CVX (2/4): humilité et service, pour ne pas déserter devant les difficultés

Le pape François médite sur la vertu de l’espérance, « une des vertus les plus difficiles à comprendre, la plus humble des vertus », en rencontrant la Communauté de vie chrétienne d’Italie (CVX). 

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Pour ne pas « abandonner le combat » et « mener une vie sans espérance », le pape François recommande « humilité et service » : « ces deux choses gardent la petite espérance, la vertu la plus humble, qui donne la vie ».

Le pape a reçu le 30 avril 2015 la Communauté de vie chrétienne (CVX) et la Ligue missionnaire des étudiants, à l’occasion de l’ouverture du Congrès national italien des deux groupes de spiritualité ignatienne, qui s’est tenu à Frascati du 30 avril au 3 mai, sur le thème « Au-delà des murs ».

Au cours de la rencontre, le pape a répondu d’abondance de cœur à quatre questions des participants (cf. Zenit du 5 mai 2015 pour la première question). Dans cette deuxième réponse, il a médité sur l’espérance, « une des vertus les plus difficiles à comprendre, la plus humble des vertus, parce que c’est la vertu des humbles ».

Face aux « brutalités qui se succèdent dans le monde », le pape a affirmé : « une chose dont je suis sûr – je ne le sens pas toujours, mais j’en suis sûr – : Dieu chemine avec son peuple. Dieu n’abandonne jamais son peuple ». Il a invité à « s’abaisser beaucoup pour que le Seigneur donne » l’espérance, qui «  reste dans le cœur humble » même aux milieu des difficultés.

A.K.

Dialogue du pape avec les participants (2/4)

Tiziana – Saint-Père, je suis Tiziana et je viens de Cagliari. Je suis émue et heureuse : être devant vous, c’est réaliser un rêve que j’ai depuis mon enfance. Je fais partie de la Communauté de vie chrétienne et de la Ligue missionnaire des étudiants, à travers lesquelles j’ai eu le privilège de vivre des expériences merveilleuses de communion et de service. Pourtant, aujourd’hui, en vous parlant à cœur ouvert, je vous confie que je perds parfois l’espérance. Parfois, ma fragilité est la même que celle de beaucoup de jeunes. Aidez-moi, et nous tous, à comprendre que Dieu ne nous abandonne jamais, que nous, les jeunes, nous pouvons encore rêver, au milieu de ceux qui veulent nous enlever ce cadeau.

Pape François – J’aime bien dire aux jeunes : « Ne vous laissez pas voler l’espérance ». Mais ta question va plus loin : « Mais de quelle espérance me parlez-vous, Père ? ». Il y en a qui peuvent penser que l’espérance, c’est d’avoir une vie confortable, une vie tranquille, atteindre quelque chose… C’est une espérance contrôlée, une espérance qui peut bien aller dans un laboratoire. Mais si tu es dans la vie, et si tu travailles dans la vie, avec tous ses problèmes, avec tout le scepticisme que t’offre la vie, avec tous ses échecs, « de quelle espérance me parlez-vous, Père ? ». Oui, je peux te dire : « Mais nous irons tous au ciel ». Oui, c’est vrai. Le Seigneur est bon. Mais je veux un monde meilleur et je suis fragile et je ne vois pas comment cela peut se faire. Je veux « me mêler », par exemple, au travail de la politique, ou de la médecine… Mais parfois, j’y trouve la corruption, et le travail qui devrait servir consiste finalement à faire des affaires. Je veux « me mêler » dans l’Église, et là aussi, le diable sème la corruption et souvent, il y a… Je rappelle ce chemin de croix du pape Benoît XVI, quand il nous invitait à chasser les saletés de l’Église… Même dans l’Église, il y a de la corruption. Il y a toujours quelque chose qui déçoit l’espérance et on ne peut pas comme cela… Mais la véritable espérance est un don de Dieu, c’est un cadeau, et elle ne déçoit jamais.

Mais comment fait-on, comment fait-on pour comprendre que Dieu ne nous abandonne pas, que Dieu est avec nous, qu’il est en chemin avec nous ? Aujourd’hui, au début de la messe, il y avait un verset d’un psaume très beau, très beau : « Dieu, quand tu sortis en avant de ton peuple, quand tu luttais avec nous, la terre trembla et les cieux fondirent » (cf. Ps 68,8-9.20). Oui. Mais cela ne se voit pas toujours. Seulement, une chose dont je suis sûr – j’en suis sûr, mais je ne le sens pas toujours, mais j’en suis sûr – : Dieu chemine avec son peuple. Dieu n’abandonne jamais son peuple. Il est le pasteur de son peuple. Mais quand je fais un péché, quand je fais une erreur, quand je fais quelque chose d’injuste, quand je vois tout cela, je demande : « Seigneur, où es-tu ? Où es-tu ? ». Tant d’innocents meurent aujourd’hui : où es-tu, Seigneur ? Est-il possible de faire quelque chose ? L’espérance est une des vertus les plus difficiles à comprendre. Quelques grands – je pense que c’est Péguy – disaient que c’est la plus humble des vertus, l’espérance, parce que c’est la vertu des humbles. Mais il faut s’abaisser beaucoup pour que le Seigneur nous la donne, pour que le Seigneur nous la donne. C’est lui qui nous soutient. Mais dis-moi : quelle espérance peut avoir, du point de vue naturel, pensons à un hôpital, une sœur qui, depuis quarante ans, travaille dans le service des maladies en phase terminale, et tous les jours un, et un autre, un autre, un autre… Oui, je crois en Dieu, mais l’amour que donne toujours cette femme s’épuise, s’épuise, s’épuise… et à un certain point, cette femme peut dire à Dieu : « Mais c’est cela, le monde que tu as fait ? Peut-on espérer quelque chose de toi ? ». La tentation, quand nous sommes dans les difficultés, quand nous voyons les brutalités qui se succèdent dans le monde, c’est que l’espérance semble tomber. Mais elle reste dans le cœur humble. C’est difficile de comprendre cela parce que ta question est très profonde. Comment ne pas abandonner le combat pour mener la belle vie, comme cela, sans espérance, c’est plus facile… Le service est le travail des humbles, nous l’avons entendu aujourd’hui dans l’Évangile. Jésus est venu pour servir, pas pour être servi. Et l’espérance est la vertu des humbles. Je crois que cela peut être la route. Je te parle sincèrement : il ne me vient pas à l’esprit de te dire autre chose. Humilité et service : ces deux choses gardent la petite espérance, la vertu la plus humble, mais celle qui te donne la vie.

Traduction de Constance Roques

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ZENIT Staff

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