Le Saint-Siège redit son engagement pour « la promotion et la protection des droits de l’homme et de la dignité inhérente des personnes âgées ».
Le Saint-Siège est en effet intervenu aux Nations Unies, lors de la 6ème session du Groupe de travail sur le vieillissement, sur le thème: « Cadre international existant sur les droits de l’homme des personnes âgées et identification de lacunes au niveau international ». La session a eu lieu à New York, le 16 juillet 2015.
« Cette discussion est particulièrement pertinente en un temps où les personnes âgées sont abandonnées, non seulement dans une instabilité financière, mais où on les fait se sentir un poids pour la société », a fait observer Mgr Auza.
Il a souligné l’importance de mettre en place « des politiques et des programmes qui traitent des causes sous-jacentes aux violations [des droits de l’homme] qu’elle souhaite éviter ».
Mais surtout il indique l’antidote : la « compréhension de la valeur de la vieillesse et cette contribution des personnes âgées à notre société sont l’une des antidotes les plus importantes à la tendance à réduire les personnes âgées en termes purement utilitaires ».
Voici notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Auza.
Discours de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège est heureux de participer à la 6ème session du Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement, et souhaite vous rendre hommage pour votre présidence et vous remercier pour votre engagement sans faille en tant que président de ce groupe de travail à composition non limitée depuis sa première session en 2011.
Je désire vous assurer que ma délégation demeure engagée dans la promotion et la protection des droits de l’homme et de la dignité inhérente des personnes âgées, et dans l’élimination de toutes les formes de discrimination basées sur l’âge. Cette discussion est particulièrement pertinente en un temps où les personnes âgées sont abandonnées, non seulement dans une instabilité financière, mais où on les fait se sentir un poids pour la société. Comme l’a affirmé le pape François, « C’est brutal de voir combien on se débarrasse des personnes âgées… Personne n’ose le dire ouvertement, mais c’est ce que l’on fait ! » (Audience générale du 4 mars 2015, « La famille, 6. Les personnes âgées »).
En Occident, les chiffres nous disent que le siècle actuel est le siècle du vieillissement : le nombre des enfants diminue, celui des personnes âgées augmente. Actuellement, 700 millions de personnes, soit 10 pour cent de la population mondiale, ont plus de 60 ans. En 2050, on estime que ce nombre aura doublé, atteignant 20 pour cent de la population mondiale. (Rapport du Haut commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, E/2012/51, 2012). Ce déséquilibre croissant est un grand défi pour la société contemporaine. Par exemple, cela met une pression accrue sur les systèmes de soins de santé et de protection sociale. Compte tenu de ces chiffres, ma délégation aimerait attirer une attention particulière sur les besoins des femmes âgées qui sont souvent exclues ou négligées.
Par conséquent, comme le nombre de personnes âgées s’accroît avec l’augmentation de l’espérance de vie, il deviendra de plus en plus important de promouvoir une attitude d’acceptation et d’appréciation des personnes âgées et de mieux les intégrer dans la société. Ma délégation aimerait redire que l’idéal est toujours que les personnes âgées restent dans leur famille, avec la garantie d’une assistance sociale efficace pour les besoins croissants entrainés par l’âge ou la maladie.
Monsieur le Président,
Si l’on réfléchit aux sessions précédentes, il est évident qu’il existe des préoccupations concernant les graves lacunes dans la protection des droits des personnes âgées et qu’il n’y a pas encore d’accord sur la façon de les aborder. Certains ont parlé de la création de nouveaux mécanismes similaires à la Convention relative aux droits des personnes handicapées ; d’autres ont souligné la nécessité de s’acquitter des engagements que les États ont déjà pris sur cette question ; d’autres encore pensent que le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement contient déjà les mesures que nous avons à adopter pour protéger les droits des personnes âgées.
Afin de garantir que le système des droits de l’homme est efficace et que les engagements sont remplis, nous devons reconnaître qu’une approche fondée uniquement sur le respect des droits de l’homme ne sera pas suffisante tant qu’elle n’est pas complétée par des politiques et des programmes qui traitent des causes sous-jacentes aux violations qu’elle souhaite éviter.
À cet égard, il est crucial que nous promouvions des politiques et des systèmes d’éducation proposant une approche alternative à la « culture du jetable » dominante, qui juge les êtres humains tout simplement selon ce qu’ils produisent. Trop souvent, les personnes âgées se sentent inutiles et seules parce qu’elles ont perdu leur place dans la société.
Bien qu’il soit important de réaffirmer le droit des personnes âgées à travailler ou à recevoir une formation des compétences pertinente, nous devons veiller à ce que les politiques que nous encourageons ne jouent pas le même jeu lassant qui réduit notre valeur d’êtres humains à ce que nous produisons, tout en ignorant notre dignité inhérente et les nombreuses autres façons dont les plus vulnérables parmi nous contribuent au plus grand bien de la société. Les personnes âgées sont une ressource et un point de référence essentiel à une époque où beaucoup luttent pour trouver leur identité et ont perdu espoir. Leur mémoire collective et leur richesse d’expérience soutiennent et guident la société, assurant une direction et surtout un espoir aux futures générations qui ne doivent pas se confronter seules aux combats de la vie.
Cette compréhension de la valeur de la vieillesse et cette contribution des personnes âgées à notre société sont l’une des antidotes les plus importantes à la tendance à réduire les personnes âgées en termes purement utilitaires. C’est la seule façon de travailler vers un monde qui respecte librement et entièrement les droits de ses aînés.
Merci, Monsieur le Président.
Traduction de Zenit, Constance Roques