La Prière eucharistique (9) La Prière n. III

Porteuse des empreintes des thèmes conciliaires

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La Prière eucharistique (9) La Prière n° III

Pour continuer notre parcours eucharistique, il m’a paru plus judicieux de choisir l’une des Prières eucharistiques pour la lire en continu. J’ai déjà dit que chacune d’elles comportait ses perles. Mais, comme il faut bien choisir, j’ai retenu la Prière n° III. A la fin de ces chroniques, il sera possible de jeter un regard, tour à tour, sur les autres.

En choisissant la Prière n° III, nous entrons dans le désir qui animait le pape Paul VI au moment de la réforme liturgique : en plus du Canon romain qu’il ne fallait pas changer, et des Prières II et IV, plus ou moins inspirées des Pères de l’Eglise, le pape souhaitait une (ou plusieurs) Prière, composée à frais nouveaux. Certes, des éléments constitutifs s’y retrouveraient comme dans toutes les autres. Mais elle devrait permettre aux fidèles d’entrer dans la prière prononcée par le prêtre, sans se heurter à trop de difficultés dans la compréhension.

De plus, cette nouvelle Prière pourrait faire écho à quelques thèmes fondamentaux du concile Vatican II qui venait de se tenir. Comme les autres, la Prière III est entrée en usage en 1969.

Un plan bien lisible

Dans les missels, le texte est réparti en un certain nombre de paragraphes, bien distincts. Chaque paragraphe correspond à une des composantes de la Prière.

Le premier paragraphe veut faire le lien avec la préface et le Sanctus : « Tu es vraiment saint, Dieu de l’univers… »

Vient ensuite l’appel de l’Esprit Saint sur les offrandes, avec la mention du dimanche ou de la fête qui est célébrée.

Le récit de l’institution est suivi de l’anamnèse chantée par les fidèles et reprise par le prêtre.

L’Eucharistie est l’offrande du Christ total, donc de l’Eglise et de nous-mêmes.

C’est pourquoi le prêtre invoque l’Esprit Saint sur l’assemblée.

Les intentions sont regroupées à la fin : le monde, l’Eglise, l’unité, les défunts.

La Prière se termine par la doxologie, invariable.

Quelques thèmes conciliaires

Le concile Vatican II n’a pas inventé une nouvelle religion. Il n’a introduit aucun dogme. Mais la liturgie étant la prière de l’Eglise et le concile ayant justement médité sur le mystère de l’Eglise, il n‘est pas étonnant que la Prière eucharistique composée après le concile en porte la trace.

En voici quelques indices. Vous les retrouverez facilement dans le texte de la Prière.

Le concile eut lieu avant l’essor de l’écologie. Mais le concile savait bien que l’homme n’est pas séparable de la création.

Le concile Vatican II a voulu présenter l’Eglise comme un mystère de communion, plus que comme une institution fortement structurée. Dans la Prière III, il est souvent question d’être rassemblés, d’être ensemble.

C’est par l’Esprit Saint que le pain et le vin sont consacrés, mais c’est aussi par l’Esprit Saint que l’Eglise, Corps du Christ, est édifiée. D’où la double invocation de l’Esprit.

Le concile a souhaité que l’Ecriture redevienne la langue de la foi, plus que les concepts abstraits. Au cœur de l’Ecriture, se trouve le mot « Alliance ». De même dans la Prière III.

Un des quatre textes majeurs du concile porte sur « l’Eglise dans le monde de ce temps ». L’Eucharistie est offerte pour le monde entier. Quant aux défunts, Dieu seul sonde les cœurs : nous devons donc prier pour tous les défunts.

Dans ce monde, l’Eglise est « en pèlerinage » dit le texte latin, « en marche », dit le français. Elle marche à travers l’espace par la mission, proche ou lointaine, et à travers les siècles, jusqu’au retour du Christ. Elle n’est pas figée dans l’immobilité.

Toutes les prières eucharistiques ont toujours mentionné l’évêque du lieu. Les nouvelles prières élargissent le regard en mentionnant « l’ordre épiscopal » puisque le concile a bien précisé que l’épiscopat était un degré, et même le premier degré, du sacrement de l’ordre.

A côté des évêques et des prêtres, la Prière III mentionne les diacres, dans le texte français. Le latin parle globalement des « clercs » : les diacres sont des clercs, qu’ils soient mariés ou pas.

La recherche de l’unité a été une des motivations du pape Jean XXIII en convoquant le concile. Elle est une des intentions mentionnées dans les intercessions finales.

Dans les chroniques suivantes, nous suivrons donc la Prière III, pas à pas, paragraphe par paragraphe. Mais il était bon de la regarder d’abord dans son ensemble, sans la détacher de son début, à savoir le dialogue introductif, la préface et le Sanctus.

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Jacques Perrier

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