La Prière eucharistique (3)

Les quatre Prières et quelques autres

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La Prière eucharistique (3)

Les quatre Prières et quelques autres

L’histoire de la liturgie est une des plus complexes qui soient. Il est assez facile de dater un manuscrit, mais de quand date le texte ? Peut-être était-il déjà très ancien quand il a été mis par écrit. D’autant plus que la liturgie n’est pas du journalisme, où il faut, chaque jour, fournir un nouvel article. Donc, nous n’entrerons pas dans cette histoire, avec ses variantes selon les pays. Tenons-nous aux Prières qui sont accessibles aujourd’hui.

Dans les Missels de langue française, nous trouvons d’abord quatre Prières, numérotées de I à IV : ce sont les Prières de base depuis la réforme liturgique qui a suivi le concile Vatican II. Viennent ensuite, deux Prières pour la Réconciliation, trois Prières pour les Assemblées avec enfants et une Prière « pour des circonstances particulières », dotée, elle-même, de quatre variantes.

Pourquoi cette variété ? Il faut revenir aux intentions du concile Vatican II. Dans la Constitution sur la liturgie, parlant de l’Eucharistie, qui est « le mystère de la foi », les Pères ont souhaité que « les fidèles, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée » (n° 48).

Les communautés rassemblées pour l’Eucharistie étant très différentes les unes des autres, il est apparu souhaitable de ne pas employer, uniformément, la même Prière eucharistique. Les mêmes mots ne conviendront pas aussi bien, qu’il s’agisse d’une communauté monastique, d’une Messe dominicale de paroisse ou d’une assemblée avec un grand nombre d’enfants. Qu’est-ce qui permettra le mieux de « comprendre » ce qui peut être compris et de « participer consciemment » ?

La Prière eucharistique est dite par le prêtre. Mais, s’il prie tout haut et dans notre langue, c’est pour que sa prière soit aussi notre prière. Pour cela, il faut que nous ayons nous-mêmes ruminé les paroles qu’il prononce, qu’elles nous soient devenues familières. Pour profiter de la liturgie de la Parole, il est bon d’avoir lu les textes à l’avance, tout seul dans un climat de prière ou dans un groupe de partage. Sinon, les mots risquent de glisser sur nos esprits distraits. A plus forte raison, il faut s’être approprié les Prières eucharistiques pour ne pas être, comme dit le Concile, « des spectateurs étrangers ».

Même si l’expression varie, sauf pour les paroles mêmes du Christ, des éléments identiques se retrouvent dans toutes les Prières : nous les évoquerons, tour à tour, dans les chroniques suivantes. Mais dans celle-ci, je voudrais vous inviter à lire calmement toutes ces Prières qui nous sont proposées. Je suis persuadé que vous n’avez jamais entendu certaines d’entre elles. Or chacune comporte des perles : ces quatre ou cinq mots qui ouvrent de vastes horizons.

En se rappelant que les Prières eucharistiques s’adressent toujours au Père, voici, dans ma collection personnelle, quelques-unes de mes perles.

La Prière I est celle que les catholiques romains ont employée pendant des siècles. Elle rappelle à Dieu qu’il avait « accueilli les présents d’Abel, d’Abraham et de Melkisédech », c’est-à-dire de notre père dans la foi et de deux païens. La Prière II évoque le Christ, le Jeudi Saint, « au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa Passion », alors que la IV parle de « l’Heure où tu allais le glorifier ». La III parle beaucoup du Saint-Esprit. Elle nous dit qu’en communiant, nous serons «remplis de l’Esprit Saint » : l’aviez-vous jamais remarqué ?

Dans les Prières eucharistiques pour la Réconciliation, l’accentuation va de soi : « Avant que ses bras étendus dessinent entre ciel et terre le signe indélébile de ton Alliance… » (I) ; « Alors que nous étions loin de toi, Père… « (II). Les enfants, quant à eux, vont rendre grâce pour la Création et pour l’amitié. Mais ils n’oublient pas que le Christ « s’est donné lui-même entre nos mains pour nous attirer vers toi » (II).

Les Prières eucharistiques pour les circonstances particulières sont les plus loquaces. Elles ont toutes cette belle formule qui rappelle Emmaüs et fait le lien entre la liturgie de la Parole et l’Eucharistie : « … il nous ouvre les Ecritures et nous partage le pain. »

Si vous êtes prêtre ou membre d’une équipe liturgique, réfléchissez à la Prière eucharistique que vous choisissez. Si elle est moins habituelle, la prédication pourrait la présenter. Je ne crois pas qu’il ait jamais été interdit de prêcher sur les prières eucharistiques.

L’Eucharistie est le trésor des trésors : les mots qui l’entourent valent bien quelque attention

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Jacques Perrier

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