Le pape François demande aux catholiques de prier pour lui et pour tous les prêtres dans un tweet posté sur son compte @Pontifex_fr, ce samedi 13 décembre: « Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon ordination sacerdotale. Je vous demande de prier pour moi et pour tous les prêtres. »
Le pape a en effet été ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus, à Cordoba (Argentine), il y a 44 ans, le 13 décembre 1969. Il allait avoir 33 ans le 17 décembre.
La réaction de ses parents
Dans son livre entretien avec Francesca Ambrogetti et Sergio Rubin, « Je crois en l’homme » (Flammarion 2013), il confie la réaction de ses parents à l’annonce de sa décision de devenir prêtre. « Je l’ai d’abord dit à mon père, et il a approuvé mon choix. Encore mieux, il était heureux. Il m’a demandé si j’étais sûr de ma décision. Puis c’est lui qui en a parté à maman qui, en bonne mère, commençait à s’en douter. Sa réaction fut différente: « Je ne sais pas, mais je ne te vois pas… Tu dois attendre un peu… Tu es l’aîné… Continue à travailler… Termine tes études. » La vérité c’est qu’elle l’a très mal pris » (p. 46).
Sa mère restera longtemps distante par rapport à ce choix de Dieu: « Quand je suis entré au séminaire, maman n’a pas voulu m’accompagner. Elle a mis des années à accepter ma décision. Nous n’étions pas fâchés, mais autant j’allais à la maison, autant elle ne venait jamais au séminaire. Quand finalement elle l’a accepté, elle a mis certaines distances. Au noviciat de Cordoba, elle venait me voir. Cela dit, c’était une femme croyante et pratiquante, mais elle pensait que tout était allé trop vite, que c’était une décision qui requérait un temps de réflexion. Elle était cohérente, cela dit, je la vois encore à genoux devant moi, à l’issue de la cérémonie de mon ordination, demandant ma bénédiction » (pp. 46-47).
Et puis voici la réaction de sa grand-mère: « Lorsque j’en ai parlé à ma grand-mère, qui le savait déjà et qui joua les innocentes, elle m’a dit: « Bien si Dieu t’appelle, béni sois-tu ». Elle a aussitôt ajouté: « Je te prie de ne pas oublier que les portes de la maison sont toujours ouvertes et que personne ne te reprochera quoi que ce soit si tu décides de revenir. » Cette réaction, que nous qualifierons aujourd’hui de modérée, devant quelqu’un qui s’apprête à traverser une épreuve importante, fut pour moi une leçon pour savoir comment se comporter face à une personne qui est sur le point de faire un pas décisif dans la vie. »
L’expérience décisive de la Saint-Matthieu
Jorge Mario Bergolio avait composé un Credo quelques jours avant son ordination sacerdotale. Il y fait allusion au jour de l’appel décisif, sous le signe de saint Matthieu, le 21 septembre – il avait 17 ans -: il entra dans l’église San José du quartier de Flores, à Buenos Aires. Il y trouva un prêtre, le P. Duarte, qu’il ne connaissait pas et il alla se confesser. Il raconte: « Lors de cette confession il m’est arrivé une chose curieuse, je ne sais ce que c’était, mais cela a changé ma vie. Je dirais que j’ai été surpris alors que je baissais la garde (…). Ce fut la surprise, la stupeur d’une rencontre. J’ai compris qu’on m’attendait. C’est ce qu’on appelle l’expérience religieuse: la stupeur de vous trouver devant quelqu’un qui vous attend. A partir de là, pour moi, Dieu a été Celui « qui m’a trouvé en premier ». Je le cherche, mais lui aussi me cherche. Je désire le trouver, mais Lui « me trouve en premier ». »
Le pape a raconté plusieurs fois cette expérience, notamment aux jeunes, et qu’il méditait souvent ce premier appel devant la Vocation de saint Matthieu du Caravage, en l’église Saint-Louis-des-Français de Rome, comme nous l’avons raconté le 21 septembre 2013.
Il finit ses études secondaires et continua de travailler dans le laboratoire d’analyse chimique qui l’employait à temps partiel. Et puis, après une crise « de croissance » vécue dans la solitude, il décida d’entrer au séminaire à 21 ans.
De l’entrée au séminaire à l’ordination
Diplômé comme technicien en chimie, il entre au séminaire diocésain de Villa Devoto, indique sa biographie officielle. Le 11 mars 1958, il passe au noviciat de la Compagnie de Jésus. Il complète ses études de lettres au Chili et en 1963, revient en Argentine et obtient une maîtrise en philosophie au collège Saint-Joseph à San Miguel.
Entre 1964 et 1965 il est professeur de littérature et de psychologie au collège de l’Immaculée de Santa Fé et, en 1966, il enseigne les mêmes matières au collège du Sauveur à Buenos Aires. De 1967 à 1970, il étudie la théologie et obtient une maîtrise, toujours au collège Saint-Joseph.
Après son ordination sacerdotale, en 1969, il poursuit sa préparation entre 1970 et 1971 à Alcalà de Henares, en Espagne, et le 22 avril 1973 il émet sa profession perpétuelle chez les jésuites. À nouveau en Argentine, il est maître des novices jésuites, à Villa Barilari à San Miguel, professeur à la faculté de théologie, consulteur de la province de la Compagnie de Jésus ainsi que recteur du Collège.
Le 31 juillet 1973, il est élu provincial des jésuites d’Argentine, charge qu’il occupera pendant six ans. Il reprend ensuite son travail dans le domaine universitaire et, entre 1980 et 1986, il est à nouveau recteur du collège Saint-Joseph, et curé encore à San Miguel. En mars 1986, il se rend en Allemagne pour terminer sa thèse de doctorat; ses supérieurs l’envoient ensuite au collège du Sauveur à Buenos Aires puis à l’église de la Compagnie de Cordoba, comme directeur spirituel et confesseur.
L’ordination épiscopale
L’anniversaire de son ordination épiscopale, c’est le 27 juin. En effet, le cardinal Antonio Quarracino le voulait comme son proche collaborateur à Buenos Aires. Ainsi, le 20 mai 1992, Jean-Paul II le nomme évêque titulaire d’Auca et auxiliaire de Buenos Aires. Le 27 juin, il reçoit dans la cathédrale l’ordination épiscopale précisément des mains du cardinal. Il choisit comme devise Miserando atque eligendo et insère dans son blason le christogramme IHS, symbole de la Compagnie de Jésus: il les conservera dans son blason papal.
Voici le credo écrit avant son ordination sacerdotale, dont pape François a remis une copie manuscrite à la journaliste italienne Stefania Falasca qui l’a publiée dans le quotidien catholique Avvenire, en avril 2013. Le pape a confié à Stefania Falasca qu’il avait écrit ce Credo à un moment de « grande intensité spirituelle ».
redo de Jorge Mario Bergoglio
Je veux croire en Dieu Père, qui m’aime comme un fils, et en Jésus, le Seigneur, qui a insufflé son Esprit dans ma vie pour me faire sourire et me conduire ainsi au royaume de la Vie éternelle.
Je crois en mon histoire, traversée par le regard d’amour de Dieu qui, en cette journée de printemps, le 21 septembre, est venu à ma rencontre pour m’inviter à le suivre.
Je crois en ma souffrance, stérile du fait de l’égoïsme, qui est mon refuge.
Je crois en la petitesse de mon âme, qui cherche à dévorer sans donner … sans donner.
Je crois que les autres sont bons et que je dois les aimer sans crainte et sans jamais les trahir en cherchant une sécurité pour moi.
Je crois en la vie religieuse.
Je crois que je veux aimer beaucoup.
Je crois en la mort quotidienne, brûlante, que je fuis, mais qui me sourit, m’invitant à l’accepter.
Je crois dans la patience de Dieu, accueillante, bonne comme une nui
t d’été.
Je crois que papa est au ciel, avec le Seigneur.
Je crois que le père Duarte est là-haut, intercédant pour mon sacerdoce.
Je crois en Marie, ma Mère, qui m’aime et ne me laissera jamais seul.
Et j’attends la surprise de chaque journée, dans laquelle se manifesteront l’amour, la force, la trahison et le péché, qui m’accompagneront toujours jusqu’à la rencontre finale avec ce visage merveilleux que je ne sais pas comment il est, que je fuis sans cesse, mais que je veux connaître et aimer.
Amen.