Confiance et solidarité sont deux mots clefs du discours du pape François aux évêques de Grèce en visite ad limina, au lendemain de l’élection qui a conduit Alexis Tsiprasau poste de Premier ministre, le 26 janvier.
Le pape François a reçu en audience, ce jeudi 5 février, au Vatican, les évêques de la Conférence épiscopale de Grèce à l’occasion de leur visite ad limina.
« Face à la crise économique et financière qui perdure, et qui a frappé votre pays de façon particulièrement dure, ne vous lassez pas d’exhorter chacun à la confiance dans l’avenir pour contrer la fameuse culture du pessimisme », déclare le pape François.
Il invite à la solidarité : « L’esprit de solidarité, dont tous les chrétiens sont appelés à témoigner dans le concret de leur vie quotidienne, constitue un ferment d’espérance. »
Il invite aussi à la solidarité en Europe : « Il est important que vous mainteniez des relations constructives avec les Autorités de votre pays, tout comme avec différentes composantes de la société, afin de diffuser cette perspective de solidarité, dans une attitude de dialogue et de collaboration avec les autres pays européens. »
Le pape recommande spécialement le souci pastoral des immigrés et des jeunes qui sont « l’avenir de la nation ».
Voici notre traduction intégrale de l’italien.
A.B.
Discours du pape aux évêques de Grèce
Chers frères évêques,
Je vous salue tous avec affection à l’occasion de votre visite ad limina. Votre pèlerinage aux tombes des apôtres est toujours une occasion privilégiée de renforcer les liens de communion avec le Successeur de Pierre et avec l’ensemble du Collège épiscopal, présent dans le monde entier. Cette unité favorise entre vous la communion fraternelle : elle est aussi indispensable pour la croissance de l’Église en Grèce, tout comme pour le progrès de la société tout entière. Cela est encore plus vrai dans votre pays qui a besoin, en ce moment plus que jamais, de dialogue entre ses diverses composantes politiques et culturelles, pour la sauvegarde et la promotion du bien commun.
Ne manquez donc pas de stimuler les personnes confiées à votre sollicitude épiscopale à donner partout un témoignage courageux de fraternité. Cette diaconie de la fraternité, d’une part, suppose de conserver et de renforcer les traditions culturelles et les racines chrétiennes de la société hellénique, et, d’autre part, elle exige une ouverture aux valeurs culturelles et spirituelles dont sont porteurs les nombreux migrants, dans un esprit d’accueil sincère de ces frères et sœurs, sans distinction de race, de langue ou de croyance religieuse. Vos communautés chrétiennes, en se montrant vraiment unies entre elles et en même temps ouvertes à la rencontre et à l’accueil, surtout des plus démunis, peuvent réellement contribuer à transformer la société, afin de la rendre plus conforme à l’idéal évangélique. Je me réjouis de savoir que vous êtes déjà engagés dans cette action pastorale et caritative, surtout en faveur des personnes immigrées, y compris de celles qui sont en situation irrégulière, dont beaucoup sont catholiques. Je vous encourage de tout mon cœur à continuer avec un élan évangélisateur renouvelé, en impliquant dans cette œuvre spécialement les jeunes : ils sont l’avenir de la nation.
Face à la crise économique et financière qui perdure, et qui a frappé votre pays de façon particulièrement dure, ne vous lassez pas d’exhorter chacun à la confiance dans l’avenir pour contrer la fameuse culture du pessimisme. L’esprit de solidarité, dont tous les chrétiens sont appelés à témoigner dans le concret de leur vie quotidienne, constitue un ferment d’espérance. Il est important que vous mainteniez des relations constructives avec les Autorités de votre pays, tout comme avec différentes composantes de la société, afin de diffuser cette perspective de solidarité, dans une attitude de dialogue et de collaboration avec les autres pays européens.
Dans un même esprit, je vous encourage à poursuivre le dialogue interpersonnel avec nos frères orthodoxes, afin d’alimenter le nécessaire cheminement œcuménique, perspective incontournable pour un avenir spirituellement serein et fécond pour votre nation tout entière. Pour mener à bien la mission d’évangélisation et de promotion humaine à laquelle est appelée l’Église en Grèce, la présence de prêtres généreux et motivés est indispensable. Je vous exhorte donc à développer la pastorale des vocations, à l’aide d’instruments adéquats, pour faire face à l’insuffisance du nombre des prêtres. À cet égard, je vous demande de transmettre aux prêtres de votre diocèse, dont beaucoup sont âgés, toute mon affection et ma reconnaissance pour leur zèle apostolique, malgré le manque de moyens.
Les Instituts de vie consacrée offrent un apport nécessaire et précieux à l’annonce de l’Évangile et je vous invite à leur prêter une juste attention, pour qu’ils poursuivent leur mission dans votre pays malgré les nombreuses difficultés. Je pense surtout au domaine de l’instruction scolaire, dans lequel ils réalisent un travail considérable. Afin de revitaliser les communautés chrétiennes, vous êtes appelés à valoriser le rôle des fidèles laïcs. Leur coopération au ministère des évêques et des prêtres est indispensable pour affronter les défis actuels et futurs. Il s’agit d’apporter un grand soin à leur formation, tout en développant la présence des mouvements et des associations ecclésiales. Lorsque ceux-ci sont bien guidés par les pasteurs, ils sont partout source de satisfaction pour leur engagement missionnaire et pour la joie chrétienne qu’ils apportent, travaillant toujours en harmonie avec les lignes pastorales des Églises particulières et en étant bien insérés dans les diocèses et les paroisses.
L’affaiblissement de la famille, causé entre autres raisons par le processus de sécularisation, nécessite que l’Église s’engage à persévérer dans les programmes de formation au mariage, sans oublier le travail indispensable pour la formation chrétienne des nouvelles générations. Que les personnes âgées ne soient pas non plus absentes de vos préoccupations ; beaucoup d’entre elles se retrouvent aujourd’hui seules ou abandonnées parce que la culture du rebut se diffuse malheureusement un peu partout. Ne vous lassez pas de souligner, par vos paroles et vos actions, que la présence des personnes âgées dans la vie sociale est indispensable au bon cheminement d’un peuple.
Chers frères évêques, je désire vous exprimer ma gratitude pour le travail d’évangélisation que vous menez en Grèce, en dépit des multiples difficultés. La reconnaissance juridique de l’Église catholique par les Autorités compétentes est un événement de grande importance, qui vous aide à regarder vers l’avenir avec une plus grande sérénité, vous engageant dans le quotidien avec un dynamisme confiant et avec l’enthousiasme de ceux qui sont les témoins du Seigneur mort et ressuscité. Je vous encourage à persévérer avec une joie évangélique dans votre mission.
Je vous confie, ainsi que les prêtres, les personnes consacrées et tous les fidèles laïcs de vos diocèses, à l’intercession de la Vierge sainte et, tout en vous demandant de prier pour moi et pour mon ministère, je vous accorde de tout cœur la bénédiction apostolique.
Traduction de Zenit, Constance Roques