« Un important pas en avant » : c’est en ces termes que le P. Saleh Diego, président de la Commission « Justice et Paix » de la Conférence épiscopale pakistanaise et chancelier du diocèse de Karachi, qualifie le projet de loi du gouvernement pakistanais pour contrecarrer les abus de la législation sur le blasphème.
Il exprime son espoir à l’agence vaticane Fides : « Il s’agit d’un important pas en avant. Nous espérons et suivrons le débat au Parlement. Nous savons que différents partis souhaitent empêcher les usages abusifs de la loi. Mais les partis extrémistes sont encore très forts. »
« En tant qu’Église et en tant que communauté chrétienne au Pakistan, nous demandons depuis des années de mettre en place des mécanismes afin de mettre fin aux abus. Nous avons vu et affronté des cas graves dans le cadre desquels la loi a été manipulée. Il s’agit d’une question de justice, attendu que de nombreux innocents se trouvent en prison. Éviter les abus constituerait un bénéfice pour l’ensemble de la société, pour les citoyens de toutes les religions, musulmans et chrétiens, accusés injustement », estime le P. Diego.
Le projet de loi, préparé par le Ministère de l’Intérieur et contrôlé par le Ministère de la Justice, vise à introduire « des peines sévères pour ceux qui formulent de fausses accusations de blasphème », précise Fides. Il corrigera « les lacunes procédurales » et introduira « de nouvelles clauses à l’intérieur du protocole à suivre dans les cas de blasphème présumé ».
Entre autres, la nouvelle procédure qui « rendra nécessaire de démontrer la « mens rea » – mauvaise foi et caractère intentionnel – se trouvant derrière un acte blasphématoire ». Cette condition, absente aujourd’hui, signifierait que « pour être accusé », « la volonté précise de commettre le délit » devra être constatée.
Selon un récent rapport de la « Human Rights Commission of Pakistan », les abus du recours à la loi sur le blasphème continuent à faire souffrir des citoyens innocents : « Plus de 1000 cas enregistrés au cours des 25 dernières années indiquent que la loi a fait l’objet d’une application amplement abusive, souvent dans le cadre de vengeances personnelles. »