« La poursuite des efforts et de l’engagement de tous » : c’est ce qu’espère le Vatican pour que l’accord iranien porte des fruits.
En réponse aux questions des journalistes, le Directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi sj, a exprimé la satisfaction du Saint-Siège, qui cependant invite à aller plus loin : « L’accord sur le programme nucléaire iranien est perçu positivement par le Saint-Siège. C’est un résultat important des négociations qui ont eu lieu jusqu’ici, mais qui nécessite la poursuite des efforts et de l’engagement de tous pour qu’il porte ses fruits. Fruits dont on espère qu’ils ne se limitent pas au seul domaine du programme nucléaire, mais qui s’élargissent aussi dans d’autres directions. »
Une ouverture analogue a été exprimée par Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, à l’ouverture de la réunion ministérielle qui devait officialiser l’accord, ce mardi matin, 14 juillet : « Les décisions que nous prenons aujourd’hui ne portent pas seulement sur le nucléaire iranien mais peuvent ouvrir un nouveau chapitre dans les relations internationales. »
Pour le Saint-Siège, la dénucléarisation des arsenaux est un devoir de la planète. En mai dernier encore, à l’ONU, à New York, Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège, a affirmé que « un dollar dépensé pour le développement a beaucoup plus d’impact sur la paix mondiale et la sécurité « qu’un dollar consacré aux programmes d’armes nucléaires ».
Mgr Auza est intervenu lors du congrès « De la dissuasion nucléaire au désarmement : l’évolution des perspectives catholiques », qui a eu lieu le 7 mai 2015, dans le cadre de la 9e conférence (27 avril-22 mai) de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Malgré « les réductions substantielles des stocks d’armes nucléaires de la part de certains États », le Saint-Siège souligne « l’absence de progrès » quant au désarmement, qui était un engagement des parties signataires du TNP. Il note plutôt un « potentiel pour la prolifération des armes nucléaires ».
Mgr Auza rappelle que l’Église catholique s’est constamment prononcée pour l’abolition des armes nucléaires : de Pie XII au pape François, « le Saint-Siège a pris une position morale contre les armes nucléaires avant même leur création, a toujours appelé à leur suppression, et continue à travailler pour un monde, non seulement sans armes nucléaires, mais sans guerre ». En outre, « très tôt, l’Église catholique a toujours rejeté la dissuasion nucléaire » comme un outil efficace pour la paix.
L’archevêque développe certains éléments appuyant la nécessité du désarmement, notamment « l’illégitimité de l’utilisation des armes nucléaires vis-à-vis du droit international humanitaire », en raison « des conséquences incalculables » que cela provoquerait.
Il met en perspective « les graves menaces posées » par le terrorisme : « la perspective que des acteurs non étatiques puissent acquérir des armes nucléaires ne peut être contrée par le recours à la dissuasion nucléaire ».
Enfin, il insiste sur « le scandale de la pauvreté extrême » : « les investissements dans les forces militaires, y compris dans les armes nucléaires et les programmes de modernisation, détournent les ressources financières des besoins des pauvres ».
Pour le Saint-Siège, « un dollar dépensé pour le développement a beaucoup plus d’impact sur la paix mondiale et la sécurité qu’un dollar consacré aux programmes d’armes nucléaires ». Il dénonce « les sommes extravagantes dépensées pour les armes », qui « ne peuvent pas remédier aux misères qui affligent le monde d’aujourd’hui ».
« Il serait naïf de chercher à assurer la paix et la sécurité dans le monde par les armes nucléaires plutôt que par l’éradication de l’extrême pauvreté, en rendant les soins de santé et l’éducation accessible à tous, et en promouvant des sociétés pacifiques à travers le dialogue et la solidarité », ajoute Mgr Auza.
L’archevêque conclut en citant le message du pape à la Conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, organisée les 8 et 9 décembre 2014, à Vienne, en Autriche : « Je suis convaincu que le désir de paix et de fraternité, profondément enraciné dans le cœur humain, portera ses fruits de manière concrète pour assurer que les armes nucléaires soient interdites une fois pour toutes, au bénéfice de notre ‘maison commune’ ».
L’accord a été conclu à Vienne (Autriche) entre l’Iran et le groupe « 5+1 » qui regroupe Etats-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne et Russie, après 12 ans de discussions et 2 ans de tractations.
Il limite l’enrichissement de l’uranium iranien à l’utilisation civile et le renforcement des inspections de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) sur les sites de production.
La contrepartie est la levée progressive des sanctions internationales qui frappent l’Iran depuis 2006.