Plus de 150 personnes ont participé au congrès « La communion de l’Église : Mémoire et espérance pour Haïti, cinq ans après le tremblement de terre » qui a eu lieu au Vatican le 10 janvier 2015.
Voulue par le pape, qui a rencontré les participants, la rencontre était organisée par le Conseil pontifical Cor Unum – dicastère « de la charité du pape » – et par la Commission pontificale pour l’Amérique latine, cinq ans après le séisme qui avait dévasté le pays, faisant plus de 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris.
Mgr Giampietro Dal Toso, secrétaire du Conseil pontifical « Cor Unum », explique aux lecteurs de Zenit les objectifs de cet événement et dresse un bilan des besoins actuels : « Le problème principal reste une forme de faiblesse enracinée dans le pays, qui n’est pas simplement la pauvreté, et qui se manifeste à différents niveaux de la vie sociale, économique et politique. En outre, la grande partie des édifices publics n’a pas encore été reconstruite. On manque encore des services essentiels et il est nécessaire de renforcer le réseau sanitaire et éducatif dans le pays. »
Il souligne aussi les actions « positives » : « un bon nombre de projets après-tremblement de terre ont été menés à terme et l’Église catholique a encore environ deux cents projets à réaliser. Soixante-dix sont en cours d’exécution et concernent la construction d’églises, de chapelles ou d’écoles, ainsi que d’autres édifices qui hébergent des activités de service gérées par l’Église ».
Zenit – Pourquoi cette rencontre ?
Mgr Giampietro Dal Toso – La Conférence a plusieurs objectifs. Tout d’abord parce que, cinq ans après un tremblement de terre comme celui qui a touché Haïti en 2010, dévastant une île déjà très pauvre, faisant environ 230.000 morts et laissant plus d’1,2 million de personnes sans maison, il a semblé à l’Église catholique que c’était son devoir de vérifier ce qui a été fait et ce qui reste à faire en vue de la reconstruction du pays.
En second lieu, parce que la situation est encore très précaire pendant cette phase de reconstruction et qu’il est important que l’Église catholique, mais je dirais aussi la communauté internationale, témoigne sa proximité aux personnes qui souffrent, comme c’est le cas du peuple haïtien.
Enfin, même si cette dernière raison est à l’origine de tout, c’est le pape en premier qui a accueilli cette proposition et demandé que l’on trouve un moment pour partager et relancer l’attention sur une crise qui n’est pas encore résolue.
Qui étaient les participants ?
Nous avons tous été positivement impressionnés par l’intérêt et la volonté de participation avec lesquels cette initiative a été accueillie. Que l’on pense simplement aux cent-cinquante personnes présentes, un chiffre qui dépasse de beaucoup ce que nous espérions. Il y avait des représentants du Saint-Siège, de nombreuses organisations caritatives catholiques et des congrégations religieuses actives sur l’île, des représentants de plusieurs conférences épiscopales plus impliquées, et bien sûr l’Église locale.
Parmi les interventions, nous avons eu les rapports préliminaires du cardinal Robert Sarah qui a suivi, en tant que président de « Cor Unum », pratiquement toute la phase de l’après-tremblement de terre ; du cardinal Ouellet, président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine qui a organisé cette journée avec « Cor Unum ». Et naturellement, du cardinal Chibly Langlois, évêque de Les Cayes et président de la Conférence épiscopale haïtienne. Mais beaucoup de personnes qui agissent directement dans le contexte de la crise ont aussi pris la parole : Alberto Piatti, président de AVSI, Eduardo Marques de Almeida, ancien représentant de la Banque inter-américaine du développement à Haïti, et enfin plusieurs acteurs qui ont apporté leurs témoignages et leurs expériences dans l’après-midi.
Quels sont les problèmes actuels ?
Le problème principal, aujourd’hui, reste une forme de faiblesse enracinée dans le pays, qui n’est pas simplement la pauvreté, et qui se manifeste à différents niveaux de la vie sociale, économique et politique. En outre, la grande partie des édifices publics n’a pas encore été reconstruite. On manque encore des services essentiels et il est nécessaire de renforcer le réseau sanitaire et éducatif dans le pays. Mais il y a beaucoup de choses positives : un bon nombre de projets après-tremblement de terre ont été menés à terme et l’Église catholique a encore environ deux cents projets à réaliser. Soixante-dix sont en cours d’exécution et concernent la construction d’églises, de chapelles ou d’écoles, ainsi que d’autres édifices qui hébergent des activités de service gérées par l’Église.
Quelles sont les solutions que veut apporter cette conférence ?
Notre but doit toujours être d’apporter de l’aide de la manière la plus rapide et efficace possible. En nous rappelant, cependant, que l’Église n’agit pas selon les critères de l’efficacité ou des intérêts économiques ou encore de l’assistanat ou de la pure solidarité : l’Église œuvre selon la charité du Christ, en encourageant le développement intégral de l’homme, qui va donc des aspects matériels aux aspects spirituels. Pour reconstruire le pays, il est nécessaire de reconstruire la personne et l’Église sait qu’elle peut donner sur ce plan une contribution énorme, justement à travers son œuvre d’évangélisation. En outre, en plus des belles formes de collaboration qui existent déjà, nous espérons que cette réunion stimulera la communion ecclésiale entre tous les différents sujets ecclésiaux, évêques, organismes d’entraide, congrégations religieuses, afin que notre action soit encore plus efficace. C’est ce qu’a dit le pape François en octobre dernier : « Quand l’Église s’exprime dans la communion, elle ne peut pas se tromper ».
Quelle est la stratégie de Cor Unum en matière d’aides économiques, et sur le plan social et spirituel ?
Cor Unum est le dicastère du Saint-Siège dédié au service de la charité. Depuis sa naissance, en 1971 sur la volonté de Paul VI, son objectif a été et est encore de promouvoir le développement humain intégral. La destination des aides doit donc toujours aller de pair avec les aspects de l’économie durable et de la pleine maturation de la personne. En un mot, je dirais que la stratégie de Cor Unum est la promotion de l’homme en tant qu’enfant de Dieu, de sa pleine prise de conscience et de sa maturation dans la liberté.
Pouvez-vous donner des exemples de l’aide apportée à Haïti ?
Dans le cas d’Haïti, nous avons vu une grande générosité de la part de toute l’Église. En tant que dicastère, au nom du Saint-Père, nous avons choisi de financer deux écoles. L’une d’elles a été récemment inaugurée par notre président émérite, le cardinal Robert Sarah, en novembre dernier. Pour nous, c’est un signe important, non seulement parce qu’une grande partie du système scolaire de Haïti est géré par l’Église catholique, mais pour redire combien la formation de la personne est fondamentale pour reconstruire le tissu du pays. Et je dois dire aussi notre profonde gratitude à l’égard des très nombreux fidèles qui, que ce soit par une petite ou une grande offrande, ou par leur activité après le tremblement de terre, ont a
pporté leur contribution pour leurs frères de Haïti.
Traduction de Constance Roques