« Quelle société voulons-nous bâtir ensemble ? Quelle place réservons nous aux plus faibles, aux exclus et aux différences culturelles ? Quelle culture voulons-nous transmettre aux générations qui nous suivent ? Quel idéal de notre communauté humaine proposons-nous à la jeunesse ? » : ce sont les questions que les évêques de France posent au pays, après l’attentat et les prises d’otage qui ont eu lieu entre le 7 et le 9 janvier 2015.
Au lendemain des manifestations citoyennes dans tout le pays, les évêques du conseil permanent de la Conférence des Évêques de France se sont retrouvés ce lundi 12 janvier 2015. Ils publient une déclaration invitant les catholiques « à prier pour les victimes et à confier à Dieu les âmes aveuglées des terroristes ».
Saluant « les policiers et les gendarmes qui ont payé un lourd tribut dans ces attaques », ils assurent « la communauté juive encore une fois endeuillée » de leur « soutien fraternel » : une des prises d’otages du 9 janvier a fait 4 morts dans une épicerie casher.
Les évêques rappellent aussi que « les amalgames sont trop faciles et que la tentation peut toujours exister de confondre une religion avec les extrémismes qui se réclament d’elle en la défigurant ». Ils appellent à « ne pas entrer dans la spirale mortifère de la peur et du mépris de l’autre ».
Exhortant à « construire la société de demain », non « les uns contre les autres mais les uns avec les autres », ils plaident pour « amplifier les efforts faits dans le domaine de l’éducation, conscients que cet enjeu est majeur pour aujourd’hui et pour demain ».
A.K.
Déclaration des évêques
Quelle société voulons-nous construire ensemble ?
La semaine dernière, le terrorisme a frappé et la mort a fait irruption au cœur de notre société. L’attentat contre Charlie hebdo, les prises d’otages et les assassinats qui l’ont suivi sont des drames qui marquent l’ensemble des Français et bien au-delà de notre pays, tous ceux qui sont attachés aux valeurs qui fondent la possibilité de vivre ensemble. Perpétrées sur notre territoire, au cœur de notre nation, ces horreurs ont également suscité un puissant élan de cohésion de nos concitoyens et l’expression d’un soutien de la part de tant de pays, si éclatants ce dimanche, autour des principes fondamentaux qui façonnent notre société. Nous avons pris part à cet élan ; nous le soutiendrons encore.
Nous invitons les catholiques de nos diocèses à prier pour les victimes et à confier à Dieu les âmes aveuglées des terroristes.
Nous saluons les policiers et les gendarmes qui ont payé un lourd tribut dans ces attaques et qui exercent cette mission essentielle de « garder la paix », cette paix quotidienne qui nous semble si naturelle.
Nous assurons de notre fraternel soutien la communauté juive encore une fois endeuillée.
Nous voulons redire que les amalgames sont trop faciles et que la tentation peut toujours exister de confondre une religion avec les extrémismes qui se réclament d’elle en la défigurant.
Nous exhortons les uns et les autres à ne pas entrer dans la spirale mortifère de la peur et du mépris de l’autre.
Toutes les libertés sont intrinsèquement liées les unes aux autres. La liberté de la presse, quelle que soit cette presse, reste un des signes d’une société solide, ouverte au débat démocratique, capable de ménager une place digne à chaque personne dans le respect de ses origines, de sa religion, de ses différences. C’est cette France respectueuse de tous, symbole au-delà même de ses frontières, qui a été meurtrie ; c’est vers cette France qu’ont afflué du monde entier les très nombreux témoignages de sympathie et de compassion ; c’est cette France-là qui dimanche a redit son adhésion profonde aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Le temps viendra où nous devrons avoir le courage de nous interroger pour savoir comment la France a pu voir croître en son sein de tels foyers de haine.
Enracinés dans l’Evangile, portés par l’Espérance, nous devons nous interroger sur notre projet de société. Quelle société voulons-nous bâtir ensemble ? Quelle place réservons nous aux plus faibles, aux exclus et aux différences culturelles ? Quelle culture voulons-nous transmettre aux générations qui nous suivent ? Quel idéal de notre communauté humaine proposons-nous à la jeunesse ?
Nous appelons les catholiques à poursuivre leur engagement dans la vie familiale, la vie associative et plus généralement dans la vie publique pour faire progresser notre société dans la justice et la paix.
Nous invitons à amplifier les efforts faits dans le domaine de l’éducation, conscients que cet enjeu est majeur pour aujourd’hui et pour demain.
C’est ensemble que nous construirons la société de demain. Non les uns contre les autres mais les uns avec les autres.
Mgr Georges PONTIER
Archevêque de Marseille
Président de la CEF
et le conseil permanent de la CEF :
Mgr Pierre-Marie CARRÉ, Archevêque de Montpellier, vice-président
Mgr Pascal DELANNOY, Évêque de Saint Denis, vice-président
Mgr Jean-Claude BOULANGER, Évêque de Bayeux et Lisieux
Mgr André VINGT-TROIS, archevêque de Paris
Mgr François FONLUPT, Évêque de Rodez
Mgr Hubert HERBRETEAU, Évêque d’Agen
Mgr Jean-Paul JAMES, Évêque de Nantes
Mgr Stanislas LALANNE, Évêque de Pontoise
Mgr Benoit RIVIÈRE, Évêque d’Autun, Chalon et Mâcon