Au moment où les autorités italiennes démantèlent un réseau malfieux exploitant l’accueil des migrants et des Roms, le pape François salue le bénévolat qui agit, gratuitement, au service des plus pauvres, et il dénonce le fait d’exploiter la pauvreté pour s’enrichir.
Change le monde!
Certaines écoutes téléphoniques diffusées dans les media sont sans équivoque: le réseau mafieux démantelé à Rome, et qui a ses ramifications dans différents milieux et différents partis politiques, était considéré par ceux qui en tenaient les rênes comme plus lucratif que « le trafic de drogue ». Des subventions européennes pour l’accueil des immigrés étaient par exemple détournées par la coupole qui s’enrichissait sur les dos des plus pauvres aux frais des contribuables européens. La première arrestation a eu lieu dimanche, 30 novembre, mais le secret a été gardé jusqu’aux 36 arrestations en chaîne, survenues à partir du 2 décembre à Rome.
Sur fond de ce scandale, le pape salue d’autant plus la gratuité et le dévouement des associations de bénévoles si nombreuses en Italie. Il a en effet reçu, ce jeudi matin, 4 décembre, en la salle Paul VI du Vatican la Fédération des organismes chrétiens de service volontaire international (FOCSIV), à l’occasion de la Journée internationale des bénévoles, fixée au 5 décembre par l’ONU. Des centaines de millions de bénévoles sont concernés dans le monde. La Journée 2014 a pour thème: « Change le monde, deviens volontaire! »
La valeur de la gratuité
Le pape souligne la vocation du bénévole de témoigner de la valeur de la « gratuité », au service des pauvres et de leurs aspirations, sans en faire une « occasion de gain », comme les exploiteurs aujourd’hui traduits devant la justice par les enquêteurs.
Le pape souligne aussi la dimension « communautaire » de cette solidarité avec les pauvres.
« Je vous remercie de ce que vous faites, et de la manière dont vous le faites », a dit le pape François qui a salué le « service précieux » de la FOCSIV au service des populations souffrant de la « faim » et du « scandale de la guerre »: il y voit une image de « la tendresse du Christ ».
Le pape a salué leur travail dans les camps de réfugiés et auprès des victimes des guerres, notamment de ceux qui sont « persécutés à cause de leur foi, chassés de leurs maisons, de leurs terres ». Pour le pape, le chrétien ne saurait détourner le regard, mais est appelé à secourir l’humanité souffrante.
Il a cité le cas des migrants et des réfugiés, fuyant des situations insoutenables. Et il a lancé un appel à la coopération entre les institutions, les ONG et les mouvements ecclésiaux » mais aussi entre les Etats, afin de « promouvoir des parcours de cohabitation pacifique entre les personnes et les cultures » et mieux gérer le phénomène.
Les causes structurelles
Pour le pape, les flux migratoires requièrent des « modalités d’accueil adéquates », de façon à ce que les migrants ne se retrouvent pas aux mains de « bandes de trafiquants sans scrupules ».
Il encourage en outre à combattre le mal à la racine en s’attaquant aux « causes structurelles » de la pauvreté: inégalités, manque de travail, négation des droits sociaux.
Enfin, le pape François met en cause le système économique dominant également responsable des désastres environnementaux: « la création n’est pas une propriété », scande le pape, car « c’est un don merveilleux fait par Dieu, afin que nous en prenions soin, pour le bien de tous ».