« Le temps passé à côté d’un malade est un temps sacré », affirme le pape François dans son message pour la XXIIIème Journée mondiale des malades (11 février 2015). Il dénonce « le grand mensonge » qui « incite à croire que les vies gravement atteintes par la maladie ne seraient pas dignes d’être vécues ».
Dans son message publié ce 30 décembre sur le thème « J’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux » (Jb 29,15), le pape médite sur la « sapientia cordis », la sagesse du cœur, qui consiste notamment à « être avec le frère ».
Un temps sacré, une louange à Dieu
Pour le pape en effet, « le temps passé à côté du malade est un temps sacré. C’est une louange à Dieu, qui nous conforme à l’image de son Fils, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20,28) ».
Il insiste sur « la valeur de l’accompagnement, si souvent silencieux, qui conduit à consacrer du temps à ces sœurs et à ces frères » en leur prodiguant « proximité et affection » : « La charité a besoin de temps. Du temps pour soigner les malades et du temps pour les visiter. »
Le monde actuel « oublie parfois la valeur spéciale du temps passé auprès du lit d’un malade, parce qu’on est harcelé par la hâte, par la frénésie de l’action, de la production et on oublie la dimension de la gratuité, de l’acte de prendre soin, de se charger de l’autre », déplore le pape qui voit derrière cette attitude « une foi tiède, oublieuse de cette parole du Seigneur : « C’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40) ».
Il salue ceux qui soignent les malades, décrivant leur mission comme « un grand chemin de sanctification » : en effet, se faire « proches des malades ayant besoin d’une assistance permanente, d’une aide pour se laver, s’habiller, se nourrir », est un service qui à la longue, « peut devenir fatigant et pénible » surtout si la personne « n’est plus à même de remercier ».
Le grand mensonge de la qualité de la vie
Le pape dénonce « le grand mensonge » qui « se dissimule derrière certaines expressions qui insistent sur la « qualité de la vie », pour inciter à croire que les vies gravement atteintes par la maladie ne seraient pas dignes d’être vécues ».
Il souligne « la priorité absolue de « la sortie de soi vers le frère » comme un des deux commandements principaux qui fondent toute norme morale et comme le signe le plus clair pour discerner sur un chemin de croissance spirituelle en réponse au don absolument gratuit de Dieu ».
Il invite à « être solidaire avec le frère sans le juger » car « la véritable charité est un partage qui ne juge pas, qui ne prétend pas convertir l’autre ; elle est libérée de cette fausse humilité qui, au fond, recherche l’approbation et se complaît dans le bien accompli ».
Enfin, la sagesse du cœur n’est pas l’apanage des bien-portants mais les malades aussi y sont appelés : « lorsque la maladie, la solitude et l’incapacité l’emportent sur la vie de don, l’expérience de la souffrance peut devenir un lieu privilégié de la transmission de la grâce et une source pour acquérir et renforcer la sapientia cordis ».
« Les personnes plongées dans le mystère de la souffrance et de la douleur, accueilli dans la foi, peuvent également devenir des témoins vivant d’une foi qui permet d’habiter la souffrance elle-même, bien que l’homme, par son intelligence, ne soit pas capable de la comprendre en profondeur », conclut le pape.