Salvador : Mgr Romero, défenseur des pauvres et de la paix

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Mgr Paglia salue sa prochaine béatification comme « un don extraordinaire »

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La reconnaissance du martyre et la prochaine béatification de Mgr Oscar Arnulfo Romero y Galdamez (1917-1980), ancien archevêque de San Salvador (Salvador) est « un don extraordinaire » pour « la société humaine qui voit en lui un défenseur des pauvres et de la paix », estime Mgr Paglia.

Le pape François a en effet validé le décret de la Congrégation pour les causes des saints reconnaissant son martyre, hier, 3 février 2015.

Mgr Vincenzo Paglia, postulateur romain de la cause de béatification, a participé à un briefing au Vatican ce 4 février 2015, avec Mgr Jesús Delgado, postulateur diocésain et le Prof. Roberto Morozzo della Rocca, historien enseignant à l’Université « Roma Tre ».

Mgr Paglia a salué dans la reconnaissance de ce martyre « un don extraordinaire pour toute l’Église catholique » mais aussi « pour tous les chrétiens » – l’Église anglicane l’honore aussi – et pour « la société humaine qui voit en lui un défenseur des pauvres et de la paix ».

Il a exprimé sa gratitude aux précédents papes qui ont soutenu la cause : « Benoît XVI a suivi la cause depuis le début et il l’a débloquée le 20 décembre 2012 ; saint Jean-Paul II a cité le nom de Mgr Romero dans la prière finale de la célébration des martyrs du XXe s. durant le Jubilé de l’An 2000 ; et le bienheureux Paul VI fut un défenseur de Mgr Romero, qui voyait en lui son inspirateur. »

En outre, « il n’est pas anodin que sa béatification advienne sous le pontificat du premier pape latino-américain de l’histoire, et un pape qui veut « une Eglise pauvre pour les pauvres » », a ajouté Mgr Paglia.

Le martyre de Mgr Romero est lié à celui de son ami jésuite Rutilio Grande, a expliqué l’archevêque : « Le 12 mars 1977, Mgr Romero veilla toute la nuit devant la dépouille du jésuite tué dans un guet-apens. Il était archevêque de San Salvador depuis quelques jours, et n’était pas encore à l’aise avec ses fonctions. En ces heures, il éprouva une grande émotion en voyant l’ami tué et de nombreux paysans qui remplissaient l’église. Mgr Romero vit qu’ils étaient orphelins de leur « père » et qu’il lui revenait de prendre sa place, même au prix de sa vie. Cette nuit-là il sentit – il l’écrivit plusieurs fois – un appel divin à être fort… dans un pays marqué par l’injustice sociale et la violence. »

Mgr Paglia voit dans ce moment une « conversion pastorale » : dans la crise que traversait le pays, Mgr Romero devint « le défenseur de la population, spécialement des plus pauvres ». Il « prit sur ses épaules le sang, la souffrance, la violence, en en dénonçant les causes dans sa prédication dominicale charismatique, suivie par toute la nation à la radio ».

Dans un contexte de persécution contre l’Église catholique, Mgr Romero fut tué sur l’autel, en célébrant la messe, le 24 mars 1980 : « Sa mort ne fut pas causée par des motifs politiques, mais par la haine envers une foi pétrie de charité qui ne se taisait pas devant les injustices qui s’abattaient implacablement et cruellement sur les pauvres et sur leurs défenseurs. »

Connu pour sa « générosité », Mgr Romero avait « un amour préférentiel pour les pauvres », convaincu que « pour être le pasteur de tous, il fallait commencer par les pauvres », les mettre « au centre des préoccupations pastorales ». Homme de paix, « il n’a jamais cessé de chercher les voies de la pacification du pays », a poursuivi Mgr Paglia.

Mgr Romero était aussi un homme de prière : « Lorsqu’il devait prendre des décisions difficiles, il se retirait en prière. Il priait beaucoup et s’irritait si dans les premières heures du matin on venait l’interrompre alors qu’il priait… Doté d’un caractère pas facile, rigoureux avec lui-même, intransigeant, tourmenté, il trouvait repos, paix et force dans la prière. »

Il fut « très fidèle au magistère » : « la liste des œuvres de sa bibliothèque montre en grande partie des textes du magistère. Trois semaines avant de mourir, le 2 mars 1980, il affirma dans une homélie dominicale : « Frères, la plus grande gloire d’un pasteur est de vivre en communion avec le pape. Pour moi le secret de la vérité et de l’efficacité de ma prédication est de rester en communion avec le pape. » »

Décrit comme disciple de la théologie de la libération, il répondait : « Il y a deux théologies de la libération. L’une est celle qui voit la libération seulement comme libération matérielle. L’autre est celle de Paul VI. Je suis avec Paul VI. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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