La prière eucharistique (2)

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« Elevons notre coeur »

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La prière eucharistique (2)

« Elevons notre cœur »

Quelles que soient les prières eucharistiques, elles s’ouvrent toutes par le même dialogue :

–     Le Seigneur soit avec vous
–       Et avec votre esprit
–       Elevons notre cœur
–       Nous le tournons vers le Seigneur
–       Rendons grâce au Seigneur notre Dieu
–       Cela est juste et bon

Cette formule est, non seulement commune aux prières d’aujourd’hui, mais aussi, à la fois primitive et universelle. On la retrouve, avec des variantes dans la rédaction mais pas dans la structure, dans toutes les liturgies, qu’elles soient d’Orient ou d’Occident, aussi loin que l’on remonte dans le temps. Prononcer ces paroles, c’est déjà s’inscrire dans la totalité de l’histoire chrétienne. C’est un acte œcuménique, comme lorsque nous récitons le Credo.

La prière eucharistique s’ouvre donc par un dialogue. Il ne comporte que peu de mots : la liturgie, surtout la liturgie romaine, n’est pas bavarde. Mais ce dialogue a la particularité de comporter trois échanges de « répliques », dirait-on au théâtre. C’est la seule fois au cours de la Messe, signe de l’importance de ce qui va suivre.

Que le Seigneur Jésus soit avec nous, nous le savons puisqu’il a dit qu’il le serait jusqu’à la fin des temps (Matthieu 28, 20), et tout particulièrement lorsque nous serons réunis en son nom (Matthieu 18, 20) : le prêtre est le signe sacramentel de la réunion au nom du Christ. Par-delà l’Evangile, la formule plonge dans la foi d’Israël. Quand Dieu apparaît à Moïse et l’envoie en mission, il lui promet : « Je serai avec toi » (Exode 3, 12). C’est ainsi que l’ange salue Marie le jour de l’Annonciation.

En grec et en latin, la formule ne comporte pas de verbe. Cela n’oblige pas à choisir entre « le Seigneur soit avec vous » et « le Seigneur est avec vous » : quoi qu’il en soit, c’est un bon début pour entrer dans la prière eucharistique.

Nous répondons au prêtre : « Et avec ton esprit ». L’esprit : ce qu’il y a de plus personnel en l’homme, ce par quoi il est à l’image de Dieu qui est Esprit. Plusieurs épîtres de saint Paul se terminent par ce souhait : « Le Seigneur (soit) avec votre esprit ; la grâce (soit) avec vous » (2 Timothée 4, 22). L’épître aux Galates et le billet à Philémon ont des formules similaires.

Puisque « Esprit » est un nom de Dieu et, tout particulièrement, du Saint-Esprit, certains pensent qu’il faudrait aller plus loin et comprendre : « Et nous, nous sommes avec l’Esprit qui est en toi. » Ce serait un acte de foi dans la présence particulière de l’Esprit-Saint dans le président de l’assemblée.

Ces rapprochements nous font voir que les prières liturgiques sont nourries de l’Ecriture, Ancien et Nouveau Testament. Cela se vérifie dans l’échange qui suit.

Aux baptisés, qui sont ressuscités avec le Christ, saint Paul demande de « rechercher les choses d’en haut » (Colossiens 3, 1), là où est le Christ, siégeant à la droite de Dieu. Notre citoyenneté est dans les cieux, dit-il aux Philippiens (3,20) et c’est des cieux que nous attendons la venue définitive du Sauveur. Chaque Eucharistie est un jalon sur la route qui va du Jeudi Saint à la fin des temps.

Le dernier échange de répliques semble venir de la liturgie des repas dans le monde juif. Avec plus ou moins de solennité, le repas se déroule ou, du moins, commence dans un climat d’action de grâce, de bénédiction. L’oublier, c’est se condamner à ne rien comprendre au récit de la Cène, mais aussi à la prière eucharistique.

Le maître du repas dit, par exemple : « Rendons grâce à notre Dieu qui nous a nourris de son abondance. » Les convives répondent : « Béni soit celui dont l’abondance nous a nourris et dot la bonté nous fait vivre. » Par ces mots, les convives ratifient l’invitation lancée par le maître du repas.

De même, à la Messe, les fidèles répondent au président de la célébration : « Cela est juste et bon. » Le président reprend la parole et enchaîne « vraiment, il est juste et bon… » : c’est la préface.

Le dialogue qui ouvre la prière eucharistique devrait nous rester constamment à l’esprit : nous sommes en communion avec le prêtre ; notre regard est tourné vers le Christ ressuscité ; nous accomplissons notre mission en rendant grâce. Sinon, qui le fera ?  

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Jacques Perrier

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