A l’exemple du prophète Élie, l’homme doit apprendre à « ne pas se substituer à Dieu mais à être conduit par sa parole », c’est-à-dire à « faire de l’amour de Dieu le centre de son existence ». Une attitude qui n’est possible qu’à condition de savoir passer du temps à l’écart, souligne le père carme Bruno Secondin, au premier jour de la retraite de carême du pape et de la Curie.
Depuis dimanche 22 février, le pape François et la Curie romaine sont en effet à Ariccia – sud de Rome – dans la maison du Divin Maître, tenue par les religieux de Saint Paul, pour leur traditionnelle retraite de carême, sur le thème : « Serviteurs et prophètes du Dieu vivant », à partir de la figure du prophète Élie.
D’après L’Osservatore Romano du 24 février, le pape est arrivé en fin d’après-midi en autocar à la résidence, où il a été accueilli notamment par Mgr Angelo Becciu, substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Leonardo Sapienza, régent de la Préfecture de la Maison pontificale et le P. Valdir José De Castro, supérieur général de la Société Saint Paul.
Dans sa première méditation lundi matin, intitulée « Va vers l’Orient, cache-toi : revenir à ses racines », le P. Secondin a invité à se mettre à « l’école de la miséricorde », comme Élie (1 R 17,1-16), et à mener une « vie de périphérie ».
Ce prophète, a-t-il fait observer, « chemine et n’a pas de résidence stable » : il « se déplace pour faire » et il est en ce sens un excellent « compagnon de voyage » dans de nombreuses expériences y compris de purification personnelle.
En outre, Élie « combat sur beaucoup de fronts » et il se déplace vers les centres du pouvoir mais surtout vers « les périphéries et les frontières géographiques et existentielles », y compris « les problèmes plus intérieurs », a ajouté le P. Secondin.
Lui-même originaire d’« une zone périphérique, avec une religiosité traditionnelle et un niveau de vie moins prospère », Élie exprime sa « colère » face à la « dépravation religieuse et sociale », la « perte d’identité, la confusion morale et religieuse » du peuple d’Israël.
Mais il n’est pas encore envoyé par Dieu, qui lui ordonne de s’en aller afin d’apprendre à « ne pas se substituer à Dieu mais à être conduit par sa parole » : il doit « écouter, obéir » et « laisser Dieu être son Dieu ». Il s’agit de « prendre ses distances, d’aller à contre-courant, de vivre dans la solitude » pour se purifier, « retrouver ses racines » et, en fin de compte, « les raisons de sa propre fidélité ».
Cette retraite du prophète lui permet de « faire de l’amour de Dieu le centre de son existence », sans chercher à « précipiter les choses » en visant un résultat immédiat. En outre, Dieu « parle peu et à voix basse » et ne peut être entendu que dans le silence.
En conclusion, le prédicateur a proposé quelques questions pour un examen de conscience : Ai-je perdu patience quelquefois ? Ai-je parlé clairement ou par derrière, en murmurant et en alimentant les bavardages ? Est-ce que j’adopte une sobriété saine et sereine, faite de simplicité ? Ou est-ce que je me laisse tenter par le gaspillage dans la vie que je mène, dans les choses qui m’entourent, dans ma manière de m’habiller ? Est-ce que je conserve la joie et la fraîcheur du premier amour ou est-ce que tout s’est affadi ? Est-ce que je connais la vie de la périphérie ou est-ce que j’aime être au centre des attentions et des honneurs ? Ai-je confiance dans la Providence ou suis-je un fanatique de la programmation et du résultat ?
Avec une traduction de Constance Roques