« Ce n’est pas la première fois que les civils sont utilisés comme boucliers humains », déplore le nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari, au micro de Radio Vatican, à propos des chrétiens pris en otage.
« Il y a quelques jours, des pourparlers en faveur de la libération des 52 familles avaient été conclus et elles devaient être relâchées par groupes en l’espace de cinq jours. Mais les trois derniers autobus, avant d’arriver à destination et toujours escortés par Daesh, ont été pris pour cible dans une embuscade et, à ma connaissance, ils ont aussi pris en otage d’autres personnes de trois autres villages, pour couvrir leur retraite », a expliqué le nonce.
Il avoue ne pas savoir « comment se déroulent les pourparlers » mais il dit son espérance « que la raison prévaudra » : « Ce n’est pas la première fois que les civils sont utilisés comme boucliers humains. »
Pour ce qui est des opérations militaires il constate : « Le conflit s’est intensifié ces dernières semaines, y compris ici, à Damas, avec des tirs de mortier. Dans cinq jours, malheureusement, la Syrie entrera dans sa cinquième année de guerre civile et il faut craindre qu’en ce triste et douloureux anniversaire, sur le terrain, malheureusement, on assiste à un durcissement des positions et que l’appel à cesser la violence qui provient de différentes parties tombe encore une fois dans des oreilles de sourds. »
Pour ce qui est d’éventuelles législations pour empêcher l’enrôlement dans Daesh, il ajoute : « Il n’est jamais trop tard, même si cela revient un peut à dire : on ferme l’étable quand les bœufs sont déjà dehors… Mais ce qui a fait beaucoup de mal à la Syrie a été l’afflux de djihadistes venus de l’extérieur, des pays du Caucase, d’autres pays arabes des environs qui, ne connaissant pas la réalité du pays, ni l’apport des chrétiens, ont commencé à faire peser des menaces particulières et de graves problèmes. Je dirais qu’arrêter l’afflux de ces djihadistes est un pas urgent et nécessaire. »
Quant à la destruction des sites archéologiques, le nonce fait observer ceci : « Les images que nous avons vues ces jours-ci sont terribles. Naturellement, jusqu’ici, en ce qui concerne la Syrie, nous avons toujours été confrontés à des images d’effusion de sang et la dévastation archéologique est passée au second plan. Malheureusement, comme je l’ai vu après cinq ans de guerre civile, la communauté internationale aussi risque d’oublier. Je ne voudrais pas qu’il se produise la même chose en ce qui concerne le patrimoine artistique et culturel. Ce serait vraiment une grande perte, c’est un patrimoine qui fait la fierté de ce pays. »
Traduction de l’italien par Constance Roques