Le Saint-Siège appelle à donner la « priorité absolue » au secours des migrants qui tentent de traverser la mer Méditerranée à bord de bateaux de fortune : les morts dans les naufrages sont « intolérables », s’indigne-t-il.
Mgr Silvano M. Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève, évoque au micro de Radio Vatican la nouvelle tragédie qui a causé la disparition de plusieurs centaines de migrants au large de l’île italienne de Lampedusa cette semaine.
Il dénonce « un problème de fond, qui naît non seulement de l’injustice et des violences qui poussent ces personnes à émigrer, mais aussi de l’incapacité de la part de la communauté internationale à prendre en main ces situations avec courage, en cherchant des solutions qui soient respectueuses de la dignité des personnes et de la vie humaine ».
Le secours des personnes en mer doit avoir la « priorité absolue » sur toute autre considération, y compris protéger les frontières : « cela vient après », insiste-t-il. « La responsabilité de la communauté internationale est de montrer une solidarité efficace, qui puisse garantir la prévention de ces voyages qui conduisent à perdre des vies humaines de façon vraiment intolérable. »
Pour le Saint-Siège, « la campagne “Triton”, que l’Union européenne a mise en place pour prendre le relais du programme italien de secours en mer “Mare Nostrum” n’est pas suffisante » : « il faut créer des couloirs humanitaires, afin qu’il n’y ait plus de risque de tomber aux mains des trafiquants ». Les rescapés des quatre embarcations parties de Libye témoignent en effet avoir été contraints par la force d’embarquer sur des pneumatiques malgré les mauvaises conditions météorologiques.
Mgr Tomasi encourage l’Union européenne à prendre en compte les ressources humaines des migrants « en leur donnant la possibilité d’une éducation, d’une formation professionnelle afin qu’ils ne s’entassent pas tous en Italie ou en Grèce mais qu’ils puissent aller dans les pays qui recherchent de la main d’œuvre ».
« Cela demande des investissements économiques, de la créativité politique », reconnaît-il : « Mais devant la répétition de ces tragédies on ne peut rester indifférents. »
« Résoudre le problème à la racine veut dire aussi dialoguer avec les pays d’origine », ajoute l’archevêque en soulignant la nécessité d’une présence aux endroits des départs clandestins.
Aujourd’hui, déplore-t-il, « il manque une volonté politique qui considère comme une responsabilité non seulement la préservation du bien-être mais aussi une solidarité qui s’étende aux périphéries de cette humanité désespérée, qui cherche une issue pour repartir de zéro ».