
Le Synode sur la famille est entré ce lundi 19 octobre dans sa troisième et dernière semaine. Il sera clôturé dimanche prochain par une messe célébrée par le pape François dans la basilique Saint-Pierre. Le père jésuite Antonio Spadaro, directeur de la revue La Civiltà Cattolica, participe aux travaux. Il souligne les rapports entre l’Église, le monde, la miséricorde, le péché, la vérité de l’Évangile.
Il fait observer que le pape a voulu lier le synode et le jubilé de la miséricorde : « Il l’a fait explicitement le 6 juillet dans son homélie à Guayaquil, au cours de son voyage apostolique en Equateur. Au fond, ce que nous vivons n’est pas seulement un synode, mais un processus synodal, ouvert en 2013 avec le fameux questionnaire ; puis il y a eu la première étape synodale et maintenant nous vivons la seconde. Mais ces phases déboucheront sur le Jubilé de la miséricorde. »
Le P. Spadaro précise que c’est la miséricorde qui fait prendre conscience du péché : « L’annonce de l’Évangile, c’est-à-dire que le Seigneur est mort pour nous, est mort pour moi, n’est pas l’annonce du péché. Alors il faut bien comprendre la réalité de l’annonce de l’Évangile. L’annonce de l’Évangile est une annonce de miséricorde : à la lumière de la miséricorde, du pardon du Seigneur, je comprends mon péché, je comprends mon péché parce que le risque est de tomber dans une sorte de grand sentiment de culpabilité. Cela veut dire que sans perception d’un Dieu miséricordieux, le sens du péché se limite à un sentiment de culpabilité, souvent inutile. »
« La miséricorde est la vérité de l’Évangile, fait observer le P. Spadaro. Donc toute opposition entre doctrine et pastorale, entre miséricorde et vérité n’a aucun sens. La doctrine de l’Évangile, c’est-à-dire l’enseignement du Seigneur, est l’enseignement de la miséricorde. De là découle ensuite tout le reste. »
Il souligne aussi le rapport entre l’Église et le monde vécu au synode : « En entrant dans la salle du synode, on se rend compte d’avoir le monde entier devant nous, explique-t-il. Les pasteurs viennent de tous les coins du monde et apportent avec eux les défis et les langages de leurs peuples (…). C’est un réel moment de confrontation, où se pose le problème du langage : comment affronter évangéliquement des défis qui diffèrent selon les endroits. »
Il fait observer que c’est un « processus de discernement » qui est engagé, « comme le souhaite le pape » : « Les relations entre l’Église et le monde sont en jeu. Voilà ce qui est vraiment en jeu à ce synode : voir comment l’Église doit vivre ses rapports avec la réalité d’aujourd’hui, laquelle est soumise à de grands défis, de gros changements, mais de manière très différente – je le répète – selon les endroits de la terre. »
Il revient sur la pratique de l’écoute, mise en avant par le pape François : « On ne peut éclairer la réalité sans l’avoir écoutée. L’homme n’est pas un élément étranger à la prédication de l’Évangile : l’Évangile n’est pas une doctrine exacte qui va toucher les hommes de l’extérieur comme une pierre. Il doit s’incarner dans le vécu des vies, dans les expériences ; parfois même conflictuelles, ou alors au contraire sereines… Cette dimension, ce rapport avec la réalité, avec l’expérience réelle, est fondamental. L’Évangile doit éclairer les vies dans leur concret. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall