Pour le Saint-Siège, il est impératif que le développement durable se concentre « sur les besoins des pays les plus vulnérables », avec « une attention particulière aux secteurs où la pauvreté est la plus répandue », aux régions de conflits et aux zones les plus affectées par des catastrophes naturelles.
Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies à New-York, a participé aux négociations intergouvernementales sur le programme de développement de l’après-2015, le 24 mars 2015.
« Les objectifs de développement durable doivent intégrer de manière équilibrée les trois piliers du développement durable – un développement économique, social et environnemental – avec un accent global sur l’éradication de la pauvreté et la réalisation d’une vie digne pour tous », a-t-il souligné.
A.K.
Intervention de Mgr Auza
Messieurs les conseillers,
Merci d’être venus à cette session. Ma délégation soutient cette procédure transparente et inclusive des négociations intergouvernementales et nous vous félicitons tous les deux pour les qualités de dirigeants dont vous avez fait preuve tout au long de la procédure. Ma délégation voudrait aussi remercier le président de la Commission des statistiques des Nations Unies pour sa présentation des indicateurs préliminaires.
Concernant le thème de cette session, ma délégation souhaite faire quelques observations initiales. Tout d’abord, ma délégation apprécie la nature ambitieuse et convaincante des objectifs de développement durable (ODD). En même temps, nous sommes convaincus de la nécessité d’avoir un programme après-2015 de transformation et orienté vers l’action. En outre, les ODD doivent intégrer de manière équilibrée les trois piliers du développement durable – un développement économique, social et environnemental – avec un accent global sur l’éradication de la pauvreté et la réalisation d’une vie digne pour tous.
Il est impératif que les ODD se concentrent davantage sur les besoins des pays les plus vulnérables, notamment les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits États insulaires en développement (PIED) en portant une attention particulière aux secteurs de ces populations où la pauvreté est la plus répandue, aux régions où les conflits armés continuent de bloquer la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) – et provoquent évidemment une régression vers le sous-développement – et aux zones les plus affectées par des catastrophes naturelles.
En second lieu, ma délégation est tout à fait consciente que les ODD sont un ensemble soigneusement et délibérément conçu pour répondre aux désirs des parties intéressées. C’est pour cette raison que ma délégation ne soutient pas l’épreuve technique des objectifs et des cibles, car elle peut conduire à la réouverture et à la renégociation de ce qui est déjà un accord politiquement équilibré acceptable pour la majorité des parties intéressées.
Troisièmement, nous espérons voir des résultats et des progrès significatifs si les ODD sont mis en œuvre. De tels résultats et progrès devraient être évalués et vérifiés par rapport aux indicateurs convenus par les parties intéressées elles-mêmes. Ma délégation prend donc note des travaux de la Commission des statistiques des Nations Unies en fournissant une liste préliminaire des indicateurs pour les ODD et pour les cibles. Nous soulignons en outre que le développement d’indicateurs fondés sur des données probantes devrait continuer d’être effectué d’une manière ouverte et transparente et guidé par les États membres.
Ces indicateurs ne devraient pas bouleverser l’équilibre politique des ODD ni servir à imposer des idées ou des idéologies qui ne trouvent pas de consensus au sein des groupes de travail ouverts (GTO). À cet égard, ma délégation aimerait souligner que certains objectifs et certaines cibles sont compris différemment selon les contextes culturels et religieux et se traduiront différemment dans les politiques et législations nationales. Nous croyons que les indicateurs doivent tenir compte de ces différences et être rédigés d’une façon qui permette aux pays d’évaluer leurs résultats en respectant à la fois leurs valeurs nationales et régionales et leurs politiques et législation nationales.
Enfin, ma délégation croit fermement que les indicateurs devraient être globaux, tout en prenant en considération les spécificités nationales et régionales, en particulier les capacités différentes. Des indicateurs ne peuvent pas être des chiffres irréalistes que seuls – et peut-être même pas – des pays développés peuvent atteindre.
Traduction de Zenit, Constance Roques