Des cardinaux démentent avoir signé une « Lettre des 13 » adressée au pape, déclare le Père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Vatican.
Le Père Lombardi est intervenu à ce sujet lors du point presse quotidien du synode, ce lundi 12 octobre 2015.
« Parmi les 13 cardinaux indiqués comme signataires, deux d’entre eux, directement interpellés, ont déjà déclaré ne rien avoir signé de semblable », a réagi le porte-parole.
« Ces deux personnes sont le cardinal Vingt-Trois et le cardinal Scola », a-t-il précisé.
Ce document intitulé « 13 cardinaux ont écrit au pape » avait été publié le matin même avec une lettre dans différents médias.
« Je ne sais pas si une telle lettre existe, mais en tout cas, je ne l’ai pas lue. Si elle existe, c’est au pape qu’il revient de dire : je l’ai reçue ou ne l’ai pas reçue », a-t-il répondu à la sollicitation d’un journaliste.
Le Cardinal Peter Erdő, Rapporteur général du synode, et le cardinal Mauro Piacenza, Pénitencier majeur, ont également démenti avoir signé une telle lettre.
Pour sa part, le cardinal australien George Pell, préfet du Secrétariat pour l’économie, proteste que la lettre était « privée », qu’elle ne devait donc pas être publiée, et il déplore que le texte publié contienne des erreurs sur les signataires.
Luis Badilla (Il Sismografo) résume avec un sourire: “une énigme enveloppée d’un mystère”.
L’histoire peut être schématisée en 5 points, à l’heure où nous écrivons (23h, lundi 12 octobre):
1) Il existe bien une lettre (privée) de certains pères du synode au pape François.
2) Mais son contenu ne correspond pas à celui publié en italien, ce 12 octobre dans la presse italienne.
3) Les signataires ne peuvent pas être 13 puisque 4 ont d’ores et déjà déclaré ne pas l’avoir signée: leurs noms ont été diffusés arbitrairement sans leur consentement. Ils ne sont plus que 9, sur 270 pères synodaux, de quoi redimensionner l’affaire. (Mardi matin, 13 octobre, 4 noms supplémentaires sont apparus, donc ils sont bien 13, 13 toujours sur 270 et dont 2 se déclarent maintenant satisfaits de la tournure que prend le synode, et un demande des comptes à qui a publié une lettre qui devait rester non pas « secrète » mais « privée ».)
4) Le cardinal Wilfrid Napier (Afrique du Sud) reconnaît avoir signé une lettre, mais avec un autre contenu, pas celui qui a été diffusé: ils ne sont plus que 8. Il déclare dans une communication du P. Lombardi, mardi 13 octobre, qu’il reconnaît absolument le droit du pape François de nommer une commission pour le Rapport final, alors de l’article lui fait dire exactement le contraire « de façon erronée ».
5) Le cardinal australien George Pell indique que la lettre « privée » diffusée contient des erreurs dans la liste des signataires, on en a déduit qu’il est l’un des signataires. Le P. Lombardi a répété mardi matin à ce sujet que le card. Pell déplore la publication d’une lettre et de signatures qui devaient demeurer « privées ».
Mardi 13 octobre, lors du point presse de la mi-journée, le P. Lombardi a affirmé que la publication de cette lettre a jeté de la « confusion », du « trouble », ce qu les signataires ne voulaient pas. Il a aussi affirmé que le pape et le cardinal Baldisseri ont répond aux objections de la lettre, mardi matin en salle.
Enfin le P. Lombardi a noté le climat général du synode: un climat « positif qui se respire dans la salle du synode sans se laisser conditionner par cette publication qui a suscité quelque confusion ». « Sans se laisser conditionner » est une expression qui est revenue plusieurs fois dans l’intervention du P. Lombardi comme caractérisant l’attitude voulue par les pères du synode.
Il faudrait rappeler en colusion ces paroles du P. Lombardi au début du point presse de lundi 12 octobre: « Soyez attentifs! Ne considérez pas toujours comme bon ce qui est publié: vérifiez d’abord! »
