« Nous devons être clairs et sans équivoques lorsque nous mettons nos communautés au défi de vivre pleinement les commandements de la paix et de la coexistence», déclare le pape François, à l’occasion de la rencontre interreligieuse à laquelle il a participé, ce mardi 13 janvier, à Colombo (Sri Lanka) au Mémorial Bandaranaike, le palais des congrès, comble. Le pape a aussi insisté sur le service des pauvres, sur ce qu’il appelle « le baume thérapeutique de la solidarité fraternelle ».
Le commandement nouveau
Cette expression du « commandement » de la paix et de la coexistence, fera certainement couler beaucoup d’encre: c’est une des expressions-choc dont le pape a le secret qui surprennent et qui réveillent. Il a à la fois défini dans ce discours ce qu’il entend par dialogue interreligieux, ses objectifs et ses conditions, et sa vision du rôle et de la responsabilité des religions dans la société.
Revêtu d’un châle jaune d’or honorifique, le pape a souhaité la participation des religions à la réconciliation nationale, en disant :“Puisse l’esprit croissant de coopération entre les responsables des différentes communautés religieuses trouver une expression dans l’engagement à mettre la réconciliation entre tous les Sri-Lankais au cœur de chaque effort pour renouveler la société et ses institutions”.
Il a redit que la religion ne peut en aucun cas être le prétexte à la violence: “Pour le bien de la paix, on ne doit pas permettre que les croyances religieuses soient utilisées abusivement pour la cause de la violence et de la guerre.”
La guérison et l’unité
“Nous devons être clairs et sans équivoques lorsque nous mettons nos communautés au défi de vivre pleinement les commandements de la paix et de la coexistence, qui se trouvent en chacune des religions, et lorsque nous dénonçons les actes de violence qui sont commis”, a insisté le pape.
Le pape a indiqué un remède qu’il appelle « le baume thérapeutique de la solidarité fraternelle ». Et d’expliquer: « Je pense en particulier aux nécessités matérielles et spirituelles des pauvres, des personnes dans le besoin, de tous ceux qui attendent avec anxiété une parole de consolation et d’espérance. «
Le pape a en quelque sorte indiqué ce qu’il entendait par dialogue interreligieux, en stimulant l’espérance de « routes nouvelles » : « Si nous sommes honnêtes dans la présentation de nos convictions, nous serons capables de voir plus clairement tout ce que nous avons en commun. De nouvelles routes s’ouvriront pour une estime mutuelle, une coopération et, certainement, une amitié. »
Ce qui est nécessaire aujourd’hui, a diagnostiqué – et averti – le pape, c’est la « guérison » et « l’unité », et non de « nouveaux conflits et de nouvelles divisions »: « La promotion de la guérison et de l’unité est, certainement, un engagement noble, qui incombe à tous ceux qui ont au cœur le bien de la nation et, en vérité, de toute la famille humaine. »
Il a conclu sur cette vocation des religions: « Que cette rencontre fraternelle confirme tous nos efforts pour vivre en harmonie et pour répandre les bénédictions de la paix. »
Une minorité clef
Bien que l’Église catholique ne représente qu’une minorité au Sri Lanka, elle détient un rôle-clé, puisqu’elle est la seule communauté dont les adeptes appartiennent à différents groupes ethniques, fait observer l’Aide à l’Eglise en détresse (AED-France), qui donne ces chiffres: environ 70% des 21 millions de Sri-lankais sont bouddhistes, 12 % sont hindouistes, à peine 10 % musulmans et quelque 8 % chrétiens, dont 6 % de catholiques.
Du point de vue ethnique, le pays est moins diversifié : 75 % des habitants sont Cingalais, environ 15 % Tamouls et quelque 10 % Maures sri-lankais, dont la grande majorité se compose de musulmans de langue tamoule. C’est la coexistence entre Tamouls et Cingalais qui a été à l’origine de la longue guerre civile.