Une rencontre est aussi un « mystère ». Celui qui a réuni François Cheng, poète, académicien, d’origine chinoise, et le Père Kim En Joong, artiste peintre, dominicain, d’origine coréenne il y a une dizaine d’années, semble comme un souffle venu d’Extrême-Orient en Occident.
Avec leur soif indicible à transmettre leur vision de la Beauté malgré les épreuves violentes subies pendant leur jeunesse dans leurs pays respectifs, ils lèvent un voile de la transfiguration par la poésie et la peinture.
Mystère d’une Rencontre, mystère de l’Incarnation, mystère de la Tradition, mystère de la Foi.
Ensemble, ils nous font entrer dans ce « mystère » en publiant aux éditions Bayard en 2009 l’ouvrage « Vraie lumière née de la vraie nuit » puis « La Joie » en 2010 et depuis le mois d’octobre 2014, « Quand les âmes se font chant ».
Cette édition reprend, avec quelques variations les « Cantos Toscans » publié par François Cheng en 1999 aux éditions Unes.
Une exposition dédiée à leur ouvrage a lieu actuellement à la galerie Yoshii dans le 8ème arrondissement à Paris jusqu’au 31 décembre prochain.
Entrer dans cet ouvrage, c’est sans doute entrer dans un dialogue intérieur.
Ne les interrogez surtout pas sur leurs talents artistiques car, le mystère demeure silencieux. Il se reçoit.
Il nous faut savoir décrypter les apparences, prendre de la hauteur et embrasser l’harmonie chromatique des couleurs et des mots pour entrer dans ce « mystère ».
L’art abstrait, la poésie ne heurtent pas le regard mais le subliment.
Ensemble, ils dévoilent une part de « fragments d’un monde inconnu » comme l’écrira Julien Green.
Ils jettent un pont dans le ciel pour unifier les traditions et la pensée et nous permettre d’entrevoir une étincelle de la Beauté.
Cette inscription du « chant de l’âme » nous permet de nous fondre dans le paysage, d’être une particule créatrice du monde, de dépasser les tensions, de partir en voyage à la Source pour nous en abreuver.
A l’image des « Cantos Toscans » où les mouvements telluriques en Toscane sont nombreux, le miracle s’opère et transfigure le réel vers l’équilibre, l’harmonie et la paix.
Ainsi le dialogue s’installe avec la terre, le ciel et l’univers du vivant pour rejoindre la demeure éternelle, pour toucher de notre regard la Gloire de Dieu, ce « Dieu d’accueil, d’épousailles et d’eurythmie » comme le décrit si bien François Cheng.
Devant ces toiles et ces mots, l’homme occidental comprend que l’univers spirituel est avant tout « sensible ».
Il s’agit d’entrer en communion dans un processus créatif, retrouver un souffle vital qui régit aussi bien la nature que nous-mêmes, contempler de l’extérieur, notre âme intérieure.
Le regard et la pensée avanceront alors de concert dans la profondeur de l’Invisible.
Avec des yeux d’enfant, il nous faut chercher à discerner ce qui se révèlera grâce à la relation que Dieu, le « Tout Amour », établit avec nous.
« Quand les âmes se font chant » est sans aucun doute une invitation à participer aux noces du visible et de l’invisible grâce à la Beauté des mots et des couleurs pour entendre « le chant » de l’Amour Trinitaire.
Un bel ouvrage à méditer pendant le temps de Noël…