Former l’esprit critique des jeunes, c’est une urgence en Afrique et à Madagascar, déclare le pape François qui a reçu ce samedi matin en audience au Vatican le Symposium Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM).
« La manière la plus efficace pour vaincre la tentation de céder à des modes de vie dommageables est d’investir dans le domaine de l’éducation », a déclaré le pape.
Il recomamdne ausis de « contrecarrer la mentalité répandue de mépris et de violencee et les « divisions à base ethnique ».
« On doit surtout se soucier d’offrir une proposition éducative qui apprenne aux jeunes à penser de manière critique, et qui indique un parcours de maturation dans les valeurs », a insisté le pape.
Voici le texte intégral publié en français par le Vatican.
A.B.
Discours du pape François
Chers frères,
Cette rencontre avec vous, qui représentez le Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), me donne l’occasion d’encourager cette Institution, qui a été pensée et promue pour rendre service aux Églises locales en Afrique. Ce service a pour but de donner des réponses communes aux nouveaux défis du Continent, pour que l’Église puisse parler d’une seule voix, en témoignant de sa vocation à être signe et instrument de salut, de paix, de dialogue et de réconciliation. Afin d’accomplir cette mission, il est très important que le Symposium reste fidèle à sa propre identité : c’est-à-dire être une expérience vivante de communion et de service auprès des plus pauvres.
Ce chemin exige que les Pasteurs restent libres de toute préoccupation mondaine et politique, qu’ils renforcent les liens de communion avec le Pape, par la collaboration avec les Nonciatures apostoliques et par une communication « fluide » et directe avec les autre instances de l’Église. En même temps, il est nécessaire de maintenir des expériences ecclésiales simples à la portée de tous, ainsi que des structures pastorales sobres. L’expérience montre que les grandes structures bureaucratiques analysent les problèmes de manière abstraite, et courent le risque de tenir l’Église loin des gens.
Les jeunes générations ont surtout besoin de votre témoignage. En Afrique, l’avenir est entre les mains des jeunes, et ils sont aujourd’hui appelés à se défendre contre de nouvelles formes de « colonisation » sans scrupules, comme le succès, la richesse, le pouvoir à tout prix. La manière la plus efficace pour vaincre la tentation de céder à des modes de vie dommageables est d’investir dans le domaine de l’éducation. Celle-ci sera utile aussi pour contrecarrer la mentalité répandue de mépris et de violence, comme aussi les divisions à base ethnique. On doit surtout se soucier d’offrir une proposition éducative qui apprenne aux jeunes à penser de manière critique, et qui indique un parcours de maturation dans les valeurs (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 64). Sur ce parcours éducatif, la pastorale scolaire est un instrument important : que ce soit dans les écoles catholiques ou publiques il convient de conjuguer la tâche éducative avec l’annonce explicite de l’Évangile (Ibid., nn. 132-134).
En Afrique aussi, pour différentes raisons, une certaine désagrégation de la famille est en cours ; par conséquent l’Église est appelée à valoriser et à stimuler toutes les initiatives en faveur de la famille, qui est source privilégiée de toute fraternité, fondement et voie primordiale de la paix (cf. Jean-Paul II, Message pour la 27ème Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 1994). Ces derniers temps, beaucoup de prêtres, de religieux et de laïcs ont entrepris des œuvres louables pour le soutien de la famille, avec une attention spéciale aux personnes âgées, aux malades, aux personnes handicapées. Surtout dans les régions les plus isolées et reculées, vos Églises ont proclamé l’Évangile de la vie et, à l’exemple du bon Samaritain, elles ont porté secours aux plus démunis. Un magnifique témoignage de charité a aussi été rendu face à la récente apparition du virus Ebola, qui a frappé de nombreuses communautés, paroisses et centres hospitaliers. De nombreux missionnaires africains ont généreusement offert leur vie pour rester auprès des malades. C’est une route à parcourir avec une ardeur apostolique toujours renouvelée ! Nous, disciples du Christ, nous ne pouvons pas ne pas nous préoccuper du bien des personnes les plus faibles ; et nous devons aussi susciter l’attention de la société et des Autorités publiques sur leurs conditions de vie.
Chers frères, je désire exprimer mon appréciation pour la précieuse contribution de nombreux prêtres, religieux et fidèles laïcs à l’annonce de l’Évangile et au progrès social de vos populations. Votre Symposium est aussi un lieu de promotion de la légalité, pour que les plaies de la corruption et du fatalisme soient guéries, et pour favoriser l’engagement des chrétiens dans les réalités séculières, en vue du bien commun. La grande tâche de l’Évangélisation consiste, en effet, à faire en sorte que l’Évangile imprègne notre vie, afin qu’à notre tour nous puissions le porter aux autres. C’est pourquoi il est important de rappeler qu’évangéliser suppose la conversion, c’est-à-dire le changement intérieur. Le processus de purification inhérent à l’évangélisation signifie accepter l’appel du Christ à « se convertir et croire à l’Évangile » (cf. Mc 1,5). Comme résultat de cette conversion au salut, non seulement l’individu, mais la communauté ecclésiale tout entière est changée, elle devient de plus en plus une expression vivante de foi et de charité.
Que la lumière et la force du Saint Esprit soutiennent vos efforts pastoraux. Que la Vierge Marie vous protège, intercède pour vous et pour tout le Continent africain. Qu’également ma Bénédiction vous accompagne. Et, s’il vous plaît, priez pour moi.