Ecologie: Espérons plus de courage à Paris qu'à Lima, dit le pape François

L’homme gifle continuellement la nature et elle ne pardonne pas!

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Le pape confirme que son encyclique pourrait être publiée au début de l’été, de façon à ce qu’elle apporte une vraie contribution à la conférence de Paris: il se dit déçu par les résultats de Lima 2014 et espère plus de courage à Paris.

La France présidera en effet la 21ème Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015. « Cette échéance est cruciale : elle doit aboutir à l’adoption d’un premier accord universel et contraignant sur le climat pour maintenir la température globale en deçà de 2°C », indique le ministère français.

La conférence aura lieu du 30 novembre au 11 décembre 2015. La France a choisi de l’organiser à Paris, sur le site Paris-le Bourget. Entre 20 000 et 25 000 personnes sont attendues pour la conférence elle-même, plus de 40 000 au total.

A.B.

Est-ce que ces bouleversements sont le fait de la nature ou de l’homme? 

Je ne sais pas si c’est pour tout, mais en grande partie, c’est l’homme qui donne des gifles à la nature , continuellement. Nous nous sommes un peu approprié la nature, de notre soeur la terre. Je me souviens – vous avez déjà entendu cela – d’un vieux paysan m’a dit un jour: « Dieu pardonne toujours, nous, les hommes nous pardonnons parfois, la nature ne pardonne jamais. » Si tu la gifles, elle le fait aussi. Je crois que nous avons trop exploitée la nature: la déforestation par exemple. Je me souviens qu’à Aparecida, je ne comprenais pas bien le problème quand j’entendais les évêques du Brésil parler de la déforestation de l’Amazonie, je n’arrivais pas à bien comprendre. L’Amazonie est un poumon du monde. Puis, il y a cinq ans, avec une commission pour les droits humains, j’ai présenté un recours devant la Cour suprême de l’Argentine pour arrêter, au moins de façon temporaire, une déforestation terrible dans le nord du pays, à Salta, Tartagal. C’est un aspect. Et puis, il y a la monoculture. Les paysans, par exemple, savent que si tu cultives du blé pendant trois ans, tu dois ensuite t’arrêter et faire une autre culture pendant un-deux ans, pour refaire les nitrates de la terre, pour que la terre se régénère. Par exemple, aujourd’hui, chez nous, on ne cultive que le soja et on fait du soja jusqu’à ce que la terre s’épuise. Tous ne font pas cela. Mais c’est un exemple, il y en a beaucoup d’autres. Je crois que l’homme est allé trop loin. 

Grâce à Dieu il y a aujourd’hui des voix, très nombreuses, qui parlent de cela. Je voudrais rappeler ici mon frère bienaimé, Bartholomaios qui prêche beaucoup sur ce thème depuis des années et je l’ai beaucoup lu pour préparer l’encyclique. Je peux revenir là-dessus mais je ne veux pas être long. Je dirais seulement ceci: Guardini explique cela assez bien. Il dit que la seconde « inculture » est mauvaise. La première, c’est l’« inculture » que nous recevons par la création, pour la faire « culture ». Mais quand tu t’appropries trop la création et que tu dépasse une limite, et cette culture se retourne contre toi. Pensons à Hiroshima. On crée une deuxième « inculture ».

Votre encyclique sur l’écologie?

C’est le cardinal Turkson, avec son équipe, qui a préparé une première mouture de l’encyclique. Ensuite, j’y ai travaillé moi-même avec l’aide de certains. Puis, avec des théologiens, j’ai fait la troisième version,  et maintenant j’ai préparé la troisième version et j’en ai envoyé une copie à la Congrégation pour la doctrine de la foi, à deuxième section de la Secrétairerie d’État et au théologien de la Maison pontificale, pour qu’ils vérifient bien que je ne dise pas de « bêtises ». Il y a trois semaines, j’ai reçu leurs réponses, certaines grandes comme cela, mais toutes constructives. Et maintenant, je prendrai une semaine entière, en mars, pour l’achever. Je crois que fin mars elle sera finie et elle partira pour les traductions. Je pense que, si le travail de traduction avance bien – Mgr Becciu est en train de m’écouter, il doit faciliter cela – sit tout va bien, elle pourrait sortir en juin-juillet. L’important c’est qu’il y ait un délai entre la sortie de l’encyclique et la rencontre de Paris, pour y être une contribution. La rencontre du Pérou n’a pas été terrible. Le manque de courage m’a déçu: à un certain moment, ils se sont arrêtés. Espérons qu’à Paris les représentants seront plus courageux et qu’ils avanceront sur cette question.

Vous allez interroger les autres religions sur ce thème?

Pas encore dans l’encyclique. Je crois que le dialogue avec les religions est important sur cette question. les autres religions ont une bonne façon de voir. Sur ce point aussi, nous sommes d’accord pour avoir une  même vision. De fait, j’ai parlé avec certains représentants des autres religions sur ce thème et je sais que le cardinal Turkson l’a fait, et au moins deux théologiens l’ont fait : voilà l’itinéraire. Mais il n’y aura pas de déclaration commune. Les rencontres viendront ensuite.

Traduction d’Anita Bourdin et Constance Roques

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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