Pope Francis meet priest in the catedral of Rome - 12 June 2015

CTV - SAT 2000 - OSSERVATORE ROMANO

Le pape veut des pasteurs "avec la tendresse de Dieu"

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Voici notre traduction intégrale de l’homélie du pape François au cours de la IIIe retraite sacerdotale mondiale à Rome.

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« Je vous demande d’être des pasteurs avec la tendresse de Dieu. De quitter le « fouet » pendu dans la sacristie et d’être des pasteurs avec tendresse », déclare le pape François aux participants de la IIIe retraite sacerdotale mondiale à Rome.

L’événement charismatique organisé par l’ICCRS (International catholic charismatic renewal services) et la Catholic Fraternity (Fraternité catholique des communautés et des associations charismatiques d’alliance) a eu lieu du 10 au 14 juin 2015 à Saint-Jean-du-Latran à Rome, sur le thème « Appelés à la sainteté pour une nouvelle évangélisation », avec pour fil conducteur l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium.

Le pape a rejoint les participants l’après-midi du 12 juin, fête du Sacré-Coeur de Jésus : après une méditation sur le thème “Transformés par l’amour et pour l’amour”, il a engagé un temps de dialogue avec les prêtres. Puis il a célébré la messe au cours de laquelle il leur a remis un mandat missionnaire.

Durant l’homélie, il les a invités à un examen de conscience en méditant sur la parabole de la brebis perdue : le pasteur « ne la frappa pas, ne la réprimanda pas : il la prit dans ses bras et la serra contre lui, la soigna, car elle était blessée. Faites-vous cela avec vos fidèles ? Lorsque vous voyez qu’il en manque un dans le troupeau ? Ou sommes-nous habitués à être une Église qui a une seule brebis dans son troupeau et laissons les 99 autres se perdre dans la montagne ? Toute cette tendresse vous émeut-elle ? Es-tu un pasteur de brebis ou es-tu devenu quelqu’un qui passe son temps à « coiffer » sa seule brebis ? »

« Que de fois je pense que nous avons peur de la tendresse de Dieu et que c’est justement parce que nous en avons peur que nous ne la laissons pas agir en nous, qu’il nous arrive tant de fois d’être durs, sévères, des punisseurs », a-t-il ajouté.

A.K.

Homélie du pape François

Dans la première lecture nous abordons la tendresse de Dieu : Dieu raconte à son peuple combien Il l’aime et veille sur lui. Ce que Dieu dit à son peuple dans cette lecture du prophète Osée, chapitre 11, Il le dit à chacun de nous. C’est un bon texte à lire dans les moments de solitude, car il nous met en présence de Dieu qui nous dit: « Quand tu étais enfant, je t’ai aimé; je t’ai aimé enfant; je t’ai sauvé; je t’ai fait sortir d’Égypte, je t’ai sauvé de l’esclavage », de l’esclavage du péché, de l’esclavage de l’autodestruction et de tout esclavage que chacun sait qu’il a, qu’il a eu et qu’il a au fond de lui. « Je t’ai sauvé et t’ai appris à marcher ». Écouter Dieu m’apprendre à marcher, que c’est beau ! Le Tout-Puissant s’abaisse et m’enseigne à marcher. Je me souviens de cette phrase du Deutéronome, quand Moïse dit à son peuple : « Écoutez – je vois que ce peuple a la tête dure ! – : Quelle est la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous ? ». Et la proximité de Dieu c’est cette tendresse: il m’a appris à marcher. Sans Lui je ne saurais pas marcher dans l’Esprit. « Et je te donnais la main. Mais tu n’as pas compris que je te guidais, tu croyais que je t’aurais laissé seul ». Cette histoire est celle de chacun de nous. « Je te tirais par des liens humains et non des lois punitives ». Avec des liens d’amour, des liens qui soudent. L’amour lie, mais lie dans la liberté; il lie en te laissant de l’espace pour que tu répondes avec amour. « Je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ; je me penchais vers lui pour le faire manger. ». Cette histoire est notre histoire, mon histoire. Chacun de nous peut lire ici sa propre histoire. « Dis-moi, comment puis-je t’abandonner maintenant? Comment puis-je te livrer à l’ennemi? ». Dans les moments où nous avons peur, où nous manquons d’assurance, Il nous dit : « Si j’ai fait tout cela pour toi, comment peux-tu imaginer que je te laisse seul, que je t’abandonne ? ».

Sur les côtes de Libye, les 23 martyrs coptes étaient sûrs que Dieu ne les abandonnerait pas. Et ils se sont fait décapiter en prononçant le nom de Jésus ! Tandis qu’on leur coupait la tête, ils savaient que Dieu ne les avait pas abandonnés.

« Comment puis-je te traiter en ennemi? Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. ». La tendresse de Dieu s’allume, cette chaude tendresse que Dieu seul est capable de donner. « Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère » pour les péchés qui existent, pour toutes ces incompréhensions, pour le fait d’adorer des idoles. « Car moi je suis Dieu, au milieu de vous je suis le Dieu saint ». Nous avons ici la déclaration d’amour d’un père à son fils. Et à chacun de nous.

Que de fois je pense que nous avons peur de la tendresse de Dieu et que c’est justement parce que nous en avons peur que nous ne la laissons pas agir en nous, qu’il nous arrive tant de fois d’être durs, sévères, des punisseurs… Nous sommes des pasteurs sans tendresse. Que nous dit Jésus dans le chapitre 15 de Luc ? Ce pasteur qui s’était rendu compte qu’il avait 99 brebis après en avoir perdu une. Il les laissa sous bonne garde, fermées à clef et partit chercher celle qui manquait. Celle-ci était prise dans les ronces… Il ne la frappa pas, ne la réprimanda pas : il la prit dans ses bras et la serra contre lui, la soigna, car elle était blessée. Faites-vous cela avec vos fidèles? Lorsque vous voyez qu’il en manque un dans le troupeau? Ou sommes-nous habitués à être une Église qui a une seule brebis dans son troupeau et laissons les 99 autres se perdre dans la montagne ? Toute cette tendresse vous émeut-elle ? Es-tu un pasteur de brebis ou es-tu devenu quelqu’un qui passe son temps à « coiffer » sa seule brebis? Parce que tu ne cherches que toi-même et que tu as oublié la tendresse que ton Père t’a donnée, et Il te le raconte ici, dans le chapitre 11 d’Osée. Et tu as oublié comment se donnait la tendresse. Le cœur du Christ est la tendresse de Dieu. « Comme puis-je te laisser diminuer? Comment puis-je t’abandonner? Quand tu es seul, désorienté, perdu, viens me voir, et je te sauverai, je te consolerai ».

Aujourd’hui, lors de cette retraite, je vous demande d’être des pasteurs avec la tendresse de Dieu. De quitter le « fouet » pendu dans la Sacristie et d’être des pasteurs avec tendresse, voire même avec ceux qui vous créent plus de problèmes. C’est une grâce. C’est une grâce de Dieu. Nous ne croyons pas en un Dieu éthéré, nous croyons en un Dieu qui s’est fait chair, qui a un cœur et ce cœur, aujourd’hui, nous parle : « Venez à moi. Si vous êtes fatigués, opprimés, et je vous restaurerai. Mais les plus petits traitez-les avec tendresse, avec cette même tendresse que j’utilise pour les traiter ». Voilà ce que nous dit le Cœur de Jésus Christ aujourd’hui, et c’est ce que demande, à cette messe, pour vous comme pour moi.

Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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ZENIT Staff

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