La semaine prochaine, Rome sera l’hôte de deux congrès pour agir face à la désertion dans l’Église et à l’abandon de la pratique religieuse catholique : le congrès international « Renouveler l’Église à l’âge séculier » (« Renewing the Church in a Secular Age ») qui aura lieu les 4-5 mars 2015 sous le patronage du Conseil pontifical pour la culture ; et l’événement « La place et le temps » (“La piazza e il tempio”) organisé par le Parvis des Gentils le 6 mars.
Ces deux événements se pencheront notamment sur les questions : « Pourquoi, malgré le besoin croissant de spiritualité, de nombreuses personnes en recherche abandonnent l’Église ? Comment l’Église peut-elle, en un monde de spiritualité plurielles, être un guide moral pour aujourd’hui ? Quelles sont les responsabilités pastorales que le magistère est appelé à assumer ? »
Le congrès international est organisé par le « Council for Research in Values and Philosophy » (RVP) et par l’Université pontificale grégorienne. Ce projet est né en 2009 après un dialogue public entre le cardinal Francis George (Chicago) et le philosophe canadien Charles Taylor -auteur de l’essai « L’Âge séculier » – reconnu comme l’un des plus grands théoriciens du multiculturalisme et du communautarisme.
A la base de la réflexion : les quatre points de séparation entre l’Église et le peuple, identifiés par Charles Taylor, ainsi que les éléments de réponse de l’Église. Les quatre points sont liés à ces quatre éléments : (a) les personnes qui abandonnent la pratique ecclésiale pour chercher l’Esprit ; (b) le magistère et ses responsabilités pastorales ; (c) les directives morales courantes ; (d) le monde et sa pluralité de spiritualités.
Outre Charles Taylor, les autres intervenants seront le cardinal Gianfranco Ravasi, président du dicastère pour la culture ; le sociologue José Casanova (Georgetown University, États-Unis) ; le philosophe et psychologue Tomáš Halík (Charles University, République Tchèque) ; le théoricien de la société Hans Joas (Humboldt-Universität de Berlin, Allemagne); les philosophes William Desmond (Université catholique de Louvain, Belgique) et Adela Cortina (Université de Valence, Espagne).
Des chercheurs du monde entier, mais surtout occidentaux, sont attendus pour participer aux travaux préparés par une douzaine de groupes de recherche d’Europe et d’Amérique du Nord. Le Congrès servira de plate-forme de lancement pour d’autres initiatives similaires en Asie, Afrique et Amérique Latine, « afin de contribuer au renouveau de l’Église par le dialogue, la recherche de la vérité, de la beauté et de la bonté », précise un communiqué.
L’initiative du Parvis des gentils aura lieu quant à elle au Centre d’études américaines, avec la participation également de Charles Taylor et de José Casanova, ainsi que de Giuliano Amato, président de la Fondation Parvis des gentils, Alessandro Ferrara, de l’Université Tor Vergata de Rome, Giacomo Marramao de l’Université Roma Tre et du P. François Bousquet, historien et anthropologue des religions.
Ces événements s’inscrivent dans le sillage de l’appel du pape François exprimé dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium : « Le besoin d’évangéliser les cultures pour inculturer l’Évangile est impérieux. Dans les pays de tradition catholique, il s’agira d’accompagner, de prendre soin et de renforcer la richesse qui existe déjà, et dans les pays d’autres traditions religieuses ou profondément sécularisés, il s’agira de favoriser de nouveaux processus d’évangélisation de la culture, bien qu’ils supposent des projets à très long terme. Nous ne pouvons pas ignorer, toutefois, qu’il y a toujours un appel à la croissance. Chaque culture et chaque groupe social a besoin de purification et de maturation. » (n. 69)