ONU: la famille et la promotion des droits de la femme

Plaidoyer du Saint-Siège

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Le « vrai respect de la femme » implique « de créer les conditions pour qu’elles puissent vivre librement et totalement », déclare le Saint-Siège à l’ONU.</p>

Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, à New York, est en effet intervenu, lors d’une conférence sur le thème : « La famille en tant qu’agent pour l’égalité et les droits humains des femmes : la réalisation des promesses de Pékin pour la défense de la dignité humaine dans la santé reproductive », le 13 mars 2015.

« Lorsqu’on donne aux femmes la chance de s’épanouir en tenant pleinement compte de tous leurs talents et de leur potentiel, c’est toute la société qui en bénéficie », a déclaré en outre Mgr Auza en citant le « génie féminin » mis en valeur par Jean-Paul II.

Il a souligné que la « capacité à la maternité », spécifique à la femme « ne doit pas être comprise uniquement comme un acte de reproduction, mais aussi comme un mode de vie spirituel, éducatif, affectif, attentif et culturel ».

Voici notre traduction intégrale de l’anglais de l’intervention de Mgr Bernardito Auza.

A.B.

Intervention de Mgr Auza

Excellences, chers collègues et experts, Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi une grande joie de me joindre aux commanditaires et aux organisateurs pour vous accueillir tous ici ce matin à l’occasion de cette conférence sur le rôle de la famille dans la promotion de l’égalité, la dignité et les droits des femmes.

Ces jours-ci, les locaux des Nations Unies accueillent des milliers, sinon des dizaines de milliers de membres surtout féminins de délégations, d’organisations non-gouvernementales et d’invités,  pour discuter du statut de la femme aujourd’hui. Dans ce contexte, il convient de parler aussi de la dignité de la femme dans le cadre du mariage, de la maternité et de la famille.

Le vrai respect de la femme commence par l’acceptation de ce qu’elle est dans tous les aspects de son humanité. Cela implique de créer les conditions pour qu’elles puissent vivre librement et totalement. Le pape Jean-Paul II a employé l’expression de « génie féminin » pour souligner la sagesse propre à la femme qui prend soin de la dignité intrinsèque de chacun, qui promeut une culture de la vie et de l’amour et développe les dons des autres. Lorsqu’on donne aux femmes la chance de s’épanouir en tenant pleinement compte de tous leurs talents et de leur potentiel, c’est toute la société qui en bénéficie.

Nous sommes donc appelés à favoriser une atmosphère dans laquelle les hommes et les garçons – et les femmes et les filles elles-mêmes – peuvent mieux apprécier toute la grandeur de la femme, qui n’inclut pas seulement les aspects qu’elle a en commun avec l’homme, mais aussi les dons uniques qui lui appartiennent en propre comme femme, comme sa capacité à la maternité, qui ne doit pas être comprise uniquement comme un acte de reproduction, mais aussi comme un mode de vie spirituel, éducatif, affectif, attentif et culturel.

Ce travail qui consiste à favoriser une atmosphère saine est plus que jamais urgent, parce que nous vivons à une époque où la valeur et la dignité uniques de la maternité, dans certaines sociétés, sont insuffisamment défendues, appréciées et proposées, laissant des femmes culturellement et légalement en situation de choisir entre leur développement intellectuel et professionnel d’une part et leur croissance personnelle en tant qu’épouses et mères de l’autre. La contribution essentielle des femmes au développement de la société par leur dévouement envers leur famille et par l’éducation de la génération suivante est insuffisamment reconnue. Parfois leur service invisible et souvent héroïque est même dénigré comme un modèle de vie féminine désuet et déshonorant.

De telles critiques ne viennent pas d’une juste appréciation de la femme dans sa totalité et dans sa vraie égalité, dans la complémentarité et la réciprocité, avec l’homme. Une notion de la féminité qui définit l’égalité comme une « identité » en toutes choses avec l’homme appauvrit toute l’humanité.

La Déclaration universelle des droits de l’homme affirme que « la maternité et l’enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales » et que « la famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’État ». Un certain nombre de conventions et de traités, ainsi que de documents non contraignants, énoncent également ce principe. Lorsque cette « unité de groupe fondamental de la société » est ignorée ou attaquée, nous devons nous lever pour prendre sa défense franchement et dans le respect de tous, et préconiser de meilleures structures et politiques qui soutiennent les femmes qui travaillent et désirent avoir des enfants ou qui veulent se consacrer, à temps partiel ou à plein temps, à leur famille.

Le pape François fait partie de ceux qui se sont exprimés clairement. Le mois dernier, lors d’une conférence au Vatican sur « les cultures féminines : égalité et différence », il a parlé, entre autres, de l’importance de la maternité et a fait particulièrement l’éloge des femmes qui travaillent à renouveler les institutions par leur génie féminin. Il nous exhorte tous à porter « un regard intense sur toutes les mères » et, dois-je ajouter, à renouveler notre dévouement et notre gratitude envers nos propres mères.

L’humanité doit sa survie au choix que font les femmes, non pas seulement en accueillant des enfants, mais en les éduquant pour qu’ils deviennent vertueux et authentiquement humains : les mères donnent à leurs enfants la confiance et la sécurité dont ils ont besoin pour développer leur identité personnelle et des liens sociaux positifs. Pourrait-il y avoir un lien plus grand parmi les êtres humains que celui qui existe entre une mère et son enfant ? Notre avenir se reflète déjà dans la manière dont, en tant qu’individus et en tant que société, nous soutenons les mères pour qu’elles élèvent des familles fortes et saines. Les études indiquent que, derrière les cas de délinquance juvénile et d’enfants en situation de détresse, il y a souvent une famille faible ou brisée.

Dans ce domaine, le pape François a exprimé sa satisfaction pour la contribution de tant de femmes qui travaillent au sein de la famille, dans les domaines de l’enseignement de la foi, et dans les secteurs du développement social, éducatif et culturel. Il a affirmé que « les femmes savent « incarner le côté tendre de Dieu, sa miséricorde, qui se traduit en disponibilité à donner du temps plutôt que d’occuper de l’espace, à accueillir au lieu d’exclure ».

Comme l’a souligné le pape Jean-Paul II dans sa Lettre aux femmes, en 1995, nous avons besoin d’un « projet de promotion aussi efficace qu’éclairé, qui concerne tous les domaines de la vie féminine, en partant d’une prise de conscience renouvelée et universelle de la dignité de la femme. » Les femmes ne peuvent pas s’épanouir quand elles sont victimes de préjugés et de discrimination, en particulier simplement pour le fait qu’elles sont des femmes.

Le vingtième anniversaire de la Déclaration de Pékin est une occasion propice pour que nous réfléchissions plus profondément sur toutes ces questions. Je remercie les commanditaires et les organisateurs de cet événement et je vous remercie tous d’être venus, pour que nous puissions réfléchir et agir ensemble vers une reconnaissance et une estime toujours plus totales envers la contribution immense et irremplaçable des femmes dans notre passé, notre présent et notre avenir.

Merci !

© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Bernardito Auza

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