Une lecture arabe du pontificat du pape François

Par la journaliste libanaise Hala Homsi

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« Le pape François est très populaire au Moyen-Orient, surtout au Liban. Il est aimé par le peuple et sa figure est omniprésente ». Même « d’un point de vue musulman, c’est un chef très respecté pour sa parole et ses positions », affirme la journaliste libanaise Hala Homsi.

Deux ans après la renonciation du pape Benoît XVI et l’élection du pape François, la journaliste, spécialiste en questions religieuses pour le journal libanais Annahar depuis 1995, offre aux lecteurs de Zenit sa lecture de cette page d’histoire de l’Église catholique.

Zenit – Quelle est votre lecture de l’événement historique de la renonciation de Benoît XVI, deux ans après cet événement ?

Hala Homsi – La renonciation du pape Benoît XVI est un événement plus qu’historique. Le pape a suscité un vent de réformes dans l’Église, plus que n’importe quel discours réformateur, incarnant un courage sans précédent. Par cette renonciation, il a ouvert une nouvelle pratique, changeant une tradition qui touche la position même du pape, à travers un geste qui ne s’était pas produit depuis des siècles.

Le moins que l’on puisse dire est que son choix a manifesté sa personnalité : l’humilité d’un grand théologien, le courage du penseur, le caractère de l’écrivain prolifique qui a préféré se retirer avec ses livres plutôt que de poursuivre ce rythme fatiguant pour lui et pour l’Église. Il a agi dans le sillage des hommes libres. C’est un pape libre.

D’après vous, les raisons de cette renonciation ont-elles été comprises ?

Peut-être la renonciation a-t-elle été faite pour des raisons de santé. Mais ce qu’il a fait n’était pas facile. Sa renonciation à mis à l’épreuve la solidité de l’Église avec une situation inhabituelle : celle de la présence de deux « papes » au Vatican. Avec la présence de nostalgiques qui célèbrent encore le pape démissionnaire.

Un autre aspect intéressant de la renonciation du pape Benoît est que, bien qu’elle ait eu lieu il y a plus de deux ans, elle est loin d’être archivée. Ce fait a poussé son secrétaire, Mgr Georg Gänswein, à affirmer, le 12 février 2015, que la renonciation de Ratzinger « a été faite sans aucune pression extérieure », répondant à des rumeurs selon lesquelles le pape aurait renoncé sous des pressions. Ces soupçons sont naturellement soulevés avec des intentions malveillantes, venant du mécontentement de certains envers le pontificat de François.

Mais il reste que la renonciation a été faite par un homme fort, et non par un homme faible.

Le pontificat du pape François représente pour certains un « printemps évangélique » dans l’Église. Êtes-vous de cet avis ?

La force du pape François consiste dans sa capacité à rapprocher la papauté des croyants et à approcher l’Église de son peuple et des pauvres. Et ceci s’est produit dès le premier instant de son élection. C’est une révolution dans la papauté. Le pape François vit ce qu’il croit, même si cela nécessite une rupture du protocole et des pratiques. Cela s’est manifesté dès le début et les croyants ont touché du doigt la manière dont le pape agit et dont il incarne l’Évangile devant eux.

La force de François est d’être proche des pauvres. C’est un pape qui réconcilie l’Église avec le peuple et qui rappelle aux ecclésiastiques « la Parole » et les ramène aux sources. C’est pourquoi il est le pape qui nettoie le visage de l’Église après les scandales qui l’ont souillé.

Un printemps évangélique ? Pour beaucoup, oui. Et dans une perspective journalistique, je vois que le pape François inscrit dans le corps ecclésial un grand esprit de renouveau. La question qui demeure cependant : Jusqu’où le laissera-t-on faire ? Réussira-t-il à mener à bien son entreprise réformatrice ? Sa mission ne sera sans doute pas du tout facile.

Que pensez-vous, en revanche, de ceux qui accusent le pape François d’être « communiste » ?

Ce ne sont que des commérages nocifs. Puissent les communistes avoir été comme le pape François ! On les aurait appelés « évangéliques » (en référence à l’Évangile) ! C’est un fait que le pape a des partisans et des opposants. Il a des ennemis dans la curie, dans l’Église et en dehors d’elle. Son style réformateur ne plaît pas à tout le monde. Les accusations qui le concernent, comme celle d’être communiste, chaotique ou « destructeur de la dignité de la papauté » sont des tentatives nocives qui trahissent une reconnaissance de la bataille réformatrice que mène le pape.

Le pape François a porté une attention particulière au Moyen-Orient, notamment avec la prière pour la paix en Syrie, la visite en Jordanie et en Palestine (reconnaissant de facto l’État palestinien), la prière avec le président palestinien et le président israélien au Vatican. Comment résumez-vous l’image qui s’en dégage au Moyen-Orient ?

Le pape François est très populaire au Moyen-Orient, surtout au Liban. Il est aimé par le peuple et sa figure est omniprésente. Sur le plan chrétien, ses homélies quotidiennes et toutes ses activités sont très suivies, en particulier grâce à la couverture des médias chrétiens qui ne tardent pas à rapporter ses activités et les célébrations qu’il préside.

D’un point de vue musulman, c’est un chef très respecté pour sa parole et ses positions. Si les Libanais pouvaient exprimer un désir, ce serait que le pape François vienne en visite au Liban, comme l’ont fait le pape Benoît et saint Jean-Paul II. Une telle visite porterait beaucoup de fruit pour la nation.

Considérant les drames qui se vivent au Moyen-Orient et ailleurs, quelles initiatives espérez-vous de la part du pape ?

Il y a dans les cœurs une grande peur vis à vis de l’avenir, à cause de l’expansion de daesh et de sa férocité. Les chrétiens sont devenus des « projets » de martyre prêts à être exécutés. Ils ont été dispersés, pillés dans leurs maisons, leurs terres. Est-il normal que les chrétiens aient besoin de protection sur leurs terres d’origine ?

Le Saint-Père a eu de grandes initiatives. Il continue à être la voix forte des chrétiens devant la communauté internationale. Il est important aussi qu’il soutienne les chrétiens de langue arabe sur leurs terres d’origine, à travers des projets et des initiatives qui renforcent leur présence. Un exemple pourrait être la promotion des médias chrétiens qui ont un grand rôle dans la diffusion de la Parole, dans l’affermissement des chrétiens et dans leur croissance. C’est sans aucun doute le moment de travailler, et il y a beaucoup de travail.

Traduction de Constance Roques

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Robert Cheaib

Docente di teologia presso varie università tra cui la Pontificia Università Gregoriana e l’Università Cattolica del Sacro Cuore. Svolge attività di conferenziere su varie tematiche che riguardano principalmente la pratica della preghiera, la mistica, l’ateismo, il rapporto tra fede e cultura e la vita di coppia. Gestisce un sito di divulgazione teologica www.theologhia.com. Tra le sue opere recenti: Un Dio umano. Primi passi nella fede cristiana (Edizioni san Paolo 2013); Alla presenza di Dio. Per una spiritualità incarnata (Il pozzo di Giacobbe 2015); Rahamim. Nelle viscere di Dio. Briciole di una teologia della misericordia (Tau Editrice 2015); Il gioco dell'amore. 10 passi verso la felicità di coppia (Tau Editrice 2016); Oltre la morte di Dio. La fede alla prova del dubbio (San Paolo 2017).

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