En Bolivie, le pape François appelle de ses voeux l’avènement d’un « temps de l’intégration », notamment grâce à la famille, au sein de laquelle « tant de problèmes sociaux sont résolus en silence » : c’est ce qu’il déclare devant les autorités civiles boliviennes, le 8 juillet 2015.
A son arrivée à La Paz, après sa visite en Equateur, le pape a rendu une visite de courtoisie au président Evo Morales au palais du gouvernement. Puis il a rencontré les autorités civiles en la cathédrale de La Paz, à 19h (1h du matin heure de Rome).
« Bien commun » ou « bien-être »
« Je suis certain de votre recherche de beau, de vrai, de bien, dans l’engagement pour le bien commun », leur a déclaré le pape en les encourageant à « grandir dans un plus grand respect pour la personne humaine », et à « distribuer la richesse », pour « la paix sociale, la stabilité et la sécurité ».
Mais il a mis en garde contre le danger de « s’habituer à l’ambiance d’iniquité » et de confondre le « bien commun » avec le « bien-être » : ce dernier, « qui se réfère seulement à l’abondance matérielle, tend à être égoïste, à défendre les intérêts de partis, à ne pas penser aux autres, et à céder à l’attrait du consumérisme ». Il est porteur « de conflits, il génère le mal de la corruption ».
Le bien commun quant à lui « est supérieur à la somme des intérêts individuels ; il est le passage de ce qui “est mieux pour moi” à ce qui “est mieux pour tous”, et il englobe tout ce qui donne cohésion à un peuple », a-t-il ajouté.
Le temps de l’intégration
Le pape a aussi plaidé pour le développement de la diplomatie avec les pays voisins, afin « d’éviter des conflits entre peuples frères », en menant « un dialogue franc et ouvert sur les problèmes » et en cherchant « des solutions raisonnables, équitables et durables ». En d’autres termes, « construire des ponts au lieu d’élever des murs ».
« La Bolivie traverse un moment historique », a-t-il constaté en souhaitant que s’ouvre « le temps de l’intégration, en cette terre où l’exploitation, l’avidité, les multiples égoïsmes et les perspectives sectaires ont assombri l’histoire » : grâce à sa « richesse », la Bolivie « peut créer de nouvelles synthèses culturelles », a-t-il affirmé.
Dans ce processus social, il a souligné l’importance de la famille, au sein de laquelle « tant de problèmes sociaux sont résolus en silence ». Mais elle est aujourd’hui « menacée de toutes parts, par tant de facteurs », a-t-il déploré : « violence domestique, alcoolisme, machisme, drogue, manque de travail, insécurité civile, abandon des personnes âgées, enfants de rue, colonisations idéologiques ». Pour le pape, « ne pas promouvoir la famille, c’est laisser les plus vulnérables sans protection ».
Pour une écologie intégrale
« L’environnement naturel et l’environnement social, politique et économique sont étroitement liés », a aussi souligné le pape qui a plaidé pour « une écologie intégrale qui englobe toutes les dimensions humaines pour résoudre les graves problèmes socio-environnementaux de nos jours ». Cela demande « une écologie de la mère terre ».
Au contraire, a-t-il mis en garde, « si la politique est dominée par la spéculation financière ou si l’économie n’est régulée que par le paradigme technocratique et utilitariste de la production, on ne peut ni comprendre, ni encore moins résoudre les grands problèmes qui affligent l’humanité ».
L’écologie intégrale doit également prendre en compte la culture, qui implique les traditions populaires locales avec « leur propre sensibilité envers leur environnement » et « le rôle spécifique des religions dans le développement […] et les bénéfices qu’elles peuvent apporter à la société ».
La foi, une lumière qui n’aveugle pas
« Les chrétiens, en particulier, sont porteurs d’un message de salut qui a en soi la capacité d’ennoblir les personnes, d’inspirer de hauts idéaux capables de donner une impulsion à des lignes d’action qui aillent au-delà de l’intérêt individuel, en permettant d’intégrer la sobriété et les autres vertus qui nous soutiennent et nous unissent », a poursuivi le pape.
D’ailleurs, « le christianisme a eu un rôle important dans la formation de l’identité du peuple bolivien », qui a exprimé les vertus sociales « si simplement dans les trois commandements : ne pas mentir, ne pas voler, ne pas être paresseux ».
« La foi ne peut pas être réduite à la sphère purement subjective. Elle n’est pas une sous-culture » mais elle « est une lumière qui n’aveugle pas ; les idéologies aveuglent, la foi est une lumière qui oriente avec respect la conscience et l’histoire de toute personne et de toute société humaine », a-t-il insisté.
A l’issue de la rencontre, le pape a quitté La Paz en avion pour rejoindre la deuxième plus grande ville du pays, Santa Cruz de la Sierra.