Le souci des réfugiés, une constante chez les papes

Le cardinal Veglio retrace le travail accompli par le Saint-Siège pour les réfugiés et les déplacés, depuis la fin de la guerre jusqu’à la fin du XXe siècle.

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Le soin pastoral envers les réfugiés est une constante des papes du XXe siècle, affirme en substance le cardinal Veglio qui retrace le travail accompli par le Saint-Siège pour les réfugiés et les déplacés, depuis la fin de la guerre jusqu’à la fin du XXe siècle.

Le cardinal Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement (PCPMI), présidait les travaux du congrès « Le Saint-Siège, les réfugiés et les prisonniers de guerre : l’œuvre du pape Pacelli », organisé par le Comité Pape Pacelli Association Pie XII et le Centre Astalli Service jésuite des réfugiés (Jrs), le 29 mai 2015, à Rome.

Parmi les intervenants de cette rencontre : le franciscain Giulio Cerchietti, de la Congrégation pour les évêques et le jésuite Camillo Ripamonti, directeur du Jrs. Massimiliano Valente est intervenu sur le Bureau d’informations du Vatican pour les prisonniers de guerre. Cet organisme, voulu par Pie XII en 1939 et actif jusqu’en 1947, eut à sa tête le substitut de la Secrétairerie d’État, Giovanni Battista Montini, futur Paul VI. Les archives de cette période, dites « archives de la charité », offrent plus de dix millions de documents.

Bien que les efforts de Pie XII pour « mettre fin au drame de la seconde guerre mondiale » aient été « vains », l’Église ne resta pas immobile, rappelle le cardinal Veglio dans sa chronique publiée par L’Osservatore Romano : « La menace du national-socialisme allemand et du communisme, les persécutions nazies et fascistes, de 1930 à 1945, mirent l’Église face au devoir de protection et d’assistance. »

« A l’automne 1944, sur volonté de Pie XII, naquit la Commission pontificale d’Assistance pour les réfugiés, qui avait pour mission de distribuer des aides aux anciens combattants et prisonniers provenant d’Allemagne et de Russie », poursuit-il.

Le cardinal retrace les prises de position de Pie XII en faveur des réfugiés : « Avec l’encyclique Communium interpretes dolorum, du 15 avril 1945, Pie XII s’exprima pour la paix entre les peuples et pour le soutien aux réfugiés. Après la guerre il exhorta à la solidarité et au partage… pour réinstaller les réfugiés et leur éviter le péril d’un rapatriement forcé. Puis en 1949, dans l’encyclique Redemptoris nostri, il manifesta sa préoccupation pour les réfugiés palestiniens. Le 10 août 1952, dans la constitution apostolique Exsul familia, considérée aujourd’hui comme la grande charte de la pastorale des migrants, le pape réaffirma le droit fondamental de la personne à émigrer. »

De même, c’est sous Pie XII en 1951 que le Saint-Siège devint membre du Comité consultatif du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNCHR), qu’il participa activement à la rédaction de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, et que fut créée la Commission catholique pour les migrations (ICMC) « qui se distingue encore aujourd’hui au niveau international pour son dévouement dans le domaine des migrations ».

Le cardinal Veglio évoque aussi l’engagement des successeurs de Pie XII : « Jean XXIII se concentra tout particulièrement sur les souffrances et les droits des réfugiés dans l’encyclique Pacem in Terris, du 11 avril 1963… il ne perdit pas une occasion d’élever la voix pour la protection des réfugiés », entre autres en apportant son plein soutien à l' »Année mondiale du réfugié » » voulue par l’ONU (juin 1959-juin 1960).

« Sous le pontificat de Paul VI, le Saint-Siège participa à toutes les initiatives que les organisations internationales lançaient pour la protection des réfugiés », telles les conférences d’Arusha (1979), de Genève (1984) et d’Oslo (1988). « Les nombreuses interventions de Paul VI, comme celles de ses prédécesseurs, étaient centrées sur le devoir de l’Église d’être présente partout (lieux ou situations) où les êtres humains sont en détresse; il profitait de ces interventions pour appeler les États à s’occuper de la situation des réfugiés, en leur reconnaissant le droit d’asile et en procédant à leur réinstallation. »

A une époque « marquée par d’énormes déplacements de personnes, sur les cinq continents », avec « des réfugiés par millions », Paul VI, « très sensible à cette question », fit de nombreux appels à la solidarité internationale, souligne le cardinal en citant l’encyclique Populorum progressio de 1967 et la Lettre apostolique Octogesima Adveniens : « Il ne suffit pas de rappeler des principes, d’affirmer des intentions, de souligner des injustices criantes et de proférer des dénonciations prophétiques : ces paroles n’auront de poids réel que si elles s’accompagnent pour chacun d’une prise de conscience plus vive de sa propre responsabilité et d’une action effective. »

En 1971, poussé « par le devoir de la charité à encourager la famille humaine universelle le long de la voie de la solidarité réciproque et sincère », Paul VI institua le Conseil pontifical Cor Unum, tandis que le dicastère pour les migrants était fondé en 1979, par Jean-Paul II.

Pour le cardinal, les réfugiés, dont le nombre a dépassé les 50 millions en 2014, sont une « plaie ouverte sur le flanc de l’humanité ». En réponse, « la sollicitude de l’Église pour les réfugiés reste, d’une part une affirmation du droit à la vie, à la paix, à la protection et à l’assistance, et de l’autre, une action caritative et pastorale ».

Avec Océane Le Gall et Constance Roques pour la traduction

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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