Pour accepter l’autre dans sa différence, il faut garder « la conscience de l’unité de la famille humaine » qui est « une dans son origine, sa finalité, ses besoins fondamentaux… », souligne le cardinal Tauran en introduisant le IIIe Sommet de responsables chrétiens et musulmans (III Summit of Christian and Muslim Leaders).
L’événement est organisé à Rome du 2 au 4 décembre 2014 sur le thème « Chrétiens et musulmans : des croyants vivant dans la société ». Il rassemble des catholiques et des délégations sunnite, chiite et épiscopale anglicane, sous la houlette du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Il est présidé par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du dicastère, et co-présidé par le Prince El Hassan bin Talal de Jordanie, l’évêque de Washington de l’Église épiscopale John Bryson Chane, et l’ayatollah Sayyed Mostafa Mohaghegh Damad, directeur des Études islamiques à l’Académie des sciences d’Iran.
En souhaitant la bienvenue aux participants, le cardinal Jean-Louis Tauran a souhaité que la rencontre les aide « à être des messagers de paix et de fraternité, en particulier à travers l’acceptation de toutes les personnes, comme frères et sœurs ».
Le cardinal est intervenu pour mettre en lumière les « points forts » de l’islam et du christianisme afin de « prévenir les conflits dans la société » par « l’acceptation de l’autre ».
Si l’altérité – ethnique, religieuse, culturelle, politique… – « peut être source de méfiance, de suspicion, de tensions et même de violence » à cause de la « peur de la différence », il existe cependant « de nombreuses ressources » dans les deux religions, qui « encouragent à accepter l’autre et à prévenir les conflits », a-t-il fait observer.
« Certains textes, hors de leur contexte historique, peuvent être compris d’une manière qui n’est pas toujours respectueuse de l’autre… Mais il y a d’autres textes, plus nombreux et avec plus d’autorité, qui appellent au respect de l’autre », a-t-il expliqué.
Pour le cardinal, « une des bases importantes de l’acceptation de l’autre est la conscience de l’unité de la famille humaine » : « elle est une dans son origine : Dieu ; une dans sa finalité : Dieu ; une dans ses besoins fondamentaux : l’air, l’eau, la nourriture, le vêtement, le logement, etc ; une dans ses aspects humains : la joie, la tristesse, l’espoir, le désespoir, la peur, etc. »
Partant de cette base commune, « les différences légitimes ne devraient pas être un motif de refus de l’autre, d’ignorance, de marginalisation, de persécution ou même d’élimination, comme en Irak et en Syrie », a-t-il estimé.
L’« acceptation » ne signifie pas « gommer les différences » ni « être d’accord avec tout ce que l’autre pense ou croit », a précisé le cardinal. C’est « respecter et accepter l’autre tant qu’il respecte les lois justes de l’État et les règles du vivre ensemble, inspirées par la sagesse et le bon sens ».
Cela implique « le respect de la liberté de la personne dans les questions liées à la conscience et la religion » : « L’autre ne doit pas être respecté seulement quand il me plaît ou tant qu’il reste dans mes paramètres. »
Le cardinal a déploré « le manque de respect pour la liberté religieuse dans certains pays à majorité musulmane », attitude qui est une « cause majeure de tensions entre les deux communautés ».
En ce sens, la réunion actuelle « est un signe d’espérance pour notre monde troublé. C’est un message à toute l’humanité, et surtout aux membres de la grande famille d’Abraham – juifs, chrétiens et musulmans », a-t-il déclaré.
Il a souligné par ailleurs le « droit des croyants à faire partie des différents aspects de la vie humaine : aspects sociaux, politiques, économiques et culturels. Être un croyant ne diminue pas la contribution au bien de la société. Au contraire, le croyant apporte à sa société un ensemble supplémentaire de valeurs qui contribuent au bien de toutes ses composantes », a-t-il affirmé.
Parmi les invités d’honneur à la rencontre : le métropolite Emmanuel de France, représentant du patriarcat œcuménique de Constantinople, le rabbin Abraham Skorka, recteur du Séminaire rabbinique latino-américain de Buenos Aires, représentant du judaïsme, et le cardinal Theodore McCarrick.
Les participants ont rencontré le pape François, qui les a encouragés à poursuivre le dialogue, « chemin de paix », ce mercredi matin, 3 décembre.