ONU : les réfugiés ne sont pas des coupables, mais des victimes

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Mgr Tomasi appelle la communauté internationale à protéger « leurs droits et leur dignité » : « un investissement qui garantit le respect et la protection de la dignité de tous ».

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Les réfugiés sont « des êtres humains eux-mêmes victimes de tragédies qui les ont forcés à l’exil », souligne Mgr Tomasi qui dénonce à leur égard « une hostilité irrationnelle » comme s’ils étaient « coupables de leur propre condition ».

Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève, est intervenu à la 63e réunion du Comité permanent de la Commission pour les réfugiés, le 24 juin 2015.

« La protection des personnes déracinées de force demeure une priorité pour la communauté internationale », a affirmé d’emblée l’archevêque, déplorant les chiffres de 2014 : plus de 60 millions de personnes sont actuellement déplacées pour une variété de raisons, « le plus grand nombre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».

Pour le Saint-Siège, « le sort de tant d’exilés appelle à la fois compassion et indignation pour la souffrance injuste qui leur est infligée ». Mais le plus souvent les victimes « de violence et d’abus » rencontrent « une hostilité irrationnelle » comme si elles étaient « coupables de leur propre condition », a fait observer Mgr Tomasi.

En effet, l’approche actuelle, « exclusivement axée sur la sécurité », écarte deux faits : « que les demandeurs d’asile ne sont pas un problème, mais des êtres humains eux-mêmes victimes de tragédies qui les ont forcés à l’exil; et que le bien commun va au-delà des frontières nationales d’un seul État ».

« La communauté internationale doit aller au-delà des émotions, et traduire en action son devoir de protéger », a déclaré l’archevêque : « Ce sont des personnes humaines et la protection de leurs droits et de leur dignité est un investissement qui garantit le respect et la protection de la dignité de tous… La première étape est une attitude d’accueil qui devrait commencer aux frontières. »

Il a souligné le double apport des personnes déracinées de force, qui peuvent être « une ressource pour la reconstruction et la stabilisation de leur propre pays » et qui apportent « leur intelligence et leurs compétences dans la construction d’un avenir commun qui profite à tous » dans les pays de nouvelle résidence.

Outre le manque d’accueil, certains demandeurs d’asile « ne sont pas protégés par les instruments juridiques existants », a-t-il poursuivi : ce sont ceux « qui cherchent à fuir la pauvreté croissante causée par la dégradation de l’environnement » et les « personnes déplacées dans le contexte de catastrophes climatiques ».

Appelant la communauté internationale à « plus d’innovation », le Saint-Siège a proposé « de nouvelles formes juridiques de protection », telles « l’utilisation de visas humanitaires d’une manière plus large », ou « l’ouverture de voies légales pour que les demandeurs d’asile n’aient pas à risquer leur vie sur des embarcations de fortune, des terres de passage mortelles ou à payer des sommes exorbitantes pour atteindre un havre de paix ».

Pour améliorer la situation dans les États d’origine des migrants, si « le financement est nécessaire », il faut aussi développer « la prévention de la violence et des ravages du changement climatique » afin d’« épargner beaucoup de souffrances et de pertes financières ».

Dans la répartition des aides financières pour le développement, Mgr Tomasi a recommandé « une attention particulière aux pays d’accueil de réfugiés », qui sont les pays voisins : « La communauté internationale doit assumer collectivement la responsabilité d’aider les victimes des conflits. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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