« L’Europe a besoin de main-d’œuvre et dans l’histoire, les émigrés ont apporté un bien-être aux pays d’accueil et à leurs pays d’origine », rappelle Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève, au micro de Radio Vatican.
Mgr Tomasi encourage le Conseil européen – réuni ce 23 avril sur la situation en Méditerranée – à « affronter le problème d’une manière presque radicalement nouvelle, qui aille au-delà des mesures de contrôle habituelles ». Sinon, les choses resteront « comme elles sont », met-il en garde.
La priorité n°1 est de sauver des vies
Pour le Saint-Siège, « la priorité numéro un » n’est pas « la question économique ou les intérêts immédiats de tel ou tel pays, mais de sauver des vies humaines qui sont en danger ».
L’archevêque estime que le repérage et la destruction des bateaux en Libye ne seraient pas efficaces : « Cela pourrait ralentir le mouvement vers les pays européens. Mais si l’on ne va pas à la racine du problème, nous ne trouverons pas de solution. »
« L’émigration n’est pas un facteur isolé, il est lié à toutes les autres situations de relations politiques entre l’Europe et les pays d’origine : le commerce, l’exportation d’armes, le manque de respect des droits de l’homme, le soutien politique apporté à des gouvernements qui contraignent leur citoyens, à travers la répression qu’ils exercent, à fuir pour chercher une vie moins indigne », souligne-t-il.
L’Europe a besoin de main-d’œuvre
Il donne quelques pistes concrètes, à commencer par « reprendre en main la question de l’acceptation et de la répartition des nouveaux arrivés » : alors que certains « pays généreux » de l’UE acceptent « un nombre important de demandeurs d’asile », d’autres parmi les vingt-huit « sont très réticents et accueillent un nombre vraiment symbolique, insignifiant, de personnes ».
Mgr Tomasi rappelle que « d’une part, l’Europe a aussi besoin de main-d’œuvre et que, d’autre part, à long terme, si l’on va voir dans l’histoire, les émigrés ont apporté un bien-être à eux-mêmes, aux pays d’accueil et à leurs pays d’origine ».
Au niveau social, « il faut vaincre ce comportement de xénophobie, cette réaction négative envers l’étranger qui se retrouve malheureusement dans les réponses politiques de nombreux pays européens, dans ces partis qui votent et qui ne recueillent de voix qu’en argumentant contre les émigrés », ajoute-t-il.
Avec une traduction de Constance Roques