Libérer les esclaves: les religieuses le font

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Extirper un virus mortel du coeur des sociétés

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Un réseau international de religieuses se mobilise victorieusement depuis cinq ans contre l’esclavage qui constitue un “virus mortel” pour les sociétés: le Conseil pontifical Justice et Paix (CPJP) a présenté, ce 10 décembre, au Vatican, le message du pape François pour la Journée mondiale de la paix 2015, sur le thème: “Non plus esclaves mais frères”.

Soeur Gabriella Bottani SMC, a représenté l’engagement du réseau “Talitha Kum” (« Petite fille, lève-toi! », cf. Marc 5, 41), mis en place par des congrégations religieuses en 2009. Elle était entourée de soeur Eugenia Bonetti, présidente de “Slaves no more”, de soeur Sharmi D’Souza, engagée contre la traite en Inde, de soeur Monica Chikwe, du Nigeria. Leur action a permis des milliers de femmes de l’esclavage de la prostitution notamment, indique soeur Eugenia Bottani.

Les « clients » favorisent la protitution

Une des jeunes femmes a pu dire aux soeurs: “En vous, l’Eglise est venue à mon aide, cela guérit mes blessures profondes, et cela m’ouvre à un nouveau chemin de liberté”.

Sœur Eugenia Bonetti, missionnaire italienne de 76 ans, a été la lauréate du Prix de la citoyenneté européenne 2013, « pour son engagement contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes ».

Le prix a été remis à la religieuse, de l’Ordre de la Consolata, présidente de l’association « Slaves no more » qui aide les femmes victimes de la prostitution à retourner dans leurs pays d’origine et elle a déjà aidé plus de 16.000 femmes depuis 1998.

Pour sœur Eugenia Bonetti, le Prix « est offert à toutes ces religieuses qui jour après jour peinent » dans la centaine de maisons d’accueil familiales ouvertes en Italie « pour aider ces personnes à reconstruire leur vie, leur réalité ».

« Nous réalisons ces rapatriements assistés à travers un projet de réintégration sociale et de travail, en collaboration avec l’Usmi et avec la Caritas italienne, et grâce aux fonds que nous recevons de la Conférence épiscopale italienne », précise sœur Eugenia Bonetti.  

L’exemple de sainte Bakhita

Pour la religieuse, « ce sont vraiment les clients qui favorisent, alimentent et soutiennent la prostitution ». Elle appelle à travailler pour « se réapproprier une culture de respect, de dignité, de relation » afin de « redonner à ces personnes la dignité, la liberté, l’identité et l’égalité ».

Eugenia Bonetti explique qu’elle a demandé au pape qu’un jour de l’année soit dédié à la réflexion et à l’attention sur l’exploitation sexuelle des êtres humains. Elle a suggèré le jour de sainte Bakhita, le 8 février.

A tous, le réseau « Talitha Kum » propose: 1) de rompre le silence sur le trafic des êtres humains; 2) de faire quelque chose comme rejoindre un groupe; 3) promouvoir une culture de la vie et du respect de la dignité de tout être humain.

Pour le président du CPJP, le cardinal ghanéen Peter K. A. Turkson,  le message du pape s’inscrit dans le prolongement du message de 2014: “La fraternité, fondement et route de la paix”.

Il rappelle lui aussi la grande figure de sainte Joséphine Bakhita (v. 1869-1947), esclave au Soudan, devenue religieuse Canossienne – “libre fille de Dieu” – en Italie, béatifiée puis canonisée par saint Jean-Paul II: elle est inscrite au martyrologe romain au 8 février.

Chacun peut agir

Mgr Mario Toso SDB, secrétaire du dicastère, rappelle que l’Eglise a toujours été sur le front de la lutte contre le “crime” de l’esclavage, et le “phénomène scandaleux et abominable” de la traite des personnes. Il faut, dit-il, le vaincre “définitivement”. Il souligne comment le pape èpingle les différentes formes modernes d’esclavage: des formes “barbares et inciviles d’existence”. Le pape, dit-il, en dénonce aussi les causes, appelant à une “mobilisation”, notamment par la prévention, la protection des victimes, les actions judiciaires, la reconstruction psychologique, la formation, la réinsertion sociale.

M. Vittorio Alberti, du CPJP, souligne qu’il s’agit aussi de mobiliser les media pour sensibiliser les opinions publiques. Il souligne que le pape compte spécialement pour cela sur la mobilisation des femmes dans les domaines culturels et de la communication.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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