« Une foi qui ne se fait pas solidarité est une foi morte (…), une foi sans le Christ, une foi sans Dieu, une foi sans frères », déclare le pape François qui exhorte les chrétiens à ne pas « laisser le diable les diviser ».
Au troisième jour de sa visite au Paraguay – troisième étape de son voyage latino-américain – le pape a passé une heure auprès de la population du bidonville de Banado Norte d’Asuncion, pour un temps de rencontre et de témoignages, devant la chapelle de Saint Jean-Baptiste, où il est arrivé aux environs de 8h du matin (14h à Rome), ce 12 juillet 2015.
Après l’intervention de deux femmes impliquées dans des activités sociales ecclésiales, il a salué les habitants à la lumière de la vie de la Sainte Famille : « Tout ce que vous faites pour vaincre les intempéries, les inondations de ces dernières semaines, tout me ramène à la mémoire la petite famille de Bethléem. Une lutte qui ne vous a pas ôté le sourire, la joie, l’espérance. »
Après son discours, le pape a planté trois oliviers de la paix, dans le cadre du réseau éducatif Scholas Occurentes – qui a son siège au Vatican – pour Haïti, la Colombie, et le Paraguay.
A.K.
Paroles du pape François
Chers amis,
Avec grande joie j’ai voulu vous rendre visite ce matin. Je ne pouvais pas me trouver au Paraguay sans vous rencontrer, sans fouler votre terre.
Nous nous rencontrons ici dans cette Paroisse consacrée à la Sainte Famille et je vous avoue que depuis que j’ai commencé à penser à cette visite, dès que j’ai commencé à venir de Rome jusqu’ici, j’ai pensé à la Sainte Famille. Et quand je pensais à vous, je me souvenais de la Sainte-Famille. Voir vos visages, vos enfants, vos grands parents. Écouter vos histoires et tout ce que vous avez réalisé pour être ici, toutes les luttes que vous avez menées pour avoir une vie digne, un toit. Tout ce que vous faites pour vaincre les intempéries, les inondations de ces dernières semaines, tout cela me ramène à la mémoire la petite famille de Bethléem. Une lutte qui ne vous a pas ôté le sourire, la joie, l’espérance. Un combat qui n’a pas enrayé chez vous la solidarité, au contraire il l’a stimulée, l’a fait grandir.
Je veux m’arrêter sur Joseph et Marie à Bethléem. Ils avaient dû quitter leur terre, leurs proches, leurs amis. Ils avaient dû laisser leurs affaires et aller dans une autre terre. Une terre où ils ne connaissaient personne, où ils n’avaient ni maison ni famille. À ce moment, ce jeune couple eut Jésus. Dans ce contexte, dans une grotte préparée, ce jeune couple nous a offert Jésus. Ils étaient seuls, dans une terre étrangère, eux trois. À l’improviste, commencèrent à apparaître des gens, des bergers. Des personnes comme eux qui avaient dû abandonner leur propre réalité pour trouver de meilleures opportunités familiales. Leur vie était liée aux intempéries et à des inclémences « d’autre genre ».
Quand ils se rendirent compte de la naissance de Jésus, ils s’approchèrent, ils se firent proches, ils se firent voisins. Ils devinrent aussitôt la famille de Marie et de Joseph. La famille de Jésus.
C’est ce qui arrive quand Jésus apparaît dans notre vie. C’est ce que la foi suscite. La foi nous rend proches, nous fait proches de la vie des autres. La foi suscite notre engagement, notre solidarité. Une vertu humaine et chrétienne que vous avez, que beaucoup beaucoup ont et que nous devons apprendre. La naissance de Jésus réveille notre vie. Une foi qui ne se fait pas solidarité est une foi morte ou une foi mensongère. « Je suis un homme, une femme très catholique, je vais à la messe tous les dimanches. » « Mais, Madame, Monsieur, dites-moi, qu’est-ce qui se passe à Bañados? » « Non, non, je ne sais pas. Je sais qu’il y a des gens là-bas, mais je ne sais pas. » « Pour plus de messes le dimanche , si vous n’avez pas le sens de la solidarité, si tu ne sais pas ce qui se passe dans ton peuple, ta foi est très faible. Ou malade. Ou morte. C’est une foi sans le Christ, une foi sans solidarité, une foi sans Dieu, une foi sans frères. Il y a donc ce proverbe dont j’espère je me souviens correctement, qui décrit bien ce problème d’une foi sans solidarité: « Un Dieu sans peuple, un peuple sans frères, un peuple sans Jésus. » Voilà la foi sans solidarité, et Dieu est venu au milieu de son peuple, il l’a choisi, pour l’accompagner et il a envoyé son fils à ce peuple pour le sauver, pour l’aider. Dieu s’est fait solidaire de ce peuple et Jésus n’a eu aucun problème à descendre, à s’humilier, à s’abaisser, jusqu’à mourir, pour chacun de nous, pour cette solidarité soeur, pour cette solidarité qui naît de l’amour qu’avait son Père et de l’amour qu’Il avait pour chacun de nous. Souvenez-vous, quand une foi n’est pas solidaire, ou elle est malade ou elle est morte.
Le premier à être solidaire a été le Seigneur, qui a choisi de vivre parmi nous. Moi, je viens comme ces bergers. Je veux me faire proche. Je veux bénir votre foi, je veux bénir vos mains, je veux bénir votre communauté. Je suis venu pour rendre grâce avec vous, parce que la foi s’est faite espérance et elle est une espérance qui stimule l’amour. La foi que Jésus suscite est une foi qui a la capacité de rêver l’avenir, de lutter pour lui dans le présent. C’est précisément pour cela que je veux vous encourager à continuer à être missionnaires, à continuer à transmettre cette foi par ces chemins. Cette foi qui nous rend solidaires envers les autres, notre frère aîné, Jésus, et notre Mère la Vierge.. En vous faisant proches spécialement des plus jeunes et des personnes âgées. Soutien des jeunes familles et de ceux qui traversent des moments difficiles. Peut-être le message le plus fort que vous puissiez transmettre c’est cette foi solidaire. Le diable veut que vous vous disputiez, parce qu’ainsi il divise, il l’emporte, et il vous vole la foi. Solidarité de frères pour défendre la foi, solidarité de frères pour défendre la foi. Et, de plus, que cette foi solidaire soit un message pour toute la ville.
Je veux prier pour vos familles et prier la Sainte Famille, pour que son modèle, son témoignage continuent à être lumière sur le chemin, encouragement dans les moments difficiles et qu’elle nous donne la grâce d’un cadeau, nous le demandons ensemble, tous, que la Sainte Famille nous donne des « pasteurs », qu’elle nous offre des prêtres, des évêques, ces « bergers » capables d’accompagner, de soutenir et de stimuler la vie de vos familles. Capables de faire grandir cette foi solidaire.
Je vous invite à prier ensemble et je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi. Prions ensemble une prière à Notre Père, qui nous fait frères, nous a envoyé notre frère, son Fils Jésus et nous a donné une Mère qui nous accompagnera.
© Librairie éditrice du Vatican et Zenit, Anita Bourdin, pour les passages improvisés.