Le pape François le répète, on ne peut avoir « deux maîtres », en somme, Dieu ou l’argent, il faut choisir.
L’idolâtrie de l’argent
Le pape le redit dans un tweet posté ce jeudi 18 décembre sur son compte @Pontifex_fr: « Le Seigneur l’a clairement dit: vous ne pouvez servir deux maîtres. Ou Dieu ou les richesses. »
Le pape l’a dit clairement également dans « Evangelii Gaudium« : les paragraphes concernant l’argent sont très directs (nn. 55-58).
Le pape dit « non » à la « nouvelle idolâtrie de l’argent »: « L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de ses besoins : la consommation. »
Il dénonce les inégalités comme un « déséquilibre » qui « procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière ». Il diagnostique: « Ils nient le droit de contrôle des États chargés de veiller à la préservation du bien commun. Une nouvelle tyrannie invisible s’instaure, parfois virtuelle, qui impose ses lois et ses règles, de façon unilatérale et implacable. De plus, la dette et ses intérêts éloignent les pays des possibilités praticables par leur économie et les citoyens de leur pouvoir d’achat réel. »
Refus de l’éthique, refus de Dieu
Le pape dénonce une « corruption ramifiée et une évasion fiscale égoïste qui ont atteint des dimensions mondiales » et que « l’appétit du pouvoir et de l’avoir ne connaît pas de limites ».
Il souligne les conséquences y compris pour l’environnement: « Dans ce système, qui tend à tout phagocyter dans le but d’accroître les bénéfices, tout ce qui est fragile, comme l’environnement, reste sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue. »
Il pape dit aussi « non » à l’argent « qui gouverne au lieu de servir » et son disgnostic s’affine encore: « Derrière ce comportement se cachent le refus de l’éthique et le refus de Dieu. »
Dieu est dangereux
Et d’expliquer: « Habituellement, on regarde l’éthique avec un certain mépris narquois. On la considère contreproductive, trop humaine, parce qu’elle relativise l’argent et le pouvoir. On la perçoit comme une menace, puisqu’elle condamne la manipulation et la dégradation de la personne. En définitive, l’éthique renvoie à un Dieu qui attend une réponse exigeante, qui se situe hors des catégories du marché. Pour celles-ci, si elles sont absolutisées, Dieu est incontrôlable, non-manipulable, voire dangereux, parce qu’il appelle l’être humain à sa pleine réalisation et à l’indépendance de toute sorte d’esclavage. L’éthique – une éthique non idéologisée – permet de créer un équilibre et un ordre social plus humain. En ce sens, j’exhorte les experts financiers et les gouvernants des différents pays à considérer les paroles d’un sage de l’antiquité : « Ne pas faire participer les pauvres à ses propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie. Ce ne sont pas nos biens que nous détenons, mais les leurs ». »
Il invite les dirigeants politiques à un « changement vigoureux d’attitude et à relever le « défi » d’une « éthique en faveur de l’être humain ».