Le cardinalat, explique le pape, ce n’est pas le « sommet d’une carrière ».
Dans une lettre adressée à chacun des vingt cardinaux qui seront créés lors du consistoire du 14 février prochain, le pape François souligne leur appel spécifique à un service nouveau « d’aide, de soutien et de proximité spéciale à l’égard de la personne du pape et pour le bien de l’Église ».
C’est la seconde fois que le pape créée des cardinaux et la seconde fois qu’il éprouve la nécessité d’écrire à chacun des futurs cardinaux. Il avait écrit aux cardinaux du consistoire du 22 février 2014 en recommandant aussi la vertu souveraine de l’humilité, l’esprit de service, et de ne pas laisser les fidèles fêter leur cardinalat d’une façon qui ne serait pas évangélique.
Le cardinalat, explique le pape, ce n’est pas le « sommet d’une carrière », ni un « prix », ni « une dignité de pouvoir », ni « une distinction supérieure ».
Voici donc ce qu’est devenir cardinal, selon le pape François: « Etre cardinal signifie s’incardiner dans le diocèse de Rome pour y donner le témoignage de la résurrection du Seigneur et le donner totalement, jusqu’au sang si nécessaire. »
Et puis il donne une indication sur la « préparation »: « Prépare-toi par la prière et un peu de pénitence. »
Voici notre traduction intégrale de la lettre du pape aux prochains cardinaux.
Lettre du pape François
Cher frère,
Aujourd’hui, ta désignation comme cardinal de la Sainte Église romaine a été rendue publique. Reçois mon salut et l’assurance de ma prière. Je demande au Seigneur de t’accompagner dans ce nouveau service, qui est un service d’aide, de soutien et de proximité spéciale à l’égard de la personne du pape et pour le bien de l’Église.
Et précisément afin d’exercer cette dimension de service, le cardinalat est une vocation. Le Seigneur, à travers l’Église, t’appelle une fois encore à servir ; ce sera bon pour ton cœur de répéter dans la prière l’expression que Jésus lui-même a suggérée à ses disciples pour demeurer dans l’humilité : « Dites : ‘Nous sommes de simples serviteurs’ » et cela non pas comme une formule de bonne éducation mais comme une vérité après le travail, « quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné » (Lc 17,10).
Ce n’est pas facile de rester dans l’humilité du service quand on considère le cardinalat comme un prix, comme le sommet d’une carrière, une dignité de pouvoir ou d’une distinction supérieure. D’où ton engagement quotidien pour garder loin de toi ces considérations, et surtout pour te souvenir qu’être cardinal signifie s’incardiner dans le diocèse de Rome pour y donner le témoignage de la résurrection du Seigneur et le donner totalement, jusqu’au sang si nécessaire.
Beaucoup se réjouiront de ta nouvelle vocation et, en bons chrétiens, feront une fête (parce que c’est le propre du chrétien de se réjouir et de savoir célébrer par une fête). Accepte-le avec humilité. Fais seulement en sorte que, dans ces festivités, ne s’insinue pas l’esprit de mondanité qui étourdit plus que l’eau de vie à jeun, qui désoriente et sépare de la croix du Christ.
Au 14 février, donc ! Prépare-toi par la prière et un peu de pénitence. Sois dans une grande paix et une grande joie. Et, s’il te plaît, je te demande de ne pas oublier de prier pour moi.
Que Jésus te bénisse et que la Sainte Vierge te protège !
Fraternellement,
François
Traduction de Zenit, Constance Roques